[Innover contre le virus] Le casse-tête des masques, de la pénurie à la surproduction
Pendant l'été, Industrie & Technologies revient sur plusieurs mois de mobilisation des industriels et des chercheurs pour faire face à la pandémie de Covid-19. Au cœur de la crise, la question des masques. Souffrant de stocks insuffisants en masques sanitaires et d’une maigre production sur son sol, le gouvernement français a eu toutes les peines du monde à en importer. Pour pallier en partie ce manque, deux nouvelles catégories de masques, non sanitaires, ont été créées, et fournis par une filière textile « structurée en un temps record », juge Capucine Mercier, coordinatrice de la production de masques en Nouvelle-Aquitaine.
Une mobilisation large, mais en ordre dispersé
En quelques semaines, à partir du mois d’avril, des centaines d’ateliers de confection textile, pour la plupart fermés à cause du coronavirus, ont rouvert leurs portes pour fabriquer ces masques à usage non sanitaire (UNS) créés le 29 mars par décret. PliM, Saint-James , Armor Lux, 1083, on en trouve aux quatre coins de la France . PDG de PliM, fabricant de protections hygiéniques dans le Poitou-Charentes, Capucine Mercier a été parmi les premiers à s’y mettre. Si elle loue l’engagement de la filière , elle regrette le manque de préparation des autorités, qui ont mis plusieurs semaines à centraliser la production et les commandes, et le flou quant à la durabilité des masques homologués .
Quels masques pour quels usages ?
Durant cette période, certains s’y perdaient entre les différentes catégories de masques, leur fonction et leur efficacité à réduire la propagation du virus. La rédaction d’Industrie & Technologies s’est donc penchée sur le sujet , avec l’aide de l’Institut français du textile et de l’habillement (IFTH). Un travail qui nous a donné envie de comprendre comment les masques sanitaires peuvent bien filtrer les particules virales . Et ce n’est peut-être pas comme vous le pensez…
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La surproduction qui vient
Quand l’heure est venue de déconfiner, Edouard Philippe, alors encore Premier ministre, s’est voulu rassurant : « Nous aurons assez de masques pour le 11 mai », a-t-il assuré le 29 avril. C’est généralement le cas mais, un mois plus tard, paradoxe de cette crise sans précédent, la filière craint la surproduction : engagés toutes toiles dehors dans la fabrication de masques, les ateliers de confection font face à une demande en berne et – comble ! – à des importations asiatiques et européennes de la part des collectivités territoriales françaises , pressées par leurs administrés. Une concurrence que ne digère pas Capucine Mercier, la PDG de PliM.
Et aussi :
Zoom sur le meltblown, ce précieux matériau filtrant au cœur de la pénurie de masques chirurgicaux et FFP2…
La Direction générale des entreprises (DGE) a appelé les industriels français à se mobiliser pour créer de nouvelles lignes de production de meltblown , que l’on retrouve dans les masques chirurgicaux et FFP2, ou trouver des solutions alternatives. Eclairage sur un procédé de fabrication complexe et coûteux, délaissé depuis des années par l’industrie française .
… et ses alternatives potentielles
Deux méthodes pourraient concurrencer le procédé d’extrusion-soufflage utilisé pour fabriquer le meltblown : l’électrofilage et le cardage-hydroliage .