La cession de cette ancienne activité d’Arkema devait se faire sans bruit. C’est raté. Dans les mains de Gary Klesch, le dossier Kem One est en train d’exploser. Arnaud Montebourg est attendu au tournant.
L’aciérie d’ArcelorMittal à Florange, la papeterie M-Real d’Alizay, l’usine Rio Tinto Alcan de Saint-Jean-de-Maurienne… Et maintenant Kem One au niveau de l’étang de Berre. Pour Arnaud Montebourg, les missions de sauvetage se suivent et ne se ressemblent pas. Le "dossier" Kem One a surgi ces dernières semaines contre toute attente. Son origine : la volonté du groupe Arkema de se défaire de ses activités dans le PVC, trop cyclique, pas assez rentable. La transaction opérée l’été dernier entre le chimiste et le groupe Klesch concerne 1 800 salariés répartis sur dix sites industriels. Elle était promise à un écho médiatique réduit.
Puis Gary Klesch est sorti du bois. Lundi 4 mars, il attaque le chimiste français devant un tribunal arbitral pour "fausses informations" et réclame 310 millions d’euros de dommages et intérêts. Son attaque est brutale. Elle étonne le staff d’Arkema qui n’avait pas vu le coup venir, quelques jours seulement après la présentation des bons résultats du groupe pour 2012. Suite à la transaction, Gary Klesch hérite pourtant d’une activité sans dette et forte d’une trésorerie de 100 millions d’euros. "Arkema a refusé de négocier avec nous, déclare à L’Usine Nouvelle l’homme d’affaires américain. Je ne sais pas combien de temps encore Arkema va continuer à nier la situation."
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C’est le secteur de la chimie qui tremble
S’ensuit une joute verbale par communiqués de presse interposés. Le dernier date du 27 mars : Arkema rejette toute responsabilité dans le dossier. "Arkema précise que la situation créée aujourd’hui est un acte unilatéral du groupe Klesch qui a pris la décision de séparer les deux activités amont (Kem One SAS) et aval (Kem One Innovative Vinyls SAS) et de ne pas mettre en place les financements et garanties prévus." Le même jour, une partie du groupe Kem One est placée par le tribunal de commerce de Lyon en redressement judiciaire avec une période d’observation de six mois.
Au centre de la bataille, 1 300 salariés directement concernés par le risque de dépôt de bilan, dans les activités amont du groupe, qui compte au total 1 800 salariés. En réalité, les conséquences sociales et industrielles pourraient être bien plus dramatiques. C’est la raison pour laquelle Kem One doit être placé en haut de la pile des dossiers du ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg. Il a justement déclaré mercredi 27 mars vouloir trouver des solutions pour "assurer l’avenir de la chimie vinylique". Mais c’est bien le secteur de la chimie dans son ensemble qui tremble…
Le risque de l’effet domino
Les sites de Kem One se situent dans le complexe industriel ultra-dense de l’étang de Berre. Sur place, on retrouve des pétroliers (Total, Esso, Ineos…), des acteurs de la chimie de base (Kem One donc, mais aussi Air Liquide, Naphtachimie, LyondellBasell, Nova Chemicals…) et d’innombrables industriels aval dans la parachimie, les savons, les produits d’entretien, la pharmacie, la plasturgie… Environ 12 000 emplois directs et peut-être le double d’emplois indirects. Un maillage industriel dense où chaque acteur possède des intérêts croisés avec les autres.
La crainte des syndicats ? Un effet domino : dans sa chute, Kem One ferait couler le reste de l’écosystème, déjà fragilisé par les difficultés structurelles de la pétrochimie française. La raffinerie de LyondellBasell de Berre est d’ailleurs toujours à l’arrêt. La faiblesse de la demande des secteurs cruciaux que sont l’automobile et la construction n’arrange rien. Sans compter l’accident intervenu fin 2012 sur le vapocraqueur de Naphtachimie à Lavéra, qui réduit l’offre… Le "dossier" Kem One dépasse donc largement les usines de ce groupe. Il concerne l’avenir d’un pan entier de la chimie en France, déjà fortement malmenée ces dernières années.
Olivier James
Depuis début 2021, Olivier est grand reporter, spécialisé dans l’aéronautique et la défense, au sein de L'Usine Nouvelle. Il assure le suivi de ce secteur depuis 2013 pour le magazine, analysant aussi bien les stratégies des grands groupes que l’émergence des technologies de pointe. Entré à L’Usine Nouvelle en 2008, il était alors en charge de la chimie, des matériaux, de la construction et de l’emballage. Titulaire d’une maîtrise de Physique et du diplôme de journaliste et scientifique de l’ESJ Lille, Olivier avait travaillé auparavant pour l’agence de presse Alias Presse et collaboré pour Science & Vie, Courrier Cadres et 01 Informatique.
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