L'impasse budgétaire à Washington plombe Wall Street
NEW YORK (Reuters) - Le blocage des négociations budgétaires aux Etats-Unis et, surtout, les inquiétudes qui se font plus vives sur le plafond de la dette ont pesé sur Wall Street jeudi, où l'indice Standard & Poor's 500 a subi une neuvième baisse en 11 séances.
Des déclarations rassurantes de John Boehner, le président de la Chambre des Représentants, ont cependant permis aux indices de réduire leurs pertes même s'ils ont brièvement piqué du nez à l'annonce d'une fusillade aux abords du Capitole, le bâtiment qui abrite le Congrès.
L'indice Dow Jones des 30 industrielles a enfoncé le seuil symbolique des 15.000 points pour finir à 14.996,48, en baisse de 136,66 points ou 0,90%. Le S&P-500, plus large, a cédé 0,90% également à 1.678,66 et le Nasdaq Composite a reculé de 1,07% à 3.774,34 points.
En séance, le Dow est descendu jusqu'à 14.947 points et le S&P a touché un point bas de 1.670 points, sous sa moyenne mobile des 50 jours (1.679,88) qui constitue un important niveau technique.
L'indice CBOE de la Volatilité - surnommé le baromètre de la peur à Wall Street - est revenu en clôture à 17,65, en hausse de 6,2% tout de même, après avoir atteint en séance un plus haut depuis juin à 18,71.
Alors que les services fédéraux non essentiels sont fermés depuis mardi faute de budget, aucun terrain d'entente n'est en vue entre républicains et démocrates. Les investisseurs redoutent que cette impasse compromette les négociations sur le relèvement du plafond de la dette de l'Etat fédéral d'ici le 17 octobre, date-butoir fixée par le gouvernement pour parvenir à un accord et éviter un inimaginable défaut des Etats-Unis.
Dans l'après-midi, les indices ont réduit leurs pertes en réaction à une information du New York Times selon laquelle John Boehner a affirmé à ses collègues représentants qu'il ne laisserait pas les Etats-Unis faire défaut sur leur dette.
Interrogé par Reuters, un porte-parole du président républicain de la Chambre n'a que partiellement confirmé ces propos, affirmant qu'il manquait encore des voix pour voter un relèvement en l'état.
"Le fait est qu'on se rapproche jour après jour de ce problème du relèvement du plafond de la dette et c'est là la vraie source d'inquiétude", dit Randy Frederick, chez Charles Schwab à Austin (Texas).
"Le marché a jusqu'ici plutôt bien résisté aux précédentes fermetures des services fédéraux, mais il a perdu 17% pendant l'été 2011 jusqu'au vote du relèvement du plafond de la dette".
Dans la journée, le président Barack Obama a de nouveau exhorté les républicains à mettre fin à leur coup de force en procédant à un vote sur la loi de financement.
Denis Lockart, le président de la Fed d'Atlanta, a déclaré que le "shutdown" - la fermeture des services fédéraux - aurait un impact sur la croissance au quatrième trimestre et a ajouté que la décision de la Fed de maintenir ses mesures de soutien à l'économie était justifiée a fortiori par l'impasse actuelle.
TESLA DÉRAPE
Les 10 indices sectoriels S&P ont baissé à l'unisson, le plus affecté étant celui des "utilities" avec un recul de 1,24%. Les groupes de services aux collectivités étant de gros émetteurs de dette, ils sont perçus comme vulnérables à une éventuelle remontée des taux d'intérêt à long terme.
"Si Capitol Hill (le Congrès) perd la tête et ne trouve pas de solution pour le plafond de la dette, on risque une crise des marchés de la dette avec une envolée des coûts de financement", dit Warren West, de Greentree Brokerage Services à Philadelphie.
L'indice sectoriel des industrielles (-1,1%) a également marqué le coup avec, entre autres, un recul de 2,2% de Boeing.
Sur le Nasdaq, le constructeur de voitures électriques Tesla a encore baissé de 4,2%, après déjà une chute de 6% mercredi, en réaction à la mauvaise publicité causée par l'incendie de la batterie d'une de ses Model S.
L'annonce d'une croissance plus faible que prévu dans le secteur des services aux Etats-Unis a contribué à la tendance négative même si le bras de fer entre Républicains et Démocrates sur le budget a poussé au second plan les indicateurs économiques. L'indice d'activité dans les services est retombé à 54,4 le mois dernier après être monté en août à 58,6, non loin d'un plus haut de huit ans, a annoncé l'association ISM des directeurs d'achat.
La statistique des créations d'emplois de septembre, qui devait être publiée vendredi, a été reportée à une date non précisée.
Julia Edwards, Véronique Tison pour le service français