Huawei ne sera pas banni de la 5G en France mais "il y aura des refus", prévient l'Anssi
En théorie, Huawei pourra participer au déploiement de la 5G en France. Mais le recours au groupe chinois devra se faire dans des conditions limitées. "Il y aura des refus", a prévenu le 6 juillet le directeur général de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi).
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06 juillet 2020
Quel sort sera réservé à Huawei en France pour le déploiement de la 5G ? Le directeur général de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi) a dévoilé sa position lundi 6 juillet dans un entretien avec Les Échos. "Il n'y aura pas un bannissement total", a indiqué Guillaume Poupard. Mais les opérateurs télécoms ne seront pas encouragés à avoir recours aux équipements du géant chinois.
"Le risque n'est pas le même" avec des équipementiers non-européens
"Les opérateurs qui n’utilisent pas Huawei, nous les incitons à ne pas y aller car c’est un peu le sens naturel des choses", a soutenu le directeur général de l'Anssi, Guillaume Poupard. "Ceux qui l’utilisent déjà, nous délivrons des autorisations dont la durée varie entre trois et huit ans", a-t-il poursuivi.
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"Il y aura des refus", a ajouté Guillaume Poupard, tout en précisant qu'ils ne concerneront pas Nokia et Ericsson, les concurrents européens du groupe chinois dans les équipements nécessaires à la nouvelle norme de téléphonie mobile. Par élimination, les refus concerneraient donc Huawei. "Nous ne sommes pas dans du Huawei bashing, ni dans du racisme anti-chinois, se défend le directeur général. Nous disons juste que le risque n’est pas le même avec des équipementiers européens, qu’avec des non-européens. Il ne faut pas se mentir."
Un bras de fer entre les États-Unis et la Chine
Huawei est au coeur d'un bras de fer aux allures de Guerre froide entre les États-Unis et la Chine. L'administration américaine soupçonne l'équipementier de se livrer à des opérations d'espionnage pour le compte de la Chine et s'inquiète de l'avancée technologique prise par le groupe chinois.
Le déploiement de la 5G, avec le rôle qu'y joue Huawei, est devenu un enjeu géopolitique international. Les États-Unis réclament de leurs alliés qu'ils en excluent le géant chinois, lequel dément de son côté que Pékin puisse utiliser ses structures pour des missions d'espionnage.
En mars, des sources avaient déclaré à Reuters que la France autoriserait les opérateurs télécoms à utiliser une partie des équipements de Huawei mais seulement pour les parties non sensibles du réseau, comme les antennes, qui posent moins de risques en termes de sécurité que les "coeurs de réseau", équipés de logiciels traitant de données sensibles dont celles des usagers. Dans l'interview qu'il a accordée aux Échos, Guillaume Poupard ne précise pas sur quels types d'équipements s'appliqueront les refus.
Bouygues Telecom redoute une distrorsion de la concurrence
"À partir de la semaine prochaine, certains opérateurs qui n’auraient pas reçu de réponse peuvent considérer que c’est un refus, conformément à ce que prévoit la loi", souligne Guillaume Poupard. Orange a annoncé fin janvier qu'il avait choisi Nokia et Ericsson au détriment de Huawei. Free (Iliad) avait pour sa part opté dès septembre 2019 pour un partenariat avec Nokia pour construire son réseau 5G en France et en Italie.
Bouygues Telecom et SFR en revanche ont des équipements Huawei. "La vraie question en cas de refus, c’est comment on rend cette décision absorbable par l’opérateur. [...] L'objectif n’est évidemment pas de les tuer !", dit le patron de l'Anssi. Interdire aux opérateurs télécoms déjà équipés d'infrastructures Huawei de recourir à l'équipementier chinois pour la 5G pourrait engendrer une distorsion de la concurrence sur le marché français, estimait en février Martin Bouygues, dont le groupe n'excluait pas de porter si nécessaire l'affaire en justice.
Outre le débat sur Huawei, le déploiement de la 5G suscite également des interrogations sur son impact sanitaire. L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) doit publier les résultats d'un rapport préliminaire sur le sujet au premier trimestre 2021.
Avec Reuters (Henri-Pierre André)
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