Greenpeace fait grimper le coût du grand carénage du parc nucléaire français
Selon une étude réalisée pour Greenpeace, la facture pour prolonger l’exploitation des réacteurs nucléaires pourrait être quatre fois plus élevée que les prévisions d’EDF. Le grand carénage du parc français est aujourd’hui chiffré à 55 milliards d’euros par l’électricien.
Greenpeace est hostile à la prolongation du parc nucléaire d’EDF. Mais cette fois-ci, l’ONG n’appuie pas son argumentation uniquement sur la sûreté. Elle pointe le risque d’un coût prohibitif pour un tel projet. Elle s’appuie sur un rapport commandité au cabinet Wise-Paris, proche des mouvements environnementaux et anti-nucléaires. Dans son étude présentée le 25 février, le cabinet juge que la prolongation de la durée de vie de 40 à 60 ans des 56 réacteurs du parc nucléaire - hors Fessenheim - a été largement sous-estimée.
EDF a prévu de dépenser 55 milliards d’euros d’ici 2025 sur l’ensemble du parc pour les opérations de maintenance lourde appelées grand carénage. Soit un peu moins d’un milliard par réacteur en moyenne. Devant les parlementaires, Dominique Minière, le directeur délégué à la direction Production-Ingénierie d'EDF, a même décrit ces investissements dans le détail : 10 milliards d’euros pour les effets post-Fukushima, 20 milliards pour la mise à niveau des centrales lors des opérations de maintenance et des visites décennales, 15 milliards pour remplacer les grands composants et 10 milliards pour des projets patrimoniaux.
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Selon le cabinet mandaté par Greenpeace, il faudrait plutôt dépenser 1,35 milliard d’euros par réacteur pour une sûreté préservée à son niveau actuel. Et il faudrait investir jusqu’à 4 milliards d’euros pour une sûreté élevée équivalente à celle de l’EPR, le réacteur français de 3ème génération. Ce budget serait plombé par les travaux à réaliser sur les piscines de combustibles usés. A la suite de l’accident de Fukushima, ces installations ont été montrées du doigt pour leur vulnérabilité.
Greenpeace et l’ASN en lanceurs d’alerte
Greenpeace et l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) peuvent faire cause commune sur ce sujet. Bien sûr, l’ASN n’a pas fait d’estimation sur le coût des travaux, car ce n’est pas sa fonction. Mais son président, Pierre-Franck Chevet, ne cesse de rappeler que la prolongation n’est pas acquise. Selon lui, de nombreuses questions se posent pour atteindre un niveau de sûreté très proche de l’EPR. Il a même précisé, lors des vœux de l’ASN en janvier, que la question des piscines serait primordiale. L’ASN doit donner un premier avis en 2015 sur le programme d’EDF.
Greenpeace estime que les réacteurs ne doivent pas être conduits au-delà de 40 ans. Quoi qu’il en soit, la France doit se prononcer très vite. Sans grand carénage, deux à huit unités atteindront l’âge de 40 ans tous les ans entre 2020 et 2030. Cela signifie que 1 800 à 7 200 MW seront retirés du réseau annuellement. Dans ce cas, il faudra les compenser par de nouveaux outils de production, nucléaires ou pas. S’ils sont nucléaires, il est urgent d’anticiper la construction de nouvelles centrales…
Ludovic Dupin
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