Guillaume Dessaix
\ 18:18
Mis à jour 02 Avril 2021
Guillaume Dessaix
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Le rideau aux éclats argentés glisse sous les cris hallucinés de demoiselles aux chignons impeccables. Derrière sa guitare, cheveux gominés et joues de poupon, Elvis Presley marmonne doucereusement son nouveau tube, Love me tender. Moue boudeuse, sourire en coin, déhanchements provocateurs, le moindre de ses gestes entraîne des hurlements hystériques. Mais sa venue sur le plateau du Ed Sullivan show ce 28 octobre 1956 dépasse la simple promotion. Sur ses jeunes épaules reposent les espoirs du corps médical.
Au fil des années 1940 et 1950, les artistes se mobilisent. Pas seulement contre les nazis ou le péril communiste, mais aussi contre la poliomyélite. L’enjeu est national. Atteint par la maladie, le président Roosevelt a créé en 1938 l’association March of dimes pour récolter des fonds et lutter contre cette affection qui paralyse jusqu’à 35 000 personnes chaque année aux États-Unis. Principalement les enfants et les adolescents. En 1952, 60 000 petits Américains ont contracté la polio et 3 000 en sont morts. Il y a urgence. Heureusement, le docteur Jonas Salk est parvenu, dans son laboratoire de l’université de Pittsburgh, à développer un vaccin. Testé sur sa propre famille, il est déclaré, en avril 1955, efficace à 90 % après trois injections. En bon samaritain, le chercheur se refuse à le faire breveter, pour qu’il profite au plus grand nombre.
Seulement, la réticence reste forte. Les parents rechignent à laisser leurs rejetons entre les mains des médecins. Vingt ans plus tôt, un incident a jeté le discrédit sur la vaccination. Sans aucun organisme de supervision et de certification, et à grand renfort de publicité, deux laboratoires avaient conçu des remèdes contre la polio, dont l’un dans une baignoire. Les solutions se sont révélées dangereuses, entraînant de nombreux cas d’encéphalites, la mort de neuf enfants et le suicide d’un des scientifiques. Comment ces mêmes Américains, devenus parents, pourraient-ils alors avoir confiance... Pourtant, le sérum fonctionne et 1 million d’enfants reçoivent les doses de Salk en un an. Le docteur est célébré comme un héros. Mais le pire est à venir.
Le sérum fonctionne et un million d’enfants reçoivent les doses en un an. Mais le pire est à venir…
L’année suivante, le laboratoire Cutter, l’un des cinq ayant reçu l’autorisation de produire le vaccin, vend 120 000 doses contaminées. Résultat, 70 000 enfants ont développé des faiblesses musculaires, 164 sont restés paralysés et 10 ont trouvé la mort. Une catastrophe sanitaire et un choc pour le pays. Salk et les labos doivent rassurer à tout prix et faire entendre raison aux adolescents, réticents à suivre les conseils des médecins et de leurs parents. Ceux déjà convaincus fondent la Teens against polio afin d’aider les familles les plus démunies à débourser les 50 dollars nécessaires pour immuniser chaque enfant. L’association invite aussi les demoiselles à éconduire les malotrus anti-vaccins. Lentement, les efforts paient. Manque un dernier coup de pouce.
Avant que l’émission ne commence, Elvis se fait vacciner sous les flashs des journalistes. Le lendemain, la presse célèbre l’exemple de l’idole des jeunes. Et les ados adhèrent. Au fil des années, la star rend visite à ses fans malades, bien incapables de reproduire son jeu de jambes. Salk, lui, obtient une reconnaissance mondiale, épouse à Paris la première femme de Pablo Picasso et poursuit ses recherches, notamment sur le virus du Sida. Elvis devient le King, avant de disparaître en 1977. Deux ans avant l’éradication de la polio aux États-Unis.
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