Industrie : comment produire plus propre au Maroc ?
Le Centre marocain de production propre (CMPP) a pour objectif la diffusion au Maroc des technologies industrielles rédisant les impacts environnementaux. il vient de lancer ce mois d'août, un appel à manifestation d'intérêt sur la chimie. L'Usine Nouvelle a demandé à sa directrice générale, Hanan Hanzaz d'expliquer les objectifs de ce programme et de faire le point sur les missions du CMPP, membre d'un réseau mondial des Nations Unies.
L'Usine Nouvelle : Le Centre marocain de la production propre créé en 2000 par l'Etat et le patronat marocains vise à donner une assistance aux industriels dans la mise en œuvre de technologies et de systèmes de gestion réduisant les impacts environnementaux. Dans ce cadre, vous venez de lancer un nouvel appel à manifestation d'intérêt dans le domaine de la chimie. Quel est son but. ?
Hanan Hanzaz : Il s’agit d’un projet pilote d'un an initié par l’Onudi (Organisation des Nations unies pour le développement industriel) avec qui nous travaillons en partenariat et intitulé "Solution innovante pour la gestion des produits chimiques". Les entreprises retenues bénéficieront d'une aide financière et technique. Ce programme concerne cinq pays, la Colombie, l'Egypte, le Salvador, le Pérou et le Maroc avec l’appui du Secrétariat d'Etat à l‘économie suisse (SECO) qui prend en charge financièrement cette prestation. L'Onudi a mandaté le CMPP pour l’exécution de ce projet au Maroc.
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Base 100 en 2015
Quels en sont les principaux objectifs ?
Ils sont au nombre de cinq. La réduction de la consommation des produits chimiques, le remplacement des produits chimiques dangereux par des produits à faible risque, la réduction des déchets de produits chimiques, la réduction des risques et celle des accidents liés à la manipulation des produits chimiques. Ainsi, six entreprises candidates seront sélectionnées par le CMPP. Elles bénéficieront d’une assistance technique. L'objectif étant donc d’identifier et de mettre en place pour elle des actions d’améliorations en matière de gestion rationnelle de produits chimiques et de gestion des risques.
Comment va se dérouler cet appel à manifestation d’intérêt ?
L’appel a été communiqué aux différentes fédérations, associations sectorielles et régions concernées. Les entreprises intéressées doivent contacter le CMPP en remplissant notamment un questionnaire sur l’activité et la consommation de produits chimiques. Appartenant à 2 secteurs différents, elles auront à s'acquitter d'un montant symbolique de 10 000 à 20 000 dirhams (de 900 à 800 euros environ NDLR) afin d’éviter des prestations gratuites sans intérêt. Le projet démarre dès ce mois d'août. A l'issue de ce programme d'assistance technique, il est prévu d'établir un guide de bonnes pratiques de gestion de produits chimiques pour les secteurs retenus ainsi qu’une boite à outils pour mettre en place des actions de production propre.
Par ailleurs, le CMPP a signé en mai une convention avec la Société financière internationale (SFI), filiale de la Banque mondiale pour porter plusieurs projets "Produire plus propre". Le montant total alloué à ces projets est de 950 000 dollars. Pouvez-vous en expliquer le contenu ?Biographie éclair
Hanan Hanzaz dirige au CMPP une équipe d’une dizaine de cadres qui œuvrent en faveur de la diffusion des meilleures pratiques de production propre dans le tissu industriel. Elle a obtenu en 2003 son diplôme d'ingénieur chimiste à l’Ecole Mohammedia d'ingénieurs à Rabat. Elle a occupé par la suite le poste de Relationship Manager pour les PME et le commerce international dans une filiale d'une banque internationale à Casablanca. En 2004, elle rejoint le CMPP, comme chef de projet pour en devenir directrice-adjointe de février 2006 à décembre 2008 puis d'en prendre la direction.
Le premier volet consiste à identifier les secteurs industriels clés au Maroc concernés par la production propre. L'idée est d'analyser tout le travail qui a été fait par le CMPP depuis sa création (en 2000 NDLR) en termes d'accompagnement des secteurs industriels. Il fallait savoir ce qui a été mis en place par les entreprises suite aux recommandations du centre et analyser les principaux obstacles à la mise en place des options de la production plus propre. Le second volet est composé de deux projets pilotes, l'un avec un secteur industriel et l'autre une zone industrielle. Nous avons voulu avoir deux dimensions différentes, l'une sectorielle et l'autre locale.
En quoi consiste le projet sectoriel ?
Il concerne une conserverie de poissons avec l'Unicop (Union nationale des industries de la conserve de poisson). Il s'agit de la mise en place de technologies de production plus propre avec des volets formation, renforcement des capacités et publication d'un guide.
Et le projet local ?
Il vise les zones industrielles de Sidi Bernoussi (près de Casablanca NDLR) avec Izdihar, l'Association des opérateurs économiques de ces zones industrielles. C'est la plus grande association en matière de représentation industrielle. Elle regroupe quatre parcs industriels. On y trouve des entreprises ayant des activités variées comme le textile, la mécanique, la métallurgie, la chimie et parachimie, le tertiaire et l'agroalimentaire. L'idée est d'y introduire le concept d'entreprises spécialisées dans les économie d'énergie du type Esco (Energy Service COmpany NDLR) en créant des synergies entre les fournisseurs et les entreprises ciblées. Des volets assistance technique, formation, renforcement des capacités et diffusion des résultats sont également au programme.
Où en est ce projet aujourd'hui ?
Dans sa phase préparatoire. Nous définissons les plans d'action avec les partenaires, le choix des entreprises pilotes, le choix des experts consultants partenaires qui vont intervenir dans le cadre de ce projet. Le démarrage effectif sur le terrain est prévu pour septembre.
Au niveau sectoriel, pourquoi avoir ciblé la conserverie de poisson?
L'idée est de tester une industrie grosse consommatrice d'eau, et qui soit différente d'un projet dans la conserverie agricole que nous venons de clôturer. La conserverie de poisson génère une forte consommation énergétique et donc recèle un potentiel en matière d'économie. Il fallait aussi choisir un secteur orienté export pour analyser le comportement des entreprises marocaines confrontées à la règlementation internationale en matière d'environnement. La gestion et la valorisation des déchets ainsi que l'utilisation de produits chimiques font aussi partie du programme.
Cela se passe comment sur le terrain ?
Par un prédiagnostic avec le patron de l'entreprise. Il permet de fixer les priorités. Un contrat est ensuite établi entre le CMPP et la société qui bénéficie d'assistance technique avec une aide financière de 40% du montant de la prestation. Des rapports de diagnostic sont alors produits. Des actions ayant un retour sur investissement rapide d'une durée inférieure à 6 mois peuvent être mises immédiatement en place.
Les actions nécessitant une aide financière plus substantielle font l'objet d'un accompagnement spécifique avec l'aide éventuelle de la SFI (Banque mondiale NDR). Mais toutes les actions n'exigent pas des investissements. Parfois, elles sont répertoriées "no cost" : elles ne génèrent pas de coûts tout en étant bénéfiques pour les entreprises.
Propos recueillis par Nasser Djama
Plus de 800 entreprises ont déjà bénéficié des services du CMPP
Le CMPP (Centre marocain de la production propre) a pour objectif d'apporter une assistance technique aux entreprises de l’industrie marocaine dans la mise en œuvre de technologies et de systèmes de gestion environnementaux afin d’améliorer la performance. Il a été créé en juin 2000 en partenariat avec l’Onudi (Organisation des Nations unies pour le développement industriel) et le PNUE (Programme des Nations unies pour l’environnement). Issu d'un partenariat public-privé entre le patronat marocain (CGEM) et le ministère de l’Industrie, son siège est à Casablanca. Il fait partie du réseau international de 35 centres de production plus propres (NCPCs) dans le cadre du programme conjoint de l’ONUDI et du PNUE. Il bénéficie d’un financement octroyé par le gouvernement suisse à travers le Secrétariat d’Etat aux affaires Economiques (Seco). Plus de 800 entreprises marocaines ont déjà bénéficié des services du CMPP. Il n'est pas rare que le gain obtenu après une opération soit le double de l'investissement engagé.
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