Indorama reprend le deuxième producteur en Europe et se posera en numéro un
Le groupe thaïlandais va reprendre le complexe de PTA d'Artlant, au Portugal. L'opération permettra à Indorama de muscler ses capacités de 700 000 t/an et d'atteindre à terme un total de 1,7 Mt/an sur le continent européen, ce qui devrait lui conférer la place de leader en Europe.
L'opération est d'envergure et va permettre à Indorama Ventures de devenir rapidement le leader européen de la production d'acide téréphtalique purifié (PTA). Le pétrochimiste thaïlandais a conclu un accord pour la reprise d'Artlant PTA au Portugal. Fondée en 2012 via la cession de la majorité des parts de l'Espagnol La Seda de Barcelona dans ce complexe à des fonds d'investissement portugais (CPH n°588), cette société est présentée comme le numéro 2 du PTA en Europe. Implanté à Sines, au Portugal, le complexe d'Artlant PTA dispose de capacités installées de 700 000 tonnes par an. Ce qui devrait plus que doubler les capacités actuelles européennes d'Indorama, lequel détient 325 000 t/an sur le site de Guadarranque-San Roque en Espagne (acquisition auprès de Cepsa en 2015, CPH n°739), et 350 000 t/an sur son site de Rotterdam (acquis auprès d'Eastman Chemicals en 2008). Soit un total de près de 1,4 Mt/an, qui devrait même passer rapidement à 1,7 Mt/an en raison d'un dégoulottage en cours sur le site de Rotterdam qui atteindra prochainement des capacités combinées de 675 000 t/an. Un porte-parole d'Indorama nous a toutefois indiqué que le complexe portugais est à l'arrêt depuis trois ans et ne reprendrait pas ses productions commerciales avant le troisième trimestre 2018, le temps de le remettre en service. Ce qui, du coup, laisserait BP le n°1 européen du PTA jusqu'à fin 2018. Les modalités financières de l'acquisition d'Artlant, prévue pour être finalisée au cours de ce quatrième trimestre 2017, n'ont pas été dévoilées.
Vaste plateforme de production de PET en Europe
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Techniquement, Indorama reprend la totalité des actifs et des contrats d'Artlant PTA. Le groupe thaïlandais reprend également la société Artelia Ambiente qui fournit les utilités au complexe (40 390 MW d'électricité, de la vapeur, de l'eau déminéralisée, une unité de traitement d'eau et de l'hydrogène). Cette opération va permettre à Indorama de poursuivre son intégration verticale pour ses productions européennes de PTA et de polyéthylène téréphtalate (PET). Le chimiste thaïlandais compte ainsi dégager des synergies opérationnelles, réduire ses coûts et limiter ses importations de PTA en Europe.
En quelques années, Indorama s'est constitué une vaste plateforme de production de PET en Europe. Les capacités combinées atteignent désormais environ 1,7 Mt/an. Comme les futures capacités du groupe en PTA. Indorama a essentiellement procédé à des acquisitions pour ce faire. Outre son usine de Klapeida, en Lituanie, le chimiste thaïlandais a toujours privilégié la croissance externe. En 2008, il reprenait ainsi les actifs de PTA et de PET d'Eastman Chemicals à Rotterdam, avant d'acquérir ceux de SK Chemicals à Wloclawek en Pologne en 2011. Indorama s'était ensuite tourné vers la Turquie avec deux opérations en 2014 et 2015 (CPH n°703). Puis, toujours en 2015, il y a eu l'opération de reprise d'actifs de Cepsa en Espagne. Par ailleurs, le groupe détient 75 % du capital de la société Trevira, en Allemagne, une coentreprise avec l'Italien Sinterama (25 % des parts) et deux unités à Bobingen et à Guben.
Cette série d'acquisitions a toutefois mené à certains plans de restructuration. Une des deux usines turques a ainsi été condamnée, fin 2016 (CPH n°788). Indorama a également cessé les productions d'un complexe italien, Ottana Polimeri en Sardaigne (161 000 t/an), acquis en 2010 auprès d'Equipolymers Europe, alors coentreprise entre Dow et PIC. Enfin, l'usine héritée également de Eastman à Workington au Royaume-Uni (168 000 t/an) a été mise sous cocon depuis 2014 (CPH n°654).