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Innovation : Raoul Parienti
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Innovation : Raoul Parienti
Le Top-Braille retranscrit automatiquement en braille n'importe quel texte. Entre conception et recherche de financements, dix ans se sont écoulés avant la commercialisation des premiers appareils.
Un piano qui se plie et s'enroule sur lui-même. Une table à repasser qui s'encastre derrière un tableau accroché au mur. Un transmetteur haut-débit d'ondes infrarouges. Raoul Parienti est un inventeur en série. Depuis 1986, cet ingénieur du Conservatoire national des Arts et Métiers a conçu plus de 130 appareils. Avec ou sans succès. Mais parmi eux, il en est un dont il est particulièrement fier : le Top-Braille.
Ce boîtier léger -moins de 100 grammes- ressemble à une souris d'ordinateur. Sur le dessus, huits picots en plastique montent ou descendent. Sur le côté, des hauts-parleurs ont été incrustés. Il suffit de le déplacer sur la page d'un journal, d'une notice ou même d'une étiquette pour que les caractères imprimés soient
Raoul Parienti
- 59 ans
- Diplômé du Conservatoire national des arts et métiers
- Titulaire d'une maîtrise de mathématiques
automatiquement transcris un à un en braille ou énoncés grâce à une synthèse vocale. « Toutes les polices de caractères peuvent être reconnues et traduites », précise Raoul Parienti. Après quelques heures de pratique, notamment pour apprendre à orienter l'appareil le long d'une ligne, un mal-voyant maîtrisant le braille peut donc comprendre n'importe quel texte, écrit aussi bien sur du papier ou du carton que sur une boîte de conserve.
Raoul Parienti a eu l'idée du Top-Braille dès les années 70. Sa sœur mal-voyante a alors une vingtaine d'années et suit les cours d'une école spécialisée. « Mais elle ne voulait pas apprendre le braille. Elle disait que cela ne servait à rien, que trop peu de textes étaient transcrits », explique-t-il. L'argument est courant : en France, seuls 15% des mal-voyants maîtrisent le braille. Raoul Parienti imagine alors un appareil qui traduirait les textes. Mais il se heurte à une limite technologique. Les puces sont à la fois trop encombrantes et pas assez rapides.
Il attendra donc le milieu des années 90 et la sortie des premiers processeurs intégrés à faible consommation. Il dépose un brevet en France en 1996 et réalise une maquette deux ans plus tard. Commence alors la longue et difficile quête de financements. « Un vrai parcours du combattant », soupire-t-il.
Malgré plusieurs récompenses, dont une médaille d'or au Salon des inventions de Genève (Suisse) en 2001, il essuie refus sur refus. « 26 au total », précise-t-il. Entre-temps, il a pourtant étoffé son équipe.
L'entreprise
- Vision SAS
- Création en décembre 2004
- Six employés
- 200 000 euros de chiffre d'affaires en 2007
Marc Lassus, fondateur du fabricant de cartes à puces Gemplus, François Le Guillou, diplômé en gestion de l'université canadienne de Concordia, et Gérard Donadini, un spécialiste du marketing, l'ont rejoint.
Leur obstination finit par payer. En 2004, Druon Note, fondateur du laboratoire pharmaceutique Laphale, et la famille Verspieren, co-fondatrice de Legrand, investissent chacun 300 000 euros. L'Anvar octroie un prêt de 230 000 euros. En décembre 2004, la société Vision SAS est enfin créée à Nice.
L'équipe commence à développer un prototype. La conception logicielle est sous-traitée à la start-up parisienne Easter Eggs, fondée par le fils de Raoul Parienti. Pour diminuer les coûts, le développement est confié à une société bulgare, Symplica. Une autre jeune entreprise française innovante, Inov'Tronik, est quant à elle chargée de la conception matérielle de Top-Braille. Le premier prototype sort en décembre 2005, dix ans après le dépôt du premier brevet.
En avril dernier, Vision SAS réalise un deuxième tour de table et récupère 600 000 euros. Suffisamment pour lancer la production. Deux sous-traitants sont choisis : l'usine Adex de Saint-Domineuc (Ille-et-Villaine) se charge de la fabrication des cartes électroniques, la société Mettec de Stuttgart (Allemagne) de celle des matrices qui affichent les caractères en braille. Le premier client se déclare début novembre : la fondation monégasque Léatare passe une pré-commande des 50 premiers Top-Braille, à 3000 euros pièce. « Le prix baissera à mesure que l'on augmentera la production », explique Raoul Parienti. L'inventeur en série s'est transformé en industriel.
Luc Mathieu
PARCOURIR LE DOSSIER