Hybridation électrique maritime : la jeune pousse girondine BlueNav a le vent en poupe
Fondée en 2020, BlueNav commercialise une gamme de moteurs électriques de 15 KW à 50 KW destinée à tout type de bateaux. Elle a remporté le prix du jury au concours innovation du Salon Nautic à la mi-décembre.
La jeune pousse girondine BlueNav vogue vers le succès depuis sa création en 2020. Lauréate du prix du jury, catégorie produit, au concours Innovation du Salon Nautic le 11 décembre dernier, l’équipe de BlueNav « [finalise] une levée de fonds qui, nous l’espérons, pourrait nous permettre de développer le marché européen et américain en moins de trois ans », souligne avec enthousiasme Hugo de Malherbe, directeur commercial chez BlueNav. Ce dernier ajoute que « la société comptait 12 salariés il y a un an, contre 28 aujourd’hui ! » BlueNav commercialise une gamme de moteurs électriques synchrones à aimants permanents – de 15 KW à 50 KW – aussi bien destiné aux bateaux de plaisance qu’aux navires professionnels.
Fondée il y a deux ans sur le bassin d’Arcachon, BlueNav est issue de l’entreprise E-Nautic spécialisée dans les services en électricité et électronique pour les bateaux. « Les équipes d’E-Nautic ont constaté, en accompagnant des particuliers ou des professionnels vers le retrofit de leurs bateaux, qu’il n’existait aucune solution française en termes de motorisation électrique ou hybride. Ce qui posait des problèmes de suivi et de maintenance pour les clients finaux… » raconte M. de Malherbe.
Milieu corrosif
Bien que la brique technologique ait déjà été développée et optimisée pour le secteur automobile ( les moteurs synchrone à aimants permanents ), BlueNav a dû innover côté matériaux, pour les adapter à un milieu soumis aux phénomènes de corrosion et d’électrolyse. « Le premier sujet est celui de la durabilité et la résistance des turbines dans l’eau, plus d’un an a été nécessaire au prototypage. Nous avons également travaillé sur l’homogénéité des métaux (utilisés pour les vis et les rails qui permettent de rétracter nos moteurs) : nous utilisons des anodes sacrificielles, à savoir des métaux moins nobles qui seront attaquées à la place des autres métaux sur une période qu’on estime à plus de 1500 heures dans l’eau », explique M. de Malherbe. Si plusieurs brevets ont été déposés par la startup, ils concernent moins l’aspect matériaux que l’ingénierie mécanique – les systèmes de rétractabilité et de giration de leurs motorisations – et l’innovation numérique de leur « interface homme-machine ».
Les premiers moteurs électriques BlueNav ne sont pas voués à propulser l’ensemble du navire : la startup se positionne sur ce qu’elle appelle « l’hybridation douce ». « Il y a certains endroits où il est interdit de jeter l’ancre, pour ne pas abîmer les fonds marins. Grâce à notre système de motorisation électrique couplé à un GPS, nous sommes capables de proposer un "mouillage virtuel" qui permet au bateau de rester en mode stationnaire », développe le directeur commercial. D’autres réglementations en faveur de la protection de zones maritimes se développent, assure Hugo de Malherbe : « Il y a désormais des zones protégées, le long des côtes notamment, où il est interdit de naviguer avec des moteurs thermiques. C’est également le cas pour certaines eaux intérieures, notamment dans les pays nordiques. »
Objectif : 100 moteurs vendus fin 2022
Dans ce contexte favorable, BlueNav n’est pas seul à bord et la concurrence prend également ses marques. « Nos deux principaux concurrents sont le Finlandais Ocean Volt (mais n’adresse que le marché des voiliers) et Torqueedo (qui ne cible que les petites motorisations). Quant aux gros acteurs traditionnels (Yamaha ou Mercury par exemple), ils se positionnent plutôt sur des équivalents en électriques de leurs gammes actuels thermiques… ce qui nécessite une grande quantité de batteries ! »
BlueNav, qui a pour l’instant équipé une dizaine de bateaux issue des prototypages, porte l’ambition de vendre 100 moteurs d’ici fin 2022, produit au sein de leur usine basée sur le port d’Arcachon. « Nous avons démarré la commercialisation de nos moteurs il y a trois mois à peine. L’industrialisation de la production, c’est le grand chantier du moment ! » conclut le directeur commercial.
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