Le conseil d'administration de HP (114,6 milliards de dollars de chiffre d'affaires et 304 000 salariés en 2009) aurait souhaité replonger le groupe dans la crise qu'il ne s'y serait pas pris autrement. Incompris dans ses explications sur les faits qui auraient entraîné le départ de Mark Hurd, PDG de HP depuis 2005, celui-ci est désormais aussi sous le coup d'une première plainte d'actionnaires, déposée en Californie par le cabinet d'avocats Scott+Scott LLP pour le compte de Brockton Contributory Retirement System, un fonds de pension du Massachussetts.
Un manque de loyauté ?
Selon l'agence Reuters, qui signale que la capitalisation boursière de HP a fondu d'environ 14,4 milliards de dollars depuis l'annonce de la « démission », il est reproché au dix membres du conseil d'administration « de ne pas avoir respecté leurs devoirs de loyauté lors du départ du directeur général Mark Hurd, dont la soudaineté a entraîné une chute du cours de l'action en Bourse ». Plus grave, en amont de ce départ, les administrateurs n'auraient pas « convenablement divulgué l'existence d'une enquête interne sur les agissements de Mark Hurd ».
Enfin, considérant les griefs du groupe à l'égard de son ex-PDG, Brockton Contributory Retirement System demande la mise sous séquestre des indemnités de départ de Mark Hurd, qui pourraient dépasser 40 millions de dollars. A l'appui des arguments fournis par HP, le fonds estime en effet que ce montant aurait pu être limité en procédant à un licenciement pour faute.
Il n'est pas le seul à s'étonner du montant de l'indemnité de départ susceptible d'être accordée à Mark Hurd. « Il semble complètement fou de verser de telles sommes d'argent à quelqu'un qui a quelque chose à se reprocher », indique par exemple Jean-Paul Vouiller, élu syndical CFTC au comité d'entreprise européen de HP. Dans un communiqué publié ce jour, son syndicat réitère ses demandes d'explications sur « les véritables raisons du limogeage du PDG d'HP » et annonce avoir saisi la Direction des filiales françaises et le comité d'entreprise européen. L'affaire semble donc loin d'être terminée.
Christophe Dutheil