Hydroélectricité : Henri Proglio veut rester seul maître à bord des barrages
Interrogé par des parlementaires, le patron d'EDF s'est montré très critique sur la création de sociétés d'économie mixte à la tête des barrages français. Il est en faveur d'une prolongation des concessions en échange de travaux.
Mis à jour
19 septembre 2014
Le jeudi 18 septembre, le PDG d'EDF Henri Proglio était auditionné par la "Commission spéciale pour l'examen du projet de loi relatif à la transition énergétique pour la croissance verte". Au rang des questions des parlementaires : le nucléaire bien sûr, les énergies nouvelles évidemment, la politique européenne de l'énergie... La député de Paris, Cécile Duflot, a même mené une attaque ad hominem en s'interrogeant sur les intérêts que sert réellement le président d'EDF... Mais le sujet qui est le plus souvent revenu et sur lequel le patron de l'électricien historique s'est montré le plus offensif a été l'hydroélectricité.
La loi de transition énergétique, qui sera débattue à partie du 1er octobre au Parlement, prévoit de créer des sociétés d'économie mixte (SEM). Elles seront mises à la tête des barrages français et leur capital sera partagé entre l’État et des entreprises. Ces dernières seront sélectionnées par appel d'offres. Cette disposition permettra à la France de se mettre en accord avec l'Europe, qui exige que l'Hexagone ouvre 20 % de son potentiel hydroélectrique.
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Moyen d'optimisation
"Les SEM ont beaucoup de défauts et pas beaucoup de qualités", tranche Henri Proglio. A la tête d'un barrage, explique-t-il, il faut un seul exploitant. Puis il précise : "L'hydroélectricité n'est pas qu'un moyen de production. C'est aussi un moyen d'optimisation du système électrique. Si on ne le prend pas en compte, on oublie l'essentiel de sa valeur. Un des sujets est de savoir jusqu’où nous irons dans la concurrence et la désoptimisation !" Les grands barrages hydroélectriques permettent de répondre très rapidement à des appels de puissance sur le territoire et participent à maintenir le fin équilibre offre/demande sans recourir à des outils très émetteurs de carbone (comme des turbines à combustion).
Aussi, en matière d'hydroélectricité, Henri Proglio se dit favorable à "une prolongation des concessions en échange de travaux", dont il estime le montant à plusieurs milliards d’euros. Rappelons que 80 % des concessions hydroélectriques françaises sont exploitées par d'EDF et environ 17 % par GDF Suez. La perspective de l’ouverture à la concurrence des barrages français, outils très rentables et amortis, a attiré l’attention d’une dizaine d’électriciens européens, bien décidé à s’emparer de quelques édifices tricolores.
Ludovic Dupin
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