Jean-Luc Mélenchon décrypte le chiffrage de son programme sur YouTube (et ça dure plus de cinq heures)
Jean-Luc Mélenchon a présenté le 19 février le chiffrage de son programme lors d’une émission-marathon de 5h30, en direct sur YouTube. Un programme de relance financé temporairement par la dette qui doit, selon le candidat de La France insoumise, aboutir au terme du quinquennat à une réduction du taux de chômage à 6,2% de la population active (contre 9,7% actuellement), à une réduction de la dette de 98% à 87% du PIB, et à une croissance de deux points de PIB dès 2018.
Mis à jour
20 février 2017
Jean-Luc Mélenchon a tenu à crédibiliser son programme économique en déroulant, plus de cinq heures durant, le financement des mesures annoncées. Si l'on en croit cette démonstration, le solde sera positif au terme du quinquennat - 190 milliards d’euros de recettes et d’économies pour financer 173 milliards de dépenses. C'est sans compter le plan d'investissement de 100 milliards. Côté dépenses, la lutte contre la pauvreté et un retour à la retraite à 60 ans pour tous représentent les postes de dépenses les plus importants, devant l’éducation, la culture, la recherche et les hausses de salaires. En face, la relance économique induite par la hausse des salaires doit rapporter 55 milliards d’euros de surplus fiscal. Une relance complétée par la suppression des niches fiscales (38 milliards), de nouveaux prélèvements obligatoires (33 milliards) et la lutte contre l’évasion fiscale. Le CICE et le pacte de responsabilité, supprimés, seront remplacés par un système de solidarité inter-entreprises, financé notamment par une augmentation de la contribution additionnelle sur les dividendes. Pour Jean-Luc Mélenchon, "le CICE a créé à peine 100 000 emplois" pour un coût de 21 milliards, soit "un coût mensuel par emploi de 15 000 euros".
Le Smic à 1326 euros et un salaire maximum à 20 fois le salaire médian
Nous augmenterons les salaires ! Voilà pourquoi. Voilà comment. Partagez ! #JLMChiffrage pic.twitter.com/nvH1z1Ofhq
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 19 février 2017
Le salaire minimum serait augmenté de 15% pour être porté à 1326 euros net par mois. Pour aider les TPE et PME à financer cette hausse, le candidat propose des aides sous forme de prêts à taux zéro et un raccourcissement des délais de paiement des sous-traitants. Un fonds de solidarité inter-entreprises répartira la charge des contributions sociales, allégeant leur poids de 24 milliards pour les TPE et PME. Et une baisse de l’impôt sur les sociétés de 33% à 25% est prévue pour les entreprises de taille réduite et peu financiarisées. Celles-ci doivent, enfin, bénéficier de la relance de la consommation liée à la hausse des salaires, soit 6 milliards de pouvoir d’achat supplémentaire rien que pour les salariés au Smic. Quant au salaire maximal, il ne devra pas dépasser 20 fois le salaire médian. Pour les TPE et PME, Jean-Luc Mélenchon affirme que cela ne changera pas grand-chose, le salaire patronal moyen étant de 4 000 euros.
La retraite à 60 ans et 40 annuités de cotisations pour tous
Comment financerons-nous la retraite à 60 ans à taux plein ? Voici le détail #JLMChiffrage https://t.co/FBzTZCzP6i pic.twitter.com/yETjjOwbY5
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 19 février 2017
Qu’est-ce que le "protectionnisme solidaire" ?
Jean-Luc Mélenchon prône l’établissement de taxes sur les produits importés, notamment en provenance des pays qui ne respectent pas les droits sociaux (travail des enfants, esclavage, interdiction du syndicalisme…) et ceux qui seront considérés comme "néfastes" (acier à bas coût, pesticides, huile de palme…) Taxes qui seront modulées "en fonction des conditions sociales de production". Une "éco-taxe kilométrique, en fonction de la distance parcourue par les produits" doit rapporter un milliard d’euros.
14 tranches d’imposition et un "impôt différentiel"
L'impôt différentiel que nous proposons existe déjà. Ce sont les USA qui utilisent ce système. #JLMChiffrage https://t.co/FBzTZCzP6i
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 19 février 2017
La "justice fiscale" que prônent Jean-Luc Mélenchon et son parti de la France insoumise passe par deux mesures phares : une imposition plus incrémentale, en multipliant le nombre de tranches de revenus (qui passeraient de 5 à 14 taux), et un "impôt différentiel", ou "impôt universel" tel que l’appliquent les Etats-Unis pour éviter l’évasion fiscale. En clair, un citoyen français domicilié fiscalement à l’étranger serait contraint d’effectuer une déclaration fiscale également en France, et de payer au fisc français la différence entre le montant payé dans son pays de résidence et celui qu’il aurait eu à payer en France s’il y était établi.
Sécurité sociale : 100% des soins prescrits remboursés
SANTÉ - Le 100% remboursé c'est possible et en plus, ça rapporte ! La preuve. Partagez ! #JLMChiffrage #Santé pic.twitter.com/WwrXCaJQeR
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 19 février 2017
Dans le projet de Jean-Luc Mélenchon, 100% des soins prescrits seront remboursés, en réintégrant les mutuelles dans la sécurité sociale. En ce qui concerne la protection sociale, la "sécurité sociale intégrale" défendue par La France insoumise doit fournir à chacun la continuité de ses droits à indemnisation, dès le premier jour (y compris pour les démissionnaires). En cas de chômage longue durée, des contrats coopératifs dont le coût total est estimé à 6,4 milliards d’euros en fin de mandat feront de l’Etat l’employeur en dernier ressort. Les indépendants et petits patrons ne sont pas oubliés, avec une possibilité offerte de "rejoindre le régime général" au lieu du RSI, très largement décrié par ses contributeurs.
3 millions d’emplois créés, dont 2 millions dans le secteur marchand
Nous voulons recruter 60 000 enseignants en 5 ans et revaloriser les salaires. #JLMChiffrage https://t.co/FBzTZCzP6i pic.twitter.com/PgZaYRDp11
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 19 février 2017
Outre des recrutements massifs dans la fonction publique – 60 000 enseignants, 52 000 soignants, 10 000 policiers et gendarmes, 5 000 douaniers, 18 000 magistrats et greffiers, etc - Jean-Luc Mélenchon compte sur la création de 2 millions d’emplois dans le secteur marchand, dont 300 000 dans l’agriculture écologique et paysanne, à laquelle seront réservés les crédits de la Politique agricole commune (PAC).
La France insoumise défend également une forte augmentation des moyens alloués à la recherche, soit 5000 postes et 2,4 milliards d’euros de financements. Le programme prévoit une meilleure diffusion des résultats de ces recherches, avec un accès gratuit aux articles scientifiques.
100 milliards pour faire face à l’urgence sociale et écologique
Nous voulons faire un plan d'investissement de 100 milliards € pour faire un choc d'investissement. #JLMChiffrage https://t.co/FBzTZCzP6i pic.twitter.com/YknqQ8ctVH
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 19 février 2017
Le plan de relance de l’économie est chiffré à 100 milliards d’euros, dont 45 milliards dans l’urgence sociale pour éradiquer la pauvreté et 50 milliards dans la transition énergétique. 25 milliards seront dédiés au développement des énergies renouvelables, 20 milliards à l’isolation thermique de 700 000 logements, et 5 milliards à un ambitieux plan ferroutage. L'économiste Jacques Généreux, soutien de Jean-Luc Mélenchon, rappelle à bon escient le mea culpa du FMI sur les politiques d’austérité qu’il a longtemps défendues, alors que "1 euro d’argent public investi dans l’économie réelle génère 2 à 3 euros d’activité et de recettes publiques". Un calcul fait sur des pays en développement et des économies en récession plutôt que sur des économies du profil de celle de la France, où le coefficient multiplicateur est nettement moindre, selon certains économistes.
Pour visionner les 5h26 d’émission de présentation du programme de Jean-Luc Mélenchon, c’est ici.
Jean-Luc Mélenchon décrypte le chiffrage de son programme sur YouTube (et ça dure plus de cinq heures)
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