Apaisés sur plusieurs fronts, les feux continuent de faire rage en Russie. Ce jeudi, la situation dans la forêt de Tokouchevo, à environ 50 km du centre nucléaire de Sarov reste très tendue. 3.470 hommes sont sur la zone, ainsi que deux avions et deux hélicoptères. Un train spécial avec de grandes quantités d'eau et de puissantes lances à incendies est également sur place, alors que la liaison ferroviaire avec Sarov a été coupée. Située à l’est de Moscou, cette zone englobe d'autres installations nucléaires : outre le centre de recherches militaires de Sarov, elle comprend celui de Sneijinsk à 1500 km de Moscou, ainsi qu’un centre de retraitement et de stockage de déchets nucléaires (Mayak, situé à 40 km de Sneijinsk).
Tourbières en feu près de Tchernobyl
Autre zone sous surveillance, les territoires contaminés par les retombées de l’accident de Tchernobyl : ces derniers sont situés au sud-ouest de la Russie, à environ 200 km de Bryansk, la capitale de cette région administrative située à 380 km de Moscou. Des tourbières sont en feu sur deux hectares depuis lundi dans la localité de Sosnivka, à 60 kilomètres au sud de la centrale nucléaire accidentée de Tchernobyl, mais la situation «ne présente pas de danger», selon le gouvernement russe qui assure que l'incendie sera éteint jeudi ou vendredi.
Peu de risques liés à l’inhalation de césium selon l’IRSN
En brûlant dans les forêts et les zones proches de Tchernobyl ou de la centrale de Mayak touchée par un accident en 1957, le feu peut remettre en suspension des particules radioactives (comme le Césium 137 et le Strontium 90) qui avaient été pompées par la végétation. Dans cette situation, ces particules radioactives pourraient être inhalées par les personnes vivant dans ces territoires. Néanmoins, « la radioactivité qui serait mesurée dans les territoires contaminés est estimée au même niveau que la radioactivité naturelle due à la présence de gaz radon dans l’air », estime Michel Brière, directeur général adjoint de l’Institut de la radioprotection et de la sûreté nucléaire (IRSN). « En conséquence, aucun impact pour la santé des populations n’est à craindre ». Pour les populations des pays d’Europe de l’ouest, « le niveau de radioactivité serait extrêmement faible, un million de fois moindre que l’activité correspondant à la concentration de radioactivité naturelle présente dans l’air, particulièrement due à la présence permanente de radon », souligne ce dernier.
Par ailleurs, il rappelle que des événements similaires ont eu lieu de mai à octobre 2002, sans conséquence majeure. A cette période, d’importants feux ont touché durant plusieurs mois les territoires contaminés de Russie, Biélorussie et Ukraine. La radioactivité maximum mesurée en France était alors trois fois supérieure au bruit de fond du césium 137. Toutefois, ce niveau de radioactivité était trop faible pour être mesuré en temps réel par les réseaux de surveillance classiques. « Nous avons mesuré la radioactivité contenue dans le passage de la fumée quelques jours plus tard », remémore-t-il, « par les stations de prélèvements d’aérosols du réseau de surveillance ». Résultat : « l’activité était un million de fois plus faible que le niveau de radioactivité naturelle due à la présence permanente de radon dans l’air ». « On a tout de même une bonne référence de ce qui s’est passé ». Le laboratoire indépendant de la Criirad a en outre estimé mercredi dans un communiqué qu'il n'y avait «pas lieu de s'inquiéter» en l'état d'éventuelles pollutions radioactives en France liées à ces incendies.
Moins de certitudes sur les centrales nucléaires
Le directeur général adjoint de l’IRSN se montre plus évasif quant au risque lié à la présence de feu à proximité de centrales nucléaires. S’il détaille toutes les précautions dont ces dernières font l’objet en France, il avoue ne pas connaître précisément les modalités de conception des centrales russes face au risque d’incendie. « Les autorités de sûreté nucléaire russes ne communiquent pas beaucoup. Elles n’ont pas le réflexe de la transparence. Néanmoins, nous connaissons suffisamment la compétence des opérateurs russes pour ne pas être inquiets sur la résistance au feu de leurs centrales », assure ce dernier.
Le risque associé aux feux de forêts est principalement le rayonnement thermique, car la chaleur peut entraîner l’incendie des bâtiments, particulièrement ceux contenant des matières inflammables, ou peut dégrader des équipements. Les autres risques concernent la toxicité des fumées produites par l’incendie et les risques liés au dépôt de cendres qui peuvent affecter les filtres d’aération des installations, ou se déposer sur les échangeurs de chaleur ou les isolateurs électriques.
« Dans le pire des cas, les matières radioactives libérées auront un impact seulement local », assure Michel Brière. En effet, le centre de Sarov a produit la première bombe atomique russe, mais il ne fait que stocker des matières radioactives, qui concentrent peu de puissance. Le risque est moindre que celui lié à une centrale classique : les réacteurs de cette dernière et leur puissance rendraient bien plus dangereuse une rupture de confinement des matières radioactives.
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