Impression 3D : « Nous voulons que le passage du prototype à la production en série soit instantané pour l’utilisateur », lance Mathieu Régnier, PDG de Dagoma

Dagoma, constructeur Français d’imprimantes 3D situé à Roubaix (Nord) s’apprête à passer à l’échelle supérieure. La société va lancer la commercialisation de sa nouvelle machine, taillée pour l’industrie 4.0. Matthieu Régnier, PDG et co-fondateur, nous dévoile sa vision de l’impression 3D dédiée à la production en série.

 

Partager
Impression 3D : « Nous voulons que le passage du prototype à la production en série soit instantané pour l’utilisateur », lance Mathieu Régnier, PDG de Dagoma

Industrie & Technologies : Vous démarrez dans les prochains jours la commercialisation de votre nouvelle imprimante 3D, la PRO 430. Pourquoi avoir fait le choix de vous développer sur le créneau des applications industrielles ?

Matthieu Régnier : Depuis la création de Dagoma, en 2014, nous avions pour en tête de proposer une imprimante 3D qui serait en mesure de répondre aux exigences du monde de la production. Après avoir peaufiné pendant des années notre technologie d’impression 3D polymère par dépôt de fil de fondu (FDM) auprès des fablab et des bureaux d’études pour la mise au point de prototypes, notre technologie est arrivée à maturité. Nous atteignons aujourd’hui une résolution de 12,5 microns, ce qui nous permet de répondre à de nombreuses applications industrielles. Avec la PRO 430, nous voulons que le passage du prototype à la production en série soit instantané pour l’utilisateur. Il utilisera la même technologie et les mêmes outils du bureau d’étude à l’usine.

En 2020, Dagoma a produit de nombreux équipements et consommables pour les hôpitaux alors que la plupart des usines ne pouvaient produire. Ce contexte particulier a-t-il accéléré cette orientation vers une machine dédiée à la production ?

La crise sanitaire a très certainement changé la vision que certains pouvait avoir de l’impression 3D. Le grand public ainsi que de nombreux professionnels se sont rendus compte des atouts de la fabrication additive en tant qu’outil de production flexible et local. C’était probablement en germe auparavant, mais je pense que la crise a accéléré les choses. Toutefois, nous n’avons pas attendu le covid-19 pour développer la PRO 430. Elle était déjà en test en interne – notamment pour produire des pièces pour nos propres imprimantes – dès 2019.

Quelles sont les spécificités que vous avez développées pour répondre au monde industriel ?

Outre la plus grande précision de la tête d’extrusion, et sa chambre d’impression de 48 litres – parmi les plus grande du marché français -, nous avons voulu concevoir une imprimante capable de s’intégrer à l’usine 4.0. Cela passe évidemment par une plus grande connectivité et une plus grande interactivité de la machine avec l’environnement réseau de l’usine. Il est possible de gérer facilement et à distance un parc de machines. La production peut être lancée, contrôlée et monitorée depuis une simple tablette ou un smartphone.

Avez-vous développé la partie logicielle en interne ?

Oui, tout a été pensé en interne. Le logiciel de contrôle à distance est le fruit de la R&D de Dagoma. Toutefois, nous avons voulu faire de la PRO 430 un équipement le plus ouvert possible. Il est compatible avec de nombreux slicers [logiciels permettant de découper un modèle 3D en tranches pour préparer l’impression, ndlr] comme Cura, Simplify 3D ou Prusa Slicer. La machine accepte la plupart des fichiers supportés par ces slicers, comme STL, OBJ, 3MF… Cette approche ouverte se retrouve également dans les matériaux : notre imprimante est compatible avec tous les filaments de matières thermoplastiques d’un diamètre de 1,75 mm et possédant une température de transition vitreuse inférieure à 250°C. Cela comprend l’acide polylactique (PLA), le polypropylène (PP) ou encore le polyamide 6 (PA 6)…

Pourtant, vous proposez également des filaments à vos clients…

Oui, effectivement, mais nous proposons principalement des filaments en PLA, un plastique biodégradable, à faible impact environnemental. Il est également très propre lors de sa mise en œuvre par la tête d’extrusion, avec très peu d’émissions.

Est-ce un point que vous surveillez particulièrement ?

Oui, absolument. Nous nous sommes penchés sur un certain nombre d’études lors de la conception de la PRO 430, car nous voulions qu’elle soit la plus propre possible, lors de la production. Nous nous sommes rendus compte qu’un plastique de type acrylonitrile-butadiène-styrène (ABS) était particulièrement nocif lors de l’impression. Ce qui peut être problématique lorsque plusieurs machines sont en fonctionnement dans une pièce. L’ABS n’est donc pas une matière que nous recommandons.

Comment résoudre ce problème ?

Nous avons envisagé a un moment d’équiper nos machines de dispositifs filtrants, mais nos études ont montré que les filtres actuellement sur le marché, comme les filtres HEPA – les filtres passifs parmi les plus puissants- , ne protégeaient pas l’utilisateur des émissions d’éthylbenzène, d’hydrocarbures ou encore de toluène. Les imprimantes vendues sur le marché dotées d’un filtre HEPA filtrent certaines particules mais ne purifient pas l’air de certains éléments.

Pour capter ces émissions nocives, il faudrait installer des filtres actifs, dans lequel le gaz émis dans la chambre d’impression passerait dans un liquide ou serait soumis à un courant électrique pour capturer certaines molécules. Mais ces dispositifs sont extrêmement onéreux – entre 10 000 et 25 000 euros. Cela n’aurait aucun sens de les installer sur nos machines.

SUR LE MÊME SUJET

Sujets associés

NEWSLETTER L'hebdo de la techno

Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles clés de l'innovation technologique

Votre demande d’inscription a bien été prise en compte.

Votre email est traité par notre titre de presse qui selon le titre appartient, à une des sociétés suivantes...

Votre email est traité par notre titre de presse qui selon le titre appartient, à une des sociétés suivantes du : Groupe Moniteur Nanterre B 403 080 823, IPD Nanterre 490 727 633, Groupe Industrie Service Info (GISI) Nanterre 442 233 417. Cette société ou toutes sociétés du Groupe Infopro Digital pourront l'utiliser afin de vous proposer pour leur compte ou celui de leurs clients, des produits et/ou services utiles à vos activités professionnelles. Pour exercer vos droits, vous y opposer ou pour en savoir plus : Charte des données personnelles.

LES ÉVÉNEMENTS L'USINE NOUVELLE

Tous les événements

LES PODCASTS

Raymond Kopa, de la mine au stade de foot

Raymond Kopa, de la mine au stade de foot

Au nord, c’étaient les corons, la terre c'était le charbon, le ciel l’horizon, les hommes des mineurs de fond. Parmi eux, Kopaszewski Raymond.

Écouter cet épisode

Poundbury, cité idéale à la mode Charles III

Poundbury, cité idéale à la mode Charles III

S’il n’est pas encore roi, le prince Charles semble avoir un coup d’avance sur l’environnement. Au point d’imaginer une ville nouvelle zéro carbone.

Écouter cet épisode

A Grasse, un parfum de renouveau

A Grasse, un parfum de renouveau

Dans ce nouvel épisode de La Fabrique, Anne Sophie Bellaiche nous dévoile les coulisses de son reportage dans le berceau français du parfum : Grasse. Elle nous fait découvrir un écosystème résilient, composé essentiellement...

Écouter cet épisode

Les recettes de l'horlogerie suisse

Les recettes de l'horlogerie suisse

Dans ce nouvel épisode de La Fabrique, notre journaliste Gautier Virol nous dévoile les coulisses de son reportage dans le jura suisse au coeur de l'industrie des montres de luxe.

Écouter cet épisode

Tous les podcasts

LES SERVICES DE L'USINE NOUVELLE

Trouvez les entreprises industrielles qui recrutent des talents

ADSEARCH

Responsable Assurance Qualité (H/F)

ADSEARCH - 31/03/2023 - CDD - Bérengeville-la-Campagne

+ 550 offres d’emploi

Tout voir
Proposé par

Accédez à tous les appels d’offres et détectez vos opportunités d’affaires

02 - CLESENCE

Entretien et nettoyage des parties communes et service des ordures ménagères. Relance lots 11 et 12

DATE DE REPONSE 02/05/2023

+ de 10.000 avis par jour

Tout voir
Proposé par

ARTICLES LES PLUS LUS