"Les salariés qui ont été mieux chez eux qu'au bureau ne voudront pas d'un statu quo", estime Philippe Paré (Gensler France)
Philippe Paré est le directeur général de Gensler France. La filiale de l'agence mondiale d'architecture et de design a récemment produit une vaste enquête sur les attentes des salariés, notamment en France, pour les bureaux de l'après Covid. Ses réponses à nos questions sont d'autant plus intéressantes qu'avant de diriger le bureau français, il a travaillé durant de nombreuses années en Californie, notamment pour le monde de la tech. Le future of work, il y a ceux, nombreux, qui en parlent et ceux qui le font déjà.
L’Usine Nouvelle - Vous avez publié une étude sur le rapport des employés au bureau à l’heure de la pandémie. Vous êtes aussi architecte. A ce titre, vous construisez et aménagez des espaces tertiaires depuis plusieurs années. Diriez-vous que le Covid et le télétravail changent en profondeur les attentes de vos clients ? Allons-nous vivre une rupture ou restons-nous sur la même tendance ?
Philippe Paré - Nous sommes plus face à une évolution qu’à une révolution. On observe une accentuation des tendances en cours, davantage qu’une révolution qui viendrait balayer toutes nos certitudes. C’est une accélération plutôt qu’un grand chamboulement. Le confinement et ses suites ont montré qu’il était possible de travailler à distance, mais on a aussi perçu les avantages du travail en présentiel, le rôle joué par le bureau. Nous ne sommes plus à considérer comme certains à l’issue du premier confinement que le télétravail va tout remplacer, qu’il le peut. Le regard est désormais plus équilibré, nuancé. Les entreprises et les employés vont chercher à trouver un équilibre qui offre à ces derniers davantage de flexibilité, comme ils le demandent, sans que cela nuise au besoin de collaborer dans l’entreprise.
La valorisation du lieu de travail en France est plus marquée qu’ailleurs.
L’étude que vous avez publiée est internationale. Y a-t-il une spécificité française eu égard à ces enjeux ?
Nous avons interrogé des personnes en France, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis et en Australie et observé des différences d’un pays à l’autre. Dans le cas de la France, ce qui a retenu notre attention c’est que les employés sont plus attachés à la présence que dans d’autres pays. La valorisation du lieu de travail y est plus marquée qu’ailleurs. On a vu des salariés continuer à venir travailler malgré la pandémie. Plus qu’ailleurs, les français étaient prêts à prendre des risques pour venir sur leur lieu de travail.
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