"Il n'y aura pas d'alternative disponible au glyphosate dans les trois ans", affirme l'industrie des pesticides
A l'occasion de sa conférence de presse annuelle, l'Union des Industries de la protection des plantes (UIPP) a appelé à "plus de pragmatisme" dans les décisions politiques et a souligné qu'il ne serait pas possible de trouver une alternative au glyphosate dans les trois ans à venir.
Alors que l'interdiction du glyphosate est promise, en France, pour 2021, les agrochimistes s'alarment d'une décision basée sur le temps politique "plus que sur le temps scientifique". Ils ont d'ailleurs prévenu qu'aucune alternative ne serait disponible d'ici à cette date.
12 ans pour développer un nouveau produit
A l'occasion de sa conférence annuelle, l'UIPP - le syndicat qui réunit les industriels commercialisant les herbicides, les pesticides et les fongicides - a rappelé qu'aucune alternative au glyphosate n'était encore disponible. "Il faut en moyenne 10 à 12 ans pour développer et commercialiser un nouveau produit. Nous pouvons déjà affirmer qu'aucune alternative ne sera sur le marché d'ici trois ans", a ajouté Eugenia Pommaret, directrice générale de l'UIPP.
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"Nous souhaitons faire partie de la trajectoire qui nous mènera à l'agroécologie, mais pour cela l'UIPP doit être dans le radar de ceux que l'on doit consulter pour prendre des décisions sur les phytosanitaires", a expliqué Nicolas Kerfant, président de l'association et directeur des activités agro du chimiste BASF France. Il déplore ne pas avoir rencontré les anciens ministres de l'Agriculture et de l'Environnement avant les différentes annonces du plan eco-phyto.
Le syndicat a d'ailleurs ouvertement critiqué le discours politique qu'il juge en décalage avec le temps de la science. "En agriculture, l'incantatoire ne fonctionne pas", s'est emporté Nicolas Kerfant. "On nous demande de nous adapter mais les institutions changent les règles en cours de route. Comment répondre à un cahier des charges en perpétuelle évolution ?"
La France, pionnière du biocontrôle
Aujourd'hui, les investissements dans le biocontrôle - qui rassemble les alternatives non chimiques aux pesticides - représentent 1% du chiffre d'affaires mondial des entreprises membres de l'UIPP. D'ailleurs, plus de 40% des produits utilisables en agriculture biologique sont développés par les adhérents de l'association. "Il faut arrêter avec la dichotomie entre les entreprises qui fourniraient l'agriculture conventionnelle et le bio. Les agriculteurs bio ont également recours à des traitements et plus de 50% des produits de biocontrôle disponibles en France sont proposés par nos membres", insiste Eugenia Pommaret.
D'ici à 2025, le syndicat estime d'ailleurs que 25% des produits phytosanitaires utilisés en France seront issus du biocontrôle.
Un résultat dont se félicite l'UIPP mais qui pourrait être accentué, à ses yeux, par une meilleure visibilité sur l'évolution de la régulation du secteur. "Si la France veut être pionnière en matière de biocontrôle, elle doit motiver les entreprises à investir dans le pays", a souligné Nicolas Kerfant, rappelant que pour les entreprises internationales dont font parti leurs membres, le marché français n'est qu'une goutte d'eau. "Le gouvernement va avoir besoin de motiver les entreprises à investir sur son marché". Un sujet que l'UIPP espère pouvoir aborder directement avec les pouvoirs publics dans les semaines à venir.
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