L'aéronautique va sacrifier l'innovation de rupture sur l'autel de la réduction des coûts
Selon l’étude du cabinet Roland Berger, les industriels de l’aéronautique, de la défense et du spatial, la réduction des coûts est une des priorités.
Dans les dix prochaines années, l’innovation des secteurs aéronautique, spatial et défense, sera plus une innovation incrémentale que de rupture. C’est la conviction de 64 % des quelques 100 managers interrogés dans près de 70 groupes du secteur de par le monde par le cabinet de consultants Roland Berger.
Pour 91 % des personnes interrogées par le cabinet de consultants, l’innovation sera un facteur important pour réussir dans la prochaine décennie, mais elle devrait servir en priorité à répondre à des objectifs opérationnels, notamment la réduction des coûts. Et pas forcément par des grands programmes du type A380, A350 ou 787 Dreamliner qui se sont multipliés depuis le début des années 2000.
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Valeur des produits et réduction des coûts
L’innovation devrait être aussi beaucoup centrée sur l’amélioration de l’usage pour le clients notamment dans l’aéronautique, et pas seulement sur les technologies. "C’est notamment quelque chose de très marqué chez Airbus", indique-t-on chez Roland Berger. Ainsi, à la question des priorités en matière d’innovation, un quart des personnes interrogées estime qu’elle doit améliorer la valeur des produits et services pour leurs clients. Un autre quart estime que la réduction des coûts est prioritaire. L’innovation doit permettre également, pour 17 % des personnes sondées, de réduire le développement ("time to market") des produits.
"L’innovation viendra de plus en plus des plateformistes et des grands équipementiers de rang 1, explique Jérôme Rein, associé. Sur ces derniers, comme Safran ou Zodiac, il y a de grosses attentes après les opérations de croissance externes qu’ils ont réalisées ces derniers mois ou années".
l’innovation de rupture devient quasiment non-rentable
"Les acteurs qui réussissent actuellement le mieux sont ceux qui mixent l’innovation de rupture et l’innovation incrémentale, comme par exemple les motoristes, explique Philippe Plouvier, chef du bureau Aerospace et Défense du cabinet de consultants. Dans le domaine des avions de combat, l’innovation de rupture devient quasiment non-rentable ! Les acteurs n’arrivent plus à financer les nouveaux avions avec les volumes vendus. Et dans le secteur civil, tant qu’il n’y aura pas un acteur russe ou chinois pour déstabiliser Airbus et Boeing, ces deux opérateurs n’auront pas intérêt à prendre des risques à faire de l’innovation de rupture". "Les managers de Boeing et Airbus seraient-ils prêts à faire aujourd’hui ce qu’ils ont fait il y a plusieurs décennies pour le premier avec le 707 à réaction, et pour le second dans les années 80 avec l’arrivée des commandes électriques ?" questionne quant à lui Jérôme Rein. Plus forcément, semble répondre l’étude.
Patrick Déniel
L'aéronautique va sacrifier l'innovation de rupture sur l'autel de la réduction des coûts
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