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Innovation : Frédéric Vialle crée le pneu qui se régénère tout seul
Tout est parti d'un constat. Les ingénieurs ont toujours concentré leurs efforts sur la conception de pneus capables de durer longtemps, sans tenter de les garder jeunes longtemps. Avec toutefois de bons résultats, puisqu'en vingt ans, la durée de vie des pneus poids lourds a presque doublé. Mais à la fin des années 90, la firme de Clermont-Ferrand se propose de franchir un pas supplémentaire. « Michelin a décidé de pérenniser la performance du pneu », résume Frédéric Vialle, ingénieur conception avancée pneus poids lourds. Et de lui confier le projet. Il rentrait de quatre années passées dans le centre technique américain de Michelin, à Greenville (Caroline du Sud), pendant lesquelles il avait travaillé sur la conception de pneus pour les camions.
Il a aussitôt embrayé sur sa nouvelle mission. Son objectif ? Garder le même niveau d'adhérence tout en essayant d'en limiter l'usure. La solution ? Concevoir un pneu qui se régénère au fur et à mesure qu'il s'use. L'idée, sur le papier, est très belle, mais sa réalisation relevait du véritable casse-tête. « Normalement, lors du développement d'un pneumatique, il faut toujours faire un compromis entre usure et performance», explique Pete Selleck, directeur de l'activité poids lourds de Michelin. Pourtant, Frédéric Vialle est resté confiant. « Il y a eu des hauts et des bas, comme dans toute entreprise humaine, admet-il.
Son parcours
- 46 ans
- Diplômé de l'Ecole nationale supérieure de l'aéronautique et de l'espace
- Ingénieur conception avancée pneus poids lourds
Michelin
- Chiffre d'affaires : 15,59 milliards d'euros en 2005
- Effectif : 129 000 employés, dont 4 000 chercheurs
Mais nous étions déterminés et sûrs que nous arriverions à nos fins. » S'il est le capitaine du bateau, il n'est cependant pas seul dans l'aventure. « C'est une oeuvre collective », n'a-t-il de cesse de répéter. Une cinquantaine de personnes, dont six chefs de projet, réunissant plusieurs expertises de Michelin (conception, matériaux, procédés de fabrication, industrialisation) ont pris part au projet. En tout, sept ans ont été nécessaires pour la mise au point de la technologie. « Mais elle nous a fait gagner vingt ans sur le marché », s'enthousiasme Pete Selleck.
« Le simple fait d'augmenter l'adhérence de 25 % aurait suffi à justifier le projet. Mais dans le même temps, nous avons également réussi à ralentir l'usure du pneu de 25 % », se félicite le chef de projet. Pour obtenir ces résultats, Frédéric Vialle et son équipe ont dû développer des sculptures de pneu inédites. D'abord, ils ont fait le choix de creuser des sillons sur toute la profondeur du pain de gomme pour améliorer l'adhérence. Ensuite, ils ont implanté au coeur du pain de gomme un canal en forme de goutte d'eau. A mesure que la gomme s'use, la goutte d'eau apparaît, forme un nouveau sillon plus large et redonne de l'adhérence au pneu. Une nouvelle jeunesse regagnée aux deux tiers de la vie du pneu. « Ce travail a été réalisé en plusieurs étapes », note Frédéric Vialle. Avec, à chaque fois, son lot de défi à relever.
Réduire la consommation des véhicules
La conception des nouvelles sculptures a nécessité un lourd travail pour conserver la solidité des pains de gomme. De même, il a fallu revoir les procédés de fabrication et d'industrialisation en grande série. « Nous n'arrivions pas à démouler les pneus lors de nos premiers essais de fabrication, se souvient-t-il. Il a fallu utiliser une barre à mine pour les séparer du moule ! » L'équipe multiculturelle, constituée d'ingénieurs de plusieurs pays différents et de diverses branches de l'entreprise, a été un atout primordial pour aboutir.
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Janvier 2023
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Décembre 2022
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 29.10 − Véhicules automobiles
Base 100 en 2015
Les autres nominés
- Nicolas Belluye, de Décathlon, pour des vêtements réducteurs de fatigue.
- Olivier Lefèbvre, d'Actif Wear, pour un fil composite à propriétés biocides permanentes.
« Même dans les moments de doute, grâce à la diversité des acteurs impliqués, nous avons ouvert de nouvelles pistes », remarque l'ingénieur. Depuis 2005, les premiers pneus autorégénérants roulent en Europe. Selon Pete Selleck, grâce au « XDN 2 GRIP », nom de code de ce pneu, la croissance des ventes en essieu moteur dépasse les 10 % sur l'année. Pour Frédéric Vialle, la mission est terminée et d'autres équipes chargées d'adapter le pneu autorégénérant à d'autres tailles ont repris le flambeau. Les défis ne manquent pas pour autant et Frédéric Vialle est déjà parti vers de nouveaux projets.
« Aujourd'hui, notre ambition est de réduire la consommation des véhicules », explique-t-il. La diminution de la résistance au roulement, tout en conservant les mêmes performances d'adhérence, ou les économies de matière première dans la fabrication des pneus sont ses nouveaux chevaux de bataille. Déjà, il promet de présenter d'autres innovations dans les cinq ans.
Arnaud Dumas
PARCOURIR LE DOSSIER