[Innover contre le virus] Traitement contre le Covid-19 : introuvables molécules
Pendant l'été, Industrie & Technologies revient sur plusieurs mois de mobilisation des industriels et des chercheurs pour faire face à la pandémie de Covid-19. Aujourd’hui, la difficile recherche d’un traitement contre l’infection par le virus Sars-CoV-2. Les multiples essais cliniques lancés sur un grand nombre de molécules peinent à donner les résultats espérés.
Comprendre le virus et chercher comment le contrer
Les recherches sur le Sars-Cov2 et le Covid-19 ont vite progressé avec la mobilisation des scientifiques du monde entier. Un corpus de connaissances s’est ajouté à celles obtenues sur les coronavirus responsables des épidémies de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) en 2003 et de MERS (syndrome respiratoire du Moyen-Orient) en 2013-2015.
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Les molécules prometteuses déçoivent
Solidarity, Discovery, Recovery… De nombreux essais cliniques ont été lancés dès le mois de mars pour tester l’efficacité de molécules contre le Covid-19. À court terme, les scientifiques misent sur le repositionnement de médicaments : ils cherchent à démontrer l’utilité de traitements bénéficiant déjà d’une autorisation de mise sur le marché, ou en passe de l’obtenir, contre le Covid-19.
Seulement, Industrie & Technologies l’évoquait le 20 mai : ces grands essais cliniques peinent à obtenir des résultats probants avec les molécules testées. La recherche doit donc se tourner vers d'autres candidats médicaments.
Hydroxychloroquine : beaucoup de bruit, peu de résultats
Elle avait fait irruption dans le vaste essai clinique européen Discovery lancé le 22 mars et visant à évaluer l’efficacité et la sécurité de quatre traitements contre le Covid-19. Elle : l’hydroxychloroquine (HCQ). Après des semaines de battage médiatique et un débat qui a largement dépassé le cadre de la controverse scientifique autour de cet antipaludique bien connu, les résultats quant à son efficacité pour traiter le Covid-19 manquent à l’appel.
Le 5 juin, les responsables de l’essai britannique Recovery ont officialisé l’arrêt du recrutement de patients pour tester l’HCQ : « Nous avons conclu à l’absence d’effet bénéfique de l’HCQ chez des patients hospitalisés atteints du Covid-19 », ont-ils déclaré.
Le 4 juillet, l’Inserm et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont également mis fin au volet dédié à l’HCQ dans le cadre des essais cliniques Discovery et Solidarity. Les « résultats provisoires montrent que l’HCQ (…) n’entraîne que peu ou pas de réduction de la mortalité des patients atteints de Covid-19 hospitalisés, par comparaison aux soins standards », indique l’OMS dans un communiqué.
Des résultats décevants pour un médicament qui a capté une grande part de l'attention et des ressources humaines et financières dans la recherche de traitements. Des chiffres publiés par le site Stat News le 6 juillet montrent que 237 000 patients ont été recrutés dans des études portant sur l'HCQ ou la chloroquine, soit « 35 % des 685 000 patients que les chercheurs espéraient recruter pour l'ensemble des études ».
This morning, we're releasing a look at all the clinical trials against #COVID19. One big conclusion: we've spent a lot of resources on #Hydroxychloroquine, probably too much.https://t.co/960SeInWqa
— Matthew Herper (@matthewherper) July 6, 2020
You see that Jupiter-sized orb towering above all those other planets? pic.twitter.com/o1VtRutKKc
Chef du service de pharmacologie médicale au CHU Bordeaux, Mathieu Molimard déclarait en mai à Industrie & Technologies à propos de l'HCQ : « Cela a stérilisé la recherche à l’international : sous la pression sociétale, des essais comme Discovery ont dû l’ajouter, faisant perdre des moyens humains et financiers. »
Combinaison lopinavir/ritonavir : coup d’arrêt
En même temps qu’ils officialisaient l’arrêt des tests portant sur l’HCQ dans le cadre des essais Discovery et Solidarity le 4 juillet, l’Inserm et l’OMS ont également annoncé l’abandon du volet portant sur l’association lopinavir/ritonavir.
Le remdesivir autorisé en Europe
Toujours testé dans le cadre des essais cliniques Discovery et Solidarity, le remdesivir est la molécule au cœur du Veklury, médicament de Gilead. La Commission européenne a fourni à ce laboratoire privé une autorisation de mise sur le marché conditionnelle pour son médicament, a indiqué Gilead dans un communiqué du 3 juillet.
Fin avril, une controverse scientifique avait marqué la recherche autour de cette molécule. Après un essai clinique probant réalisé par les services de santé américain (NIH), la Maison Blanche s’était prononcée en faveur d’un traitement des cas critiques de Covid-19 au remdesivir. Au même moment, une autre étude publiée dans The Lancet faisait état de résultats très décevants sur cette même molécule. L’analyse préliminaire des résultats de l’étude des services de santé américains a depuis été publiée dans la revue The New England Journal of Medicine le 22 mai. « L’antiviral remdesivir est supérieur aux soins standards pour traiter le Covid-19 », assurent les chercheurs du NIH.
L’espoir de la dexaméthasone pour les cas graves
Selon l'essai britannique Recovery, la dexaméthasone, un corticoïde de synthèse utilisé depuis les années 1960, réduit significativement la mortalité des patients Covid-19 hospitalisés pour complications respiratoires. Un résultat qui conforte une pratique clinique usuelle, même si la prudence reste de mise en l’absence de la publication de ces travaux dans une revue à comité de lecture. Une prépublication a été mise en ligne sur le site medRxiv le 22 juin, après une annonce par voie de communiqué de presse le 16 juin.
Avec ses anticorps polyclonaux, Xenothera lève 15 millions d'euros
Xenothera a annoncé le 15 juillet avoir reçu 7,8 millions d’euros (M€) de la part du Secrétariat général pour l’investissement (SGPI) dans le cadre de l’appel à projets PSPC-COVID. « Ce montant permettra de financer un essai clinique en phase 2 promu par le CHU de Nantes, un programme de recherche fondamentale par les équipes de l’Université de Nantes, et l’accélération des capacités de production d’anticorps glyco-humanisés par Xenothera », indique l’entreprise dans un communiqué.
Ce nouveau financement intervient un mois après l’annonce par la société nantaise, le 15 juin, d’une levée de fonds de 7,8 M€ également pour financer les dernières étapes de la mise au point de son candidat médicament contre le Covid-19. Baptisée Xav-19, ce médicament repose sur un procédé innovant de production d'anticorps dits polyclonaux. Décryptage, en trois points, d'une technologie prometteuse.
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