Institut pour la transition énergétique : Ifmas prend son essor
Paru dans Formule verte n°26 . Créé fin 2012, l’Institut français des matériaux agro-sourcés (Ifmas) est entré dans sa phase opérationnelle. Avec 32 projets collaboratifs en cours, un nouvel appel à projets et le développement d’une offre de prestations de services, la société privée vise désormais l’enregistrement d’un premier chiffre d’affaires.
Il aura fallu trois ans à l’Institut français des matériaux agro-sourcés pour entrer dans sa phase opérationnelle. Née à la faveur du Programme investissement d’avenir (PIA) et de la création des ITE (Instituts pour la transition énergétique), la société privée de R&D a été créée fin 2012. Dès avril 2013, Ifmas se lance dans l’acquisition de locaux.
«? A l’époque, nous étions 6 salariés d’Ifmas : deux hébergés dans une ruche d’entreprises et les autres dans des laboratoires académiques chez nos partenaires?», témoigne Anne-Valentine Duffrène, directrice des programmes d’Ifmas. La société acquiert donc un bâtiment de 2?400 m2 sur le Parc scientifique de la Haute Borne à Villeneuve d’Ascq. C’est le point de départ de nombreux travaux pour réaménager ces locaux, construire un entrepôt, et réaliser les installations techniques des six laboratoires. Finalement, Ifmas emménage en octobre 2015.
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Une offre de prestations de services
Une installation qui lui permet de lancer son offre de prestations de services de R&D. Pour cela, Ifmas s’appuie sur sa spécialité?: les matériaux issu des agro-ressources. En particulier, les polymères, résines et vernis biosourcés. «?Nous proposons quatre domaines de compétences?: l’analyse et la caractérisation de matériaux, la synthèse organique de nouvelles molécules, la synthèse de polymères et enfin la mise en œuvre et la formulation?», détaille François Ténégal, directeur d’Ifmas. Il précise?: «?Nous envisageons trois modes de collaboration. D’abord, les projets de R&D sous contrat pour répondre à une problématique. Ensuite, nous pouvons réaliser des analyses, de la caractérisation de matériaux… Enfin, nous intervenons pour des projets collaboratifs subventionnés?». Pour cette activité de prestation, Ifmas a par ailleurs obtenu en 2015 un agrément Crédit impôt recherche (CIR) pour trois ans. Et les premiers contrats ont été signés. «?Aujourd’hui, nous travaillons pour quatre sociétés en prestation de technologies et nous avons un projet de R&D sous-contrat qui débute?», confie Anne-Valentine Duffrène.
Outre l’offre de service, Ifmas monte également en puissance au niveau des projets collaboratifs de R&D. Dès sa création, Ifmas a en effet eu pour objectif de concevoir, synthétiser et formuler «?des molécules fonctionnelles, des polymères techniques et des matériaux innovants à partir de la biomasse locale pour des applications en matériaux thermoplastiques et thermodurcissables, revêtements, peintures décoratives et industrielles, vernis…?» Les marchés visés sont nombreux et passent notamment par les transports, le bâtiment, l’emballage, les équipements électriques et électroniques, les dispositifs médicaux… Et pour mener à bien ces recherches, l’Institut entend «?rassembler une grande communauté d’acteurs de la recherche scientifique publique et privée sur toute la chaîne de valeur?». Ainsi les 10 actionnaires fondateurs sont aussi bien des groupes industriels comme Roquette que des PME comme Florimond Desprez, des organismes de recherche académique comme l’Université Lille 1 que des pôles de compétitivité comme Matikem. Au total, Ifmas est détenu à 50?% par des sociétés privées et à 50?% par des organismes publics. à ces membres fondateurs s’ajoutent les adhérents.
«?Aujourd’hui, nous comptons 26 adhérents Silver. Ils pourront devenir Gold en fonction de leur intérêt pour la propriété intellectuelle générée par les projets collaboratifs. En effet, pour chaque projet, les partenaires collaborant au projet sont copropriétaires avec Ifmas de la propriété intellectuelle. S’ils ne l’exploitent pas ou pas totalement, un 2e droit à cette PI est ensuite donnée aux adhérents Gold. Dans un troisième temps, elle pourra être acquise par des tiers?», détaille François Ténégal. Un mécanisme qui n’a pas encore été exercé, les projets étant encore à leurs débuts. Cependant, la question pourrait se poser d’ici peu. Le dirigeant d’Ifmas confie en effet que «?cette année, cinq brevets sont en train d’être déposés sur les premiers travaux issus de 22 projets lancés avant 2015?».
Un appel à projets annuel
Ce nombre de 22 projets a augmenté en début d’année 2016 pour passer à 32. Il s’agit de la conséquence de l’appel à projets lancé mi-2015. Cet appel à projets ouvert aux sociétés privées ainsi qu’aux laboratoires académiques a été mené afin d’identifier de nouveaux projets répondant aux thématiques d’Ifmas. «?Il faut qu’il y ait au minimum trois partenaires dont Ifmas, qu’il justifie d’une expertise scientifique et de PI, et que le projet ait des débouchés industrialisables?», note Anne-Valentine Duffrène. Sur les 15 dossiers reçus, 10 ont été sélectionnés par le Comité d’orientation stratégique puis validés par le conseil d’administration. Au total, ces projets d’une durée de 12 à 40 mois affichent un budget de 5,5 M€, dont 2,9 M€ provenant d’Ifmas. L’organisation fournit notamment la rémunération des chercheurs, des achats d’équipements et la mise à disposition de ses installations. Si ces projets ont débuté en janvier 2016, Ifmas a lancé, le 11 avril dernier, un deuxième appel à projets. Il se clôturera le 31 juillet et porte sur les 13 thématiques de R&D dans la chimie du végétal. Ces futurs projets devraient débuter en janvier 2017. François Ténégal ajoute?: «?Notre modèle est de déposer des brevets dans l’idée de les valoriser au niveau industriel?».
Pour mener à bien ces projets de recherche ainsi que les prestations de services, Ifmas emploie aujourd’hui une quarantaine de personnes et compte environ 150 chercheurs impliqués dans les projets chez ses partenaires. «?Nous allons mettre l’effort sur le développement d’affaires. Nous prévoyons également de nous ouvrir à l’international. Une réflexion est en cours et nous avons des premières discussions avec des entreprises étrangères?», confie François Ténégal. L’objectif étant d’accélérer le développement de la société et la croissance du chiffre d’affaires, pour le moment confidentiel.
à Villeneuve D’Ascq, Aurélie Dureuil