L'agglomération marseillaise travaille sur la gestion intégrée du cycle de l'eau

Dans sa dernière publication, l'agence d'urbanisme de l'agglomération marseillaise (Agam) propose de tirer profit de l'eau, une des ressources qui permet d'aller vers une ville résiliente et agréable à vivre.

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L'agglomération marseillaise travaille sur la gestion intégrée du cycle de l'eau

C'est une première mouture d'une réflexion qui va conduire à la rédaction d'une orientation d'aménagement et de programmation (OAP) thématique sur la gestion intégrée du cycle de l'eau à ajouter dans le PLUI, du Pays d'Aubagne et de l'Etoile, un des six pôles de la métropole Aix Marseille Provence. Au sein de la métropole Aix Marseille Provence (AMP, 3 148 km², 92 communes, 1,8 million d'habitants), on se met à rêver de ville perméable.

L'intensité, ces dernières années, des épisodes climatiques alternant canicules et fortes pluies, a accéléré la prise de conscience de l'urgence à changer de paradigme pour gérer l'eau de pluie. En effet, captée et canalisée, celle-ci n'accomplit plus son cycle naturel en milieu urbain. D'une part, elle n'est plus restituée au sol. D'autre part, le système de réseaux enterrés (le «tout tuyau») concentre les flux et accélère la vitesse d'écoulement des eaux. En cas de pluies torrentielles, les sols sont lessivés et provoquent de fortes inondations. Le territoire a la chance de pouvoir compter sur un réseau dense de canaux assez exceptionnel lui amenant l'eau de la Durance et du Verdon. Mais avec le changement climatique, les tensions sur la ressource sont de plus en plus marquées. La ville perméable est une des solutions pour diversifier les sources d'alimentation en eau et réduire le risque de pénurie. En permettant à l'eau de pluie de s'infiltrer dans le sol, on pourra renouveler les masses d'eau souterraines aujourd'hui peu exploitées, dont certaines pourront servir à l'alimentation en eau potable.

De nombreux bénéfices

Dans son dernier Regards intitulé «Ville perméable, ville désirable. Quand l'eau refait surface », l'agence d'urbanisme de l'agglomération marseillaise (Agam) rend compte de ce constat et fait œuvre de pédagogie pour changer la donne. Agathe Miton, chargée d'étude principale Environnement et auteure de la publication, démontre ainsi que la «perméabilité des sols est l'une des clés pour repenser la ville autrement et la rendre plus durable et résiliente».

En clair, conserver l'eau et lui permettre de s'infiltrer a de nombreux bénéfices : «Par exemple, un aménagement simple mais bien pensé de l'espace public permet d'exploiter l'eau de pluie au profit de l'arrosage des sols et de la nature en ville avec comme bénéfice de lutter contre les îlots de chaleur et d'améliorer ainsi le cadre de vie», explique la chargée d'étude. «La pente et la gravité sont « des alliées » lorsqu'on nivelle les emprises imperméables de façon à ce qu'elles irriguent les sols perméables ou bien en ajourant les bordures d'un caniveau», poursuit-elle.

L'aménagement d'espaces « multifonctionnels » et le développement de «micros-stockages » est une autre solution préconisée par l'Agam. «A ce jour, pour gérer un risque pluvial, on construit de vastes bassins de rétention souterrains. Nous préconisons de remplacer progressivement ces ouvrages coûteux et monofonctionnels par de multiples micro-stockages à ciel ouvert. Ils peuvent être conçus de telle manière qu'ils servent à d'autres usages dans la ville : espaces de pratique sportive, jeux d'enfants, ronds-points, places, cœurs d'îlot», affirme Agathe Miton.

Parmi les autres solutions concrètes qui pourraient être mises en œuvre, elle cite les noues à « intégrer plus systématiquement » à l'échelle d'un aménagement de ZAC, d'un lotissement ou d'un parking, et l'exploitation de la cinquième façade : «Les toits des bâtiments sont en dernière ligne pour capter l'eau. Ils peuvent simplement être végétalisés, plantés à la manière d'un jardin, voire aménagés comme un petit bassin de rétention. En Méditerranée, il faudra bien sûr adapter la végétation», développe-t-elle.

OAP thématique

Encore faut-il disposer des outils réglementaires à l'instar de la loi Biodiversité de 2016 qui impose d'implanter de la végétation ou de la production d'énergie renouvelable sur tout ou partie des toitures de bâtiments commerciaux de plus de 1 000 m².

C'est ce à quoi travaille l'Agam. Sa publication est en fait le premier rendu d'une étude qui doit aboutir à la rédaction d'une orientation d'aménagement et de programmation (OAP) thématique sur la gestion intégrée du cycle de l'eau à intégrer dans le PLUI, en cours d'élaboration, du Pays d'Aubagne et de l'Etoile, un des six pôles de la métropole AMP (1).

«Plus souple et donnant plus de place à l'innovation, l'OAP est un bon outil pour aborder le pluvial de manière transversale. Nous avons ainsi l'ambition d'y aborder les questions d'alimentation en eau, d'irrigation, de nature en ville, celles du patrimoine lié à l'alimentation en eau : canaux d'irrigation, fontaines, aqueducs,…», précise Agathe Miton. «Elle est complémentaire au règlement et apporte une dimension opérationnelle, notamment pour les techniques alternatives», poursuit-elle.

Dans le calendrier établi avant le Covid-19, l'objectif était d'arrêter le projet de PLUI fin 2021 et de l'approuver fin 2022. Ensuite, l'objectif est de diffuser les principes de l'OAP sur l'ensemble du territoire métropolitain. Elle pourra comprendre des dispositifs comme le coefficient de biotope par surface (2).

Le Pays d'Aubagne et de l'Etoile n'a pas été choisi par hasard. Il en a effet déjà été le terrain de réflexions menées dans le cadre des Ateliers du territoire organisés en 2018 et 2019 par la direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement de Provence Alpes Côte d'Azur (Dréal Paca), la direction départementale des territoires et de la mer des Bouches-du-Rhône (DDTM 13) et l'agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse avec pour cadre trois sites au sein de la métropole AMP : l'écoquartier de Cou-doux (20 ha), la zone d'activité des Paluds (300 ha) à Aubagne et un tissu urbain mixte dans le sud d'Aix-en-Provence (300 ha).

La Ville d'après

Ces ateliers faisaient eux-mêmes suite à une disposition du schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux (Sdage) Rhône Méditerranée Corse qui fixe comme objectifs d'éviter, de réduire et de compenser les nouvelles imperméabilisations.

Tout ce cadre a servi de feuille de route à l'Agam, dont la publication sur la ville perméable est la première esquisse d'une réflexion plus large sur la « ville d'après ». A cet effet, alors que la première thématique de son Lab'Urbain, créé en 2019, a été les impacts du numérique sur la conception et l'usage de la ville (le «phygital»), elle a depuis réorienté ses travaux. Elle va désormais traiter des conséquences de la crise sanitaire sur l'urbanisme et nos usages de la ville.

L'Agam prévoit ainsi d'autres publications : sur les formes urbaines, le ZAN (zéro artificialisation net) visant à lutter contre l'étalement urbain, la nature en ville…

Elles composeront une série ayant pour point commun la Ville résiliente qui résonne d'autant plus dans le contexte particulier que nous vivons.

(1) Le coefficient de biotope par surface (CBS) permet d'imposer une part minimale de surfaces éco aménagées et non imperméables à l'échelle de la parcelle. Un coefficient différent est défini pour chaque dispositif ou revêtement : toiture végétalisée, espace vert sur dalle, gravier… Il qualifie leur efficacité en matière de capacité de rétention et de biodiversité, en référence à un équivalent pleine-terre (coefficient = 1). Plusieurs solutions peuvent donc être combinées pour atteindre l'objectif fixé dans le document d'urbanisme.

(2) Les six conseils de territoire, qui composent AMP, sont l'émanation des anciens EPCI : Pays d'Aix, Pays d'Aubagne et de l'Etoile, Pays Salonais, Marseille Provence, Istres Ouest Provence, Pays de Martigues.

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