Editorial \ \

L’Allemagne fait cavalier seul

19 Mars 2010 \ 17:01

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19 Mars 2010 \ 17:01

Vous avez été nombreux à réagir au feuilleton de cette semaine entre la France et l’Allemagne. Les échanges à fleuret moucheté entre Mme Lagarde et Mme Merkel par tribunes interposées a il est vrai par moment frôlé le surréalisme. D’un côté Mme Lagarde demandant à notre partenaire d’Outre-Rhin de réviser sa politique économique intérieure, de l’autre Angela Merkel voulant sortir la Grèce du périmètre de la zone euro au nom de cette même croissance. Pire, Angela Merkel a étendu son anathème à « tous les pays de la zone euro qui ne remplissent pas les conditions du pacte de stabilité sur le long terme» Une éventualité évidemment peu probable, mais Angela Merkel joue sur de nombreux tableaux.

Sur le plan intérieur, la coalition bute sur la question fiscale et la chancelière doit préparer les élections à venir importante en Rhénanie-du-Nord Westphalie. Une bonne raison pour elle de monter au créneau et défendre l’efficacité du modèle Allemand et de ses exportations. Une bonne raison aussi pour ne pas aider la Grèce, vouée aux gémonies par l'opinion publique Allemande. Pour la chancelière, « un gouvernement économique européen doit s’aligner sur les Etats membres les plus rapides et les meilleur », donc sur l’Allemagne. Et tant pis pour la solidarité. Ce faisant, outre une courte mémoire, rappelons-nous le coût pour l’Europe de la réunification, la chancelière sait aussi qu’elle affaiblit un peu plus l’euro face au dollar, un moyen efficace de doper son principal levier économique : les exportations. Pour Merkel, le comble du bonheur serait que la Grèce ait recours au Fmi pour sortir son économie de l’ornière, ce qui donnerait aux Etats-Unis, le plus grand contributeur dufonds un droit de regard sur le fonctionnement de la zone euro, et par ailleurs affaiblirait d’autant plus l’euro. Une dévalorisation qui ferait certes le plus grand bonheur des exportateurs, mais au risque d’une implosion du système monétaire européen et des effets collatéraux sans doute mal mesurés.