[Interview management] "Les salariés sont un actif essentiel de l’entreprise, pas seulement un coût" assure Axelle Ricour-Dumas (Fabernovel)
Convaincu que la révolution digitale oblige à revoir le calcul de la valeur, Fabernovel continue d'étudier comment intégrer de nouveaux éléments à l'estimation de la création de valeur. Après la prise en compte des clients, le cabinet de conseil s'est penché sur les salariés. Axelle Ricour-Dumas, associée chez Fabernovel en charge du conseil en stratégie et de la valorisation de l’innovation, nous explique pourquoi et comment intégrer les salariés, exemples à l'appui.
Mis à jour
L’Usine Nouvelle. - Pourquoi des financiers en viennent à s’intéresser aux Ressources humaines ? Ce sont a priori deux mondes différents ?
Axelle Ricour-Dumas. - Cette étude s’inscrit dans une démarche plus globale que nous menons chez Fabernovel. Nous sommes persuadés que la révolution digitale est une aussi une révolution de la création de valeur, une redéfinition de celle-ci. On le voit déjà aujourd’hui, les flux financiers actuels sont déconnectés de la valeur des entreprises. Deux entreprises qui produisent des flux différents peuvent avoir des valorisations différentes, car ce qui compte c’est la potentialité du business model.
Pour cela, il faut intégrer de nouveaux éléments. Nous avons publié un premier travail sur les clients, et maintenant nous nous intéressons aux salariés. Il reste d’autres éléments à étudier comme l’écosystème de l’entreprise, l’impact environnemental et sociétal, les technologies…
Qu’avez-vous appris avec cette étude ?
Nous sommes en présence d’un énorme paradoxe pour ne pas dire une contradiction. D’un côté, toutes les entreprises ou presque parlent de guerre des talents. Mais finalement très peu ont vraiment fait le pivot dans ce domaine. Elles continuent d’utiliser de vieux outils, tout en tenant des discours sur le caractère nouveau de la situation. Il faut du temps pour tout revoir, s’adapter. Cela est nécessaire car les salariés sont un actif essentiel de l’entreprise, pas seulement un coût. Cela est vrai pour les start-up qui ont réussi, c’est souvent grâce à la qualité de leurs RH, mais aussi pour les entreprises classiques. Elles doivent changer, et pour cela, la capacité de conduite du changement dépend très largement de l’aptitude à mettre en mouvement une équipe. La réussite de la révolution digitale dépend largement des ressources humaines.
Diriez-vous qu’on a, pardon pour l’anglicisme, du RH washing comme on a du green washing, on dit que les salariés sont importants et on retourne aux affaires courantes ?
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