Heureux comme un manager… chinois
Les managers occidentaux, et en particulier français, seraient "à bout de souffle", selon une étude internationale menée par le BCG et Ipsos. Contrairement à leurs homologues chinois. La solution ? Revoir les plans de carrières et de développement des compétences.
Etre manager ne fait plus rêver, en France comme ailleurs dans le monde. Telle est la conclusion de l’étude menée par le cabinet de conseil en stratégie Boston Consulting Group (BCG) avec l’institut de sondage Ipsos, dévoilée le 18 septembre.
Après avoir questionné, entre le 14 juin et le 15 juillet 2019, 5 000 employés et managers issus d’entreprises de plus de 200 salariés dans cinq pays - la Chine, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et les États-Unis -, ils relèvent que dans les pays occidentaux, seul 1 employé sur 10 aspirerait désormais à devenir manager et 37% des managers entendraient le rester dans les prochaines années.
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La singularité de la Chine
Seul pays du panel épargné par cette crise managériale, selon le BCG et Ipsos, la Chine. Là-bas, les managers interrogés se sentiraient plus utiles, respectés, reconnus et motivés qu’auparavant (durant les années précédentes) à plus de 80%, mais aussi moins surchargés de travail ou encore stressés… En Chine, 70% des managers espéreraient ainsi bien le rester dans les cinq à dix ans et s’estimeraient encouragés à développer leurs compétences techniques et managériales, contrairement au ressenti des managers des pays occidentaux.
Les Chinois interrogés n’en ont pas moins leur propre crainte de l’avenir : ainsi 53% d’entre eux jugent que, dans les cinq ans, leur niveau de management pourrait disparaître au sein de leur entreprise, et 36% qu’ils pourraient perdre leur emploi (contre 24% des Français).
Les Français toujours pessimistes
Comme d’habitude selon les sondages, les Français feraient partie des plus pessimistes : 85% de nos managers interrogés trouveraient ainsi leur métier plus compliqué qu’auparavant, contre 81% pour la moyenne occidentale. Ils se sentiraient aussi plus débordés, stressés (à 74% contre 69% en moyenne), voire plus démotivés que durant les années précédentes (59% des interrogés, contre 52%).
Déçus par le manque d’accompagnement et de clarification de leur rôle et leur mission, seuls 32% des managers français interrogés estimeraient que leur fonction comporte plus d’avantages que d’inconvénients (contre 41% en moyenne). Pessimisme aussi sur l’avenir de leur fonction, qui pourrait disparaître d’ici cinq à dix ans, selon 38 % d’entre eux.
Le "bon manager" diffère selon les pays
"En France, managers et managés ont globalement la même perception de ce qu’est un bon manager : il motive, donne du sens et élimine les obstacles. Cette perception du « manager idéal » est différente en Chine et en Allemagne : 59% des Allemands attendent de leur manager qu’il prenne des décisions (vs 40% en France)", précisent les auteurs de l’étude.
Dès lors, quelles seraient donc les attentes des salariés et managers, selon le BCG et Ipsos ? Plus d’autonomie, de coopération et de responsabilisation. "Alors qu’ils sont essentiels pour le succès de l’entreprise, les managers ne savent plus aujourd’hui ce que l’on attend d’eux et ont l’impression d’être à la croisée de toutes les contraintes. Il est temps de repenser leur rôle. C’est justement ce que nous observons dans les entreprises qui passent à l’agile", estime Vinciane Beauchene, directrice associée au BCG et auteure de l’étude.
L'heure serait à l'agilité
Elle préconise donc cette méthode issue des entreprises du web et des start-up visant à rendre les équipes "pluridisciplinaires et plus autonomes", et le manager "avant tout garant de l’alignement et de l’autonomie". "L’agile peut être un remède à la crise managériale actuelle mais nécessite une refonte profonde des parcours de carrières et de développement des compétences. Un sujet qui doit être pris en main par les directions générales", précise Vinciane Beauchene.
Citant notamment des exemples issus de Google (culture de la reconnaissance par la distribution de récompenses et bonus), Airbus (possibilité de conduire des carrières en tant qu’expert sans occuper un poste de manager), ou encore Danone (avec des carrières personnalisées, non verticales, internationales…).
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