Hydroxychloroquine : Méthodologie, données... Ce qui est reproché à l'étude parue dans The Lancet
Une lettre ouverte signée par des dizaines de scientifiques remet en question l'étude de The Lancet concluant sur l'inefficacité de l'hydroxychloroquine en traitement du Covid-19. Certains points de méthodologie et de traitement des données posent problèmes. Les auteurs de la lettre réclament plus de transparence sur les données de l'étude.
Est-ce un énième rebondissement dans le feuilleton de l'hydroxychloroquine ? Une semaine après sa publication dans The Lancet, des voix s'élèvent pour remettre en cause la pertinence de cette étude observationnelle, aux conséquences majeures pour l'évaluation du médicament dans le monde.
Portant sur l'efficacité de l'hydroxychloroquine, l'étude concluait sur l'inefficacité de ce médicament en traitement du Covid-19. Plus préoccupant encore, l'article pointait du doigt des risques cardiaques importants.
VOS INDICES
source
262 -0.38
Juin 2022
PVC
Base 100 en décembre 2014
96.6 -0.1
Juin 2022
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 21.20 − Préparations pharmaceutiques
Base 100 en 2015
189.1 +2.33
Juin 2022
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 20.1 − Produits chimiques de base, engrais, Produits azotés, plastiques, caoutchouc synthétique
Base 100 en 2015
Des conclusions qui ont entraîné la suspension de l'évaluation de la molécule dans l'essai Solidarity, mené par l'OMS. En France, la prescription d'hydroxychloroquine en traitement d'un Covid-19 est désormais suspendue.
Fait plutôt rare, plusieurs dizaines de scientifiques (cliniciens, statisticiens, chercheurs) issus du monde entier ont adressé une lettre ouverte aux auteurs de l'étude et à l'éditeur de la revue The Lancet.
Un manque de transparence qui pose question
Appelée "Préoccupations concernant l'analyse statistique et l'intégrité des données", la lettre détaille, en une dizaine de points, ce qui est reproché à l'étude parue dans The Lancet.
Les auteurs soulignent ainsi le manque de transparence des données utilisées pour cette étude. Contrairement à l'usage dans le monde de la recherche, et à la volonté de partager un maximum d'informations autour du Covid-19, les auteurs de l'étude n'ont pas rendu public le code du programme informatique utilisé pour traiter les données. Ils n'ont pas non plus rendu publiques les données traitées, issues des hôpitaux du monde entier.
Une opacité qui perdure, même quand les centres hospitaliers, dont sont issues les données, ont réclamé à avoir accès à leurs données.
La qualité des données remise en cause
Les signataires de cette lettre ouverte remettent également en question la qualité des données. Les valeurs issues de l'Australie diffèrent ainsi des chiffres officiels du gouvernement australien. Pour les données collectées depuis l'Afrique, la lettre considère comme "peu probable" que 40 % des décès enregistrés sur le continent aient pu se produire dans un hôpital doté de suffisamment de moyens techniques pour remonter l'ensemble des informations incluses dans l'étude de The Lancet.
Les chiffres sur la répartition entre le traitement à base de chloroquine et le traitement à partir d'hydroxychloroquine sont également jugés "peu plausibles" par certains continents. Les signataires s'étonnent enfin que les doses moyennes journalières d'hydroxychloroquine dans l'étude soient de 100 mg supérieures aux recommandations de la FDA.
Accès aux données et mise en place d'un comité indépendant
Les auteurs de l'étude en appellent ainsi à avoir accès aux données de l'étude. Une requête à laquelle un des auteurs de l'étude parue dans The Lancet, le Pr Mehra, avait opposé une fin de non-recevoir.
Car la collecte de ces données, portant sur 96 032 patients, a été rendue possible grâce à l'entreprise Surgisphere. Créée en 2008 et basée à Chicago, l'entreprise est spécialisée dans la collecte et le traitement des données de santé. Au coeur de la polémique, Surgisphere a déjà reconnu être responsable de l'écart constaté sur les données australiennes, plaidant une erreur de sélection.
Les signataires de la lettre ouverte demandent ainsi que soit mis en place un comité d'experts indépendants, chargé de valider les conclusions de l'étude.
De quoi constituer un énième retournement de situation sur l'évaluation de l'hydroxychloroquine ? Le débat sur le recours à ce médicament est encore loin d'être définitivement clos.