[Conflit Airbus/Boeing] La colère des Français face à la hausse des taxes américaines sur les pièces détachées liées à l'aéronautique et les vins français
Les Etats-Unis ont annoncé mercredi 30 décembre qu'ils allaient relever les surtaxes imposées à certains produits de l'Union européenne, parmi lesquels des pièces détachées liées à l'aéronautique et des vins français et allemands. Une décision déplorée par la France, l'Europe et le constructeur aéronautique européen Airbus.
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Mis à jour
04 janvier 2021
Le conflit entre Washington et Bruxelles sur les subventions à leurs géants de l'aéronautique Boeing et Airbus n'en finit plus. Le bureau du représentant américain au Commerce (USTR) a annoncé mercredi 30 décembre dans un communiqué que les Etats-Unis allaient relever les surtaxes imposées à certains produits de l'Union européenne, parmi lesquels des pièces détachées liées à l'aéronautique et des vins français et allemands. Il n'a pas précisé quand ces surtaxes entreraient en vigueur, promettant des détails "à venir".
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Les accusations des Etats-Unis envers l'Europe
Washington avait exprimé en novembre sa déception face au choix de Bruxelles d'imposer des droits de douane sur quelque 4 milliards de dollars de produits importés des Etats-Unis, après l'autorisation en ce sens donnée à l'UE par l'Organisation mondiale du commerce (OMC). L'USTR a donc décidé de riposter en accusant dans son communiqué du 30 décembre l'Union européenne d'avoir calculé de manière erronée les taxes sur les produits américains après l'autorisation de l'OMC. "L'UE doit prendre des mesures pour compenser ce manque d'équité".
A Paris, le gouvernement français évoque une entrée en vigueur au 12 janvier.
Côté politique, Bruno Le Maire, ministre français de l’Economie et des Finances, de même que Julien Denormandie (Agriculture), Franck Riester (Commerce extérieur) et Jean-Baptiste Djebbari (Transports) ont condamné la décision des Etats-Unis.
"L’augmentation significative des produits européens faisant l’objet de sanctions américaines à partir du 12 janvier prochain conduira les Etats-Unis à dépasser le montant qui leur a été autorisé par la décision de l’OMC et fera peser un nouveau préjudice inacceptable sur les exportateurs européens, en particulier à l’encontre de nos producteurs de vins et spiritueux ainsi qu’au secteur de l’aéronautique", indiquent-ils dans un communiqué commun.
"Cette décision américaine inamicale vient rompre de manière unilatérale les discussions qui étaient en cours entre l’Union européenne et les Etats-Unis pour aboutir à une solution amiable à ce contentieux vieux de 15 ans. Nous continuons d’appeler les Etats-Unis à retirer immédiatement les sanctions existantes de part et d’autre."
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Le comportement de Washington complique les négociations destinées à aplanir les divergences, a dénoncé la Commission européenne dans un communiqué, en ajoutant qu'elle prendra contact dès que possible avec l'administration de Joe Biden, qui succédera le 20 janvier 2021 à Donald Trump, pour trouver une solution.
Début décembre, le Royaume-Uni a décidé de suspendre dès le 1er janvier 2021 ces surtaxes douanières sur les produits américains imposées par l'Europe. Plusieurs capitales européennes avait alors perçu la décision britannique comme une trahison vis-à-vis du constructeur européen.
L'OMC avait au préalable autorisé, l'an dernier, les Etats-Unis à appliquer des taxes sur 7,5 milliards de dollars d'importations en provenance de l'UE.
Les entreprises font les frais, de part et d'autre de l'Atlantique
Françaises, européennes et même américaines, de nombreuses entreprises font les frais de ce conflit commercial.
Parlant d'une décision "contre-productive à tous égards", un porte-parole d'Airbus juge dans un communiqué qu'elle pénalisera aussi des travailleurs et des consommateurs américains. "Airbus espère que l'Europe répondra de manière appropriée pour défendre ses intérêts et ceux de toutes les entreprises et secteurs européens, y compris Airbus, visés par ces droits de douane injustifiés".
Selon le président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France (FEVS), les nouvelles mesures ajoutées à celles prises en octobre 2019 coûteront plus d'un milliard d’euros à la filière. "C’est un véritable coup de massue dans un combat dans lequel nous n’avons rien à voir", a déclaré à Reuters César Giron. "Depuis la mise en œuvre de ces sanctions, les exportateurs frappés par les mesures américaines n’ont bénéficié d’aucun accompagnement, d’aucun soutien de la part des autorités françaises ou européennes. Il est indispensable que cela change et qu’enfin (...) les pouvoirs publics mettent en place les nécessaires dispositifs d’accompagnement de nos entreprises, fortement affaiblies par l’effet cumulé des sanctions américaines et de la situation sanitaire", souligne-t-il dans un communiqué.
Le président de l'Alliance commerciale américaine des vins a déclaré que cette nouvelle mesure allait engendrer une difficulté supplémentaire pour les entreprises américaines déjà frappées par de précédentes taxes douanières. Il a appelé le président élu américain Joe Biden à opérer rapidement un revirement. "Cette action est un coup au corps porté aux entreprises américaines", a déclaré Ben Aneff. "Les restaurants et petites entreprises des Etats-Unis peinent déjà à survivre; cette décision va seulement détruire davantage d'emplois et fermer des portes supplémentaires".
Plus tôt en décembre, l'ambassadrice de l'Allemagne aux Etats-Unis, Emily Haber, avait appelé à une résolution rapide d'un litige qu'elle a décrit comme une distraction empêchant de s'occuper de problèmes plus importants qui nécessitent une action commune, comme le changement climatique et la pandémie de coronavirus.
Avec Reuters (Susan Heavey, avec Andrea Shalal à Washington, Sybille de La Hamaide à Paris et Philip Blenkinsop à Bruxelles; version française Jean Terzian et Jean-Philippe Lefief)
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