[Itw management] "La notion de talent synthétise l’évolution de l’économie et de sa partie la plus innovante, la plus créative", analyse Jean-Laurent Cassely
Avec la sociologue Monique Dagnaud, Jean-Laurent Cassely a écrit "Génération surdiplômée" aux éditions Odile Jacob, une passionnante plongée dans les 20 % d'une génération qui obtiennent les plus hauts diplômes. Leur travail s'attache aussi bien à leurs carrières, aspirations, cultures ou modes de vie. Dans l'interview qu'il nous a donnée, nous avns d'abord évoqué leur rapport au travail et à l'entreprise.. et même un peu parlé politique. Les 20 % qui ont "fait" l'élection d'Emmanuel Macron lui seront-ils fidèles ?
L'Usine Nouvelle. - Votre ouvrage écrit avec Monique Dagnaud, "Génération surdiplômée", commence avec un chapitre intitulé “tu seras un talent mon fils”. Que dit ce terme sur l'identité de ceux que vous appelez les 20 %, soit les surdiplômés ?
Jean-Laurent Cassely. - Monique Dagnaud et moi avons écrit sur la place et le rôle qu’occupent les plus diplômés dans la société, les 20% dotés d’un Master universitaire ou d’un diplôme de grande école, qui n’ont jamais été aussi nombreux. Nous avons ausculté ce groupe que nous appelons les surdiplômés sous tous les angles : leur parcours de vie, leur cursus, le travail, les modes de vie ou encore le rapport à la politique... A l’origine de cet ouvrage se trouvent nos observations dans les lieux d’innovation que nous connaissons bien, ma co-auteure et moi, des univers au sein desquels on ne croise généralement que des hauts diplômés. Nous avions l’intuition que ce qu’on attendait des profils de premiers de la classe avait changé. On n’attendait plus des cadres obéissants et scolaires mais plutôt des gens curieux, capables de remise en cause, d’apprendre par eux-mêmes, ce qu’on recoupe sous l’appellation des savoir-être. La notion de talent raconte, synthétise l’évolution de l’économie et de sa partie la plus innovante, la plus créative.
Le talent ne ressemble pas à l’ingénieur-cadre des années 1970-1980, il travaille plutôt en petite équipe comme chef de projet, il possède une forte expertise technique mais il sait aussi animer une réunion, un séminaire... L'exemple le plus extrême du livre est une influenceuse yoga, qui a fait de brillantes études, étudié et travaillé à l’étranger. Avec elle, ce que nous montrons c’est qu’un talent contient toujours une dimension “réalisation de soi” ou “recherche d’impact”.
Quand on parle de savoir-être, on pourrait croire qu’il se substitue au diplôme. Il n’en est rien à vous lire : il faut le diplôme et les savoir-être.
Oui. Les deux vont de pair.
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