Hinkley peut donner un coup de fouet au nucléaire, estime Bricq
par Michel Rose
PARIS (Reuters) - L'accord entre le gouvernement britannique et EDF pour construire la centrale nucléaire de Hinkley Point doit encourager d'autres pays à s'équiper, a déclaré mardi la ministre française du Commerce extérieur, Nicole Bricq.
Située dans le sud-ouest de l'Angleterre, Hinkley Point sera la première centrale nucléaire créée depuis la catastrophe de Fukushima. EDF construira deux réacteurs EPR d'Areva, avec deux partenaires chinois, pour un montant de près de 19 milliards d'euros.
"Ça aide d'avoir ce projet", a déclaré Nicole Bricq lors d'un entretien à Reuters. "Ça donne un message positif non seulement à d'autres Européens mais aussi à d'autres pays dans le monde qui veulent s'équiper."
Elle a salué la coopération entre les acteurs français sur ce projet, après l'échec de 2009 aux Emirats arabes unis que des experts ont mis sur le compte des dissensions entre EDF et Areva, et a annoncé la création le 12 novembre d'un groupement de ces industriels s'inspirant du Gifas créé dans le secteur aéronautique.
"C'était extrêmement important d'y arriver. Et si on doit rendre à César ce qui est à César, le négociateur sur place d'EDF (Vincent de Rivaz, NDLR) a été excellent, excellent", a estimé la ministre. "Cela dit, tout le monde s'y est mis. Pour une fois nos géants du nucléaire ce sont bien entendus."
Elle a cité la Pologne et l'Arabie Saoudite parmi les pays intéressés par la construction de centrales nucléaires, tout en expliquant que la concurrence des constructeurs coréen et nippo-américain était "redoutable".
PERSPECTIVES EN CHINE
Mais les perspectives les plus proches sont, selon elle, en Chine, un pays qui prévoit de construire la moitié des 150 réacteurs nucléaires prévus dans le monde d'ici 2025 et où EDF construit déjà deux EPR avec le groupe chinois CGNPC.
"L'année prochaine sera une année très importante France-Chine. C'est le 50e anniversaire de la reconnaissance de la République populaire de Chine" par la France. "Ça reste quelque chose de très fort du côté des Chinois et c'est le 30e anniversaire du partenariat stratégique que nous avons avec la Chine", a ajouté Nicole Bricq.
Le fait que les deux principales compagnies nucléaires chinoises -China General Nuclear Corporation (CGNPC) et China National Nuclear Corporation (CNNC)- travaillent avec EDF sur le projet Hinkley Point est un pas important, a estimé Nicole Bricq.
"Donc j'espère bien que nous aurons une réponse à nos questions", a-t-elle déclaré. "Je suis allée visiter le chantier de Taishan à côté de Canton et il doit y avoir en tout 28 tranches de nucléaires. Pour l'instant, nous construisons l'EPR, et nous n'avons pas de réponse sur ce qui va se passer après."
"Evidemment, nous sommes intéressés par ce qu'il reste à faire en plus. La Chine a d'énormes besoins d'électricité et a surtout besoin d'avoir moins de pollution."
Nicole Bricq a précisé n'avoir aucune nouvelle information sur l'enquête qui a été lancée l'an dernier en France sur les transferts de technologies avec la Chine, pour savoir si les accords entre EDF et CGNPC respectaient les intérêts stratégiques français.
Jean-Baptiste Vey pour le service français