L'abattoir Tilly-Sabco risque le défaut de paiement
L'Etat cherche des solutions pour éviter la chute de l'abattoir de Guerlesquin (Finistère), soumis au strict respect de son plan de continuation accordé par le tribunal de commerce de Morlaix (Finistère).
Roger Waite, le porte-parole de la Commission européenne pour les questions agricoles a précisé le 5 novembre que "le secteur volailles européen fonctionne bien". Il n'est donc pas question de rétablir le système des restitutions (subventions) versées pendant des décennies aux entreprises bretonnes Doux et Tilly-Sabco pour les aider à vendre leurs poulets congelés au Moyen-Orient. Entre 2003 et 2013, la Commission européenne a versé 887 millions d'euros pour soutenir les exportations de volailles dont 767 millions d'euros partagés entre Doux et Tilly-Sabco. Elle a définitivement stoppé les restitutions en juillet.
Plus de subvention régulière
Pour sortir de la mauvaise passe dans laquelle elle est engagée, l'entreprise Tilly- Sabco basée à Guerlesquin (Finistère) va devoir trouver d'autres accompagnements financiers, mais il y a urgence. Stéphane Le Foll, le ministre français de l'Agriculture, rencontrera à Bruxelles le 22 novembre le commissaire européen à l'Agriculture Dacian Ciolos. Une intervention européenne n'est pas exclue mais elle sera tout à fait ponctuelle et uniquement dédiée à la modernisation de la filière, en complément d'aides nationales éventuelles. Il n'est plus question de verser une subvention régulière ni à Doux, ni à Tilly-Sabco qui risque donc d'être confronté à de très importantes difficultés financières.
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Doux est également dans une situation très fragile et va présenter son plan de continuation le 26 novembre au tribunal de commerce de Quimper. Quant à la société Tilly-Sabco, qui avait déposé le bilan en 2006, elle bénéficie depuis 2007 d'un plan de continuation accordé par le tribunal de commerce de Morlaix. Celui-ci avait été négocié par Unicopa, aujourd'hui disparu, qui était à l'époque son principal actionnaire.
Risque de liquidation pour Tilly-Sabco
L'abattoir de Guerlesquin, entière propriété de Daniel Sauvaget depuis 2011, doit absolument respecter les échéances financières mensuelles pour le remboursement de ses différents créanciers. Un défaut de paiement lui ferait risquer la liquidation. L’an dernier, Tilly-Sabco a réalisé un chiffre d'affaires de 136,2 millions d'euros et dégagé 2 millions d'euros de résultat net. L'exercice 2013 sera déficitaire, mais on ne connaît pas le niveau de la perte. L'an dernier, les fonds propres de l'entreprise atteignaient 13,3 millions d'euros pour 6,4 millions d'euros de dettes.
Stéphane Le Foll aurait précisé au dirigeant de Tilly-Sabco que l'Etat cherchait une solution pour ses besoins immédiats de trésorerie. Daniel Sauvaget a, d’ores et déjà, indiqué qu’il envisageait de stopper son activité d'abattage de volailles le 4 janvier 2014. Celle-ci représente 90 % de ses ventes. 40 % du personnel est aujourd’hui en chômage partiel. Une solution fiable doit être trouvée avant les fêtes de fin d'année. Il est difficile de mesurer l'état d'avancement du dossier puisque Daniel Sauvaget n'est plus joignable.
La fin des restitutions prévisible depuis des années
Les 360 salariés de Tilly-Sabco, dont certains ont manifesté le 4 et le 5 novembre, ont décidé de reprendre le travail le 6 novembre mais restent dans l'expectative. Pierre Maille, le président (PS) du conseil général du Finistère, reproche à Tilly-Sabco et à son voisin finistérien Doux de ne pas avoir "anticipé" cette suppression des restitutions qui était annoncée depuis des années. Daniel Sauvaget rétorque qu'il s'y préparait mais qu'il a manqué de temps pour se diversifier. Son unité de production de saucisses à base de volailles, dans laquelle 4 millions d'euros d'investissements ont été effectués récemment, emploie 45 salariés. Les 300 salariés restants dépendent des marchés du Moyen-Orient !
Effet domino
Tous les acteurs bretons de la filière volaille savaient depuis plus d'une décennie que les restitutions étaient en suspens. Tilly-Sabco et Doux ont joué la facilité et n'ont pas déployé de réelle stratégie de diversification. Les conséquences sont aujourd'hui très lourdes et mettent à mal l'ensemble d'une filière. Il se dit que 1 000 emplois sont menacés.
La coopérative Nutréa basée à Languidic (Morbihan) qui approvisionne en aliments et en poussins une partie des 300 élevages de volailles partenaires de Tilly-Sabco est l'une des premières victimes. Un comité d'entreprise extraordinaire se réunira le mardi 12 novembre au siège de cette entreprise. 60 des 430 emplois de Nutréa risquent de disparaître.
Les autres acteurs de la filière font le gros dos, mais devraient aussi annoncer des plans de restructuration dans les prochaines semaines. Le port de commerce de Brest (Finistère) souffre également de cette situation.
Stanislas du Guerny
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