Ineos injectera 3 Mrds € à Anvers pour son vapocraqueur et son unité de PDH
Le pétrochimiste britannique a finalement choisi Anvers pour implanter son double projet de vapocraqueur et de déshydrogénation de propane. Ineos va engager un investissement record de 3 milliards d'euros. Près de 400 emplois devraient être créés à l'horizon 2023-2024.
Il était prévu que cela se joue entre l'Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique. C'est finalement ce dernier qui a tiré le gros lot, puisque c'est au coeur du port d'Anvers qu'Ineos va se lancer dans son faramineux projet de vapocraqueur et de déshydrogénation de propane (PDH). L'occasion pour le groupe d'annoncer le plus grand investissement de son histoire avec 3 milliards d'euros en vue ! En plus d'être décrit comme l'investissement le plus massif de ce genre en Europe « depuis plus d'une génération », s'est exclamé Jim Ratcliffe, le grand patron d'Ineos, il s'agit aussi du premier projet de vapocraqueur à être construit sur le sol européen depuis vingt ans.
Un mastodonte de taille mondiale
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Base 100 en 2015
Envisagé publiquement dès l'été dernier (CPH n°850), cet incroyable projet de vapocraqueur européen se précise donc. Il disposera d'une capacité de 1,25 million de tonnes par an d'éthylène, soit un mastodonte de taille mondiale, au niveau des standards actuels. De quoi rivaliser avec ceux qui poussent aux États-Unis. D'ailleurs, comme eux, il sera sur base gaz, et comme eux, il sera alimenté en éthane américain. Ineos, qui a mis en place depuis 2016 un pipeline virtuel inédit d'importation d'éthane depuis les États-Unis pour alimenter ses vapocraqueurs de Rafnes (Norvège) et de Grangemouth (Écosse, CPH n°775), devra nouer de nouveaux contrats et affréter des bateaux supplémentaires à travers l'Atlantique pour son projet d'Anvers. En parallèle, il construira aussi son unité de PDH, laquelle disposera de 750 000 t/an de capacités de propylène. Cette unité sera d'une capacité identique à celle que Borealis a décidé de construire, lui aussi, du côté d'Anvers, ce qui avait été confirmé en octobre dernier (CPH n°860). Les deux unités seront quasiment voisines dans la zone industrielle du Port d'Anvers, le site de Borealis étant implanté à Kallo et celui d'Ineos à Lillo.
Pour Ineos, ce choix d'Anvers est un joli clin d'oeil à l'histoire, puisque c'est ici que le groupe a démarré son aventure industrielle. En 1998, il avait ainsi repris le complexe d'oxyde d'éthylène de BP à Zwijndrecht, toujours dans la même zone. Actuellement, Ineos est toujours impliqué dans l'oxyde d'éthylène et ses dérivés, ayant même annoncé une enveloppe de 200 M€ d'investissements dans le domaine, à l'automne dernier, pour ces complexes d'Anvers, principalement, mais aussi ceux de Cologne et de Lavera (Bouches-du-Rhône, CPH n°857). Mais le choix de Lillo ne se limite pas à un attachement historique. Sur place Ineos dispose de 723 000 t/an de capacités de polyéthylène haute densité et de polypropylène, soit des unités qui pourront être directement alimentées en matières premières par les futurs actifs. De plus, les installations seront entièrement connectées par pipelines aux unités de dérivés d'Ineos dans l'Europe du Nord-Ouest. Par ailleurs, ces futures capacités devraient permettre à l'avenir à Ineos de ne plus recourir à des importations ni d'éthylène ni de propylène pour ses productions de polyoléfines et d'autres dérivés en Europe. Il deviendrait autosuffisant.
Le projet devrait permettre de créer 400 postes
Les autorités du port d'Anvers se sont évidemment félicitées de ce méga-projet, considéré comme propre à renforcer la position de leader de ce cluster chimique en Europe. Au-delà du montant de l'investissement, il y a aussi les perspectives d'emplois. Le projet d'Ineos devrait permettre de créer 400 postes, une fois les actifs mis en service, et cinq fois plus d'emplois indirects. Sans compter environ 3 000 postes pour la construction. Ineos reprend aussi à Lillo des concessions inutilisées par des entreprises voisines.