HSBC abandonne un objectif de rentabilité 2020, le titre chute
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\ 11h13
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HONG KONG/LONDRES (Reuters) - HSBC a fait état lundi d'un recul plus marqué que prévu de son bénéfice trimestriel, tout en renonçant à un objectif de rentabilité qui avait été fixé pour 2020 et en laissant entrevoir de nouvelles coûteuses mesures de restructuration.
A la suite de ces données, le titre de la banque britannique plongeait vers 11h00 GMT de 4,44%, accusant de loin la plus forte baisse d'un indice Stoxx 50 en baisse de 0,31% et entraînant dans son sillage ses concurrentes locales, Lloyds cédant 1,76%, Royal Bank of Scotland 1% et Barclays 0,1%.
Noel Quinn, directeur général par intérim de HSBC qui semble vouloir traiter à bras le corps les problèmes de la banque dans l'espoir d'une nomination définitive, a qualifié d'"inacceptables" les performances des activités européennes et américaines.
Il a ajouté que les investisseurs pourraient cependant devoir patienter jusqu'à l'année prochaine pour en savoir plus sur la manière dont il entend "remodeler" la première banque européenne en termes d'actifs.
La perspective d'une nouvelle restructuration au sein de HSBC, qui réalise l'essentiel de ses profits en Asie, intervient dans un contexte particulièrement difficile, avec la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, les remous politiques à Hong Kong, les incertitudes liées au Brexit et un cycle d'assouplissement monétaire.
HSBC, qui a remercié début août son directeur général John Flint 18 mois après l'avoir nommé, a dégagé sur les trois mois à fin septembre un bénéfice imposable en baisse de 18%, à 4,8 milliards de dollars (4,3 milliards d'euros), contre 5,9 milliards il y a un an et un consensus des analystes financiers fourni par la banque de 5,3 milliards.
"Globalement, ce sont de mauvais résultats", a déclaré Edward Firth, analyste chez KBW.
"Mais la bonne nouvelle c'est que ces performances semblent enfin inciter la direction à prendre certaines des mesures attendues (par les intervenants de marché) pour résorber les zones de faiblesse", a-t-il dit.
DES CHARGES PENDANT PLUSIEURS TRIMESTRES DE SUITE-DG
Les actionnaires et spécialistes du secteur bancaire voient cette première présentation de résultats par Noel Quinn comme une sorte de pré-audition censée déterminer si ce dernier a les qualités pour être nommé définitivement.
"Certaines parties de nos activités, notamment en Asie, se sont bien maintenues dans un environnement difficile au troisième trimestre", dit-il, cité dans un communiqué.
"Cependant, dans d'autres activités, les performances ont été inacceptables (...) Les plans précédents mis en place ne suffisent plus à améliorer les performances de ces activités, étant donné les perspectives détériorées en matière de croissance des revenus", ajoute-t-il.
L'activité de banque de détail aux Etats-Unis, qui souffre depuis des années de la concurrence de rivaux domestiques autrement plus gros et qui a accumulé 189 millions de dollars de pertes sur les neuf premiers mois de l'année, est une grosse épine dans le pied de Noel Quinn.
Mais ce dernier, malgré l'adjectif "inacceptable", a ajouté n'avoir pas l'intention de quitter la banque de détail aux Etats-Unis, notant cependant qu'une réduction de la voilure n'était pas exclue.
HSBC a souligné qu'elle n'atteindrait pas son objectif d'un rendement des fonds propres (ROE) de 11% fixé pour 2020 en raison de ces perspectives, jugées "plus difficiles" qu'en début d'année.
L'établissement, qui souffre également dans la banque d'investissement, veut sortir d'activités à bas rendement tout en ajustant sa base de coûts.
"Ces mesures, ainsi que toute nouvelle détérioration des conditions de marché, pourraient entraîner des charges importantes au quatrième trimestre et au-delà, dont des dépréciations d'amortissement et des charges de restructuration supplémentaires", a poursuivi Noel Quinn.
HSBC a précisé que ses pertes sur crédits, qui incluent une "charge pour tenir compte des perspectives économiques de Hong Kong", avaient augmenté de 400 millions de dollars au troisième trimestre.
L'économie de Hong Kong est entrée en récession après cinq mois de manifestations antigouvernementales qui ont mis l'activité du territoire autonome chinois quasiment à l'arrêt, a annoncé plus tôt dans la journée le secrétaire aux Finances de l'exécutif hongkongais.
(Benoit Van Overstraeten pour le service français, édité par Bertrand Boucey et Jean-Michel Bélot)