L'Asie affectée par une conjoncture mondiale atone
par Sumanta Dey
BANGALORE (Reuters) - Le ralentissement des économies asiatiques persistera sans doute cette année, une croissance mondiale atone et les réformes en cours dans nombre de pays constituant une entrave à l'activité, montre une enquête Reuters publiée jeudi.
Mais l'année prochaine semble plus prometteuse, surtout pour Taiwan, la Thaïlande, Singapour et la Corée du Sud, grâce surtout à une reprise espérée de l'économie des Etats-Unis.
Certains éléments propres aux Etats-Unis sont aussi propres à grever la croissance asiatique cette année: la confrontation parlementaire sur l'épineux sujet du relèvement du plafond d'endettement et l'incertitude quant au calendrier du dénouement de la politique accommodante de la Réserve fédérale.
Des questions d'autant plus importante que les économies asiatiques se reposent essentiellement sur le dollar pour financer leurs échanges et qu'elles sont subi successivement des afflux massifs de capitaux puis des sorties tout aussi massives lorsque la Fed a fait part de son intention, en mai, de réduire progressivement ses rachats d'actifs.
Les estimations de la croissance de 2013 de neuf pays asiatiques n'ont pas varié ou ont été revues en baisse, dans cette enquête auprès de 250 économistes réalisée du 18 au 23 octobre, l'Inde, la Malaisie et Taiwan supportant l'essentiel des révisions vers le bas.
Pour la Chine, la croissance de 2013 est attendue à 7,6%, soit plus que la projection officielle de 7,5%, avant de fléchir l'an prochain en raison de réformes structurelles destinées à asseoir la croissance davantage sur la demande intérieure et moins sur l'exportation.
"La croissance de la Chine s'est surtout reposée sur l'industrie lourde et tranche d'avec les principes exposés récemment par ses dirigeants, à savoir qu'un taux de croissance plus bas est acceptable pour autant qu'il assure une croissance de meilleure qualité à l'avenir", commente Zhiwei Zhang, économiste de Nomura à Hong Kong.
L'Inde quant à elle connaîtrait cette année sa croissance la plus molle depuis le début du siècle, les incertitudes entourant des élections qui auront lieu en 2014 dissuadant les investisseurs et affectant le sentiment et la demande.
La projection de 4,7% de croissance sur l'exercice 2013/2014 constitue la sixième révision à la baisse de l'enquête.
"Malheureusement, nous pensons que le ralentissement n'est pas terminé, ce qui présente de nouvelles difficultés pour les autorités qui tentent de maîtriser l'inflation, de stabiliser la monnaie et de déclencher une reprise de la croissance", observe Frederic Neumann, économiste de HSBC.
Wilfrid Exbrayat pour le service français