Global Industrie 2023 : les Awards récompensent une innovation tournée vers l’intuitivité
La grande messe française de l’industrie, Global Industrie, qui a ouvert ses portes le 7 mars dernier à Lyon et ce jusqu’au 10 mars a décerné ce mardi ses GI Awards à six entreprises, start-up, PME, et ETI. Ce prix, en plus de fédérer les initiatives, récompense des solutions qui simplifient cette année les relations entre l’homme et la machine.
La cinquième édition du salon Global Industrie a été lancée lundi 7 mars dernier à Lyon Eurexpo dans un climat d’incertitude alors qu’une journée de grève nationale débutait. Mais contre toute attente, le public n’a pas flanché. Au contraire cette année, dans un contexte économique troublé qui fait suite à deux ans de crise sanitaire, l’évènement phare de l’industrie qui fusionne 5 salons plus sectoriels renoue avec son public.
Julie Voyer, directrice adjointe de Global Industrie chez GL Events Exhibitions s'en est félicité lors de la cérémonie de remise des GI Awards organisée le premier jour du salon : « Nous accueillons cette année 2300 exposants et plus de 40 000 visiteurs. C’est le signe que l’industrie reprend des couleurs et c’est un soulagement. Sa résilience est un atout pour l’innovation industrielle française. » Un autre signe qui ne trompe pas : la présence cette année durant les deux premiers jours du salon du ministre de l’Industrie. Roland Lescure, qui a clôturé la cérémonie des Awards, en a profité pour souligner l’importance du rôle des start-up industrielles « Les lauréats récompensés aujourd’hui donnent l’exemple. Nous continuerons de soutenir leurs initiatives dans le futur », a-t-il insisté.
Les GI Awards qui récompensent chaque année les solutions innovantes de l’industrie française permettent ainsi de capter les tendances et de fédérer les acteurs. 6 lauréats ont été récompensés parmi 23 nominés sur 108 services et produits concourants. Cette année, c’est la recherche d’intuitivité dans les usages et l’adaptabilité des machines aux utilisateurs qui s’illustre dans les solutions primées. La sécurité et la décarbonation font également partie des objectifs recherchés.
Partenariat exemplaire : Somocap et Epsilon Composite combinent leurs procédés
Somocap est une PME spécialisée depuis 35 ans dans les technologies de transformation des pièces thermoplastiques, élastomères et composites pour des secteurs diversifiés allant de l’aéronautique au médical en passant par le bâtiment. Dans le cadre de sa stratégie d’innovation, elle a noué un partenariat avec la société Epsilon Composite, pionnière dans le procédé de pultrusation de profilés composites en fibre de carbone dans lequel la matière est tirée en continu à travers une filière chauffante. Ensemble, elles ont identifié le potentiel de fabrication de tubes de structures en carbone pour l’aéronautique. Elles ont donc associé leurs compétences en 2017 en co-brevetant un procédé de surmoulage thermoplastique de tubes fabriqués en pultrusation.
Ce procédé assure leur jonction par fixation d’inserts en alternative aux procédés traditionnels de collage structurel ou de rivetage. « Nous gagnons sur de nombreux tableaux, sur l’automatisation et la production de larges séries, sur un recyclage facilité et via une réduction globale des coûts de 30% », énumère Stéphanie Sorhouet, responsable du développement commercial de Somocap. Dès 2018, ce nouveau procédé a été retenu par Airbus pour la réalisation de structures de coffres à bagages de l’A350. En 2022, il a obtenu de nouvelles qualifications pour des applications comme bras de robot et rampe agroalimentaire.
Technologie de production : Numalliance invente le galet de cintrage avec efface-pli intégré
Numalliance est un fabricant spécialisé depuis 1986 dans les machines à commande numérique pour formage de fils, de tubes et de méplats. Avec six sites de production en France, un aux Etats-Unis et un autre au Mexique, la société de 450 salariés possède déjà une présence mondiale auprès de clients de l’aéronautique et de l’automobile notamment. Les Awards saluent l’évolution majeure qu’elle apporte à ses machines de cintrage de tubes métalliques par enroulement grâce la conception d’un galet de cintrage intégrant un efface-pli. Ce produit breveté depuis février dernier sur les marchés européen, américain et en Chine a nécessité deux ans de développement par son bureau d’études.
« Jusqu’à maintenant dans ces machines, les deux éléments, galet et efface-pli, étaient toujours séparés. Le réglage de l’efface-pli demandait du temps. Ce nouveau produit permet de gagner en productivité et en simplicité d’utilisation pour les opérateurs », souligne Hervé Lasnier, directeur commercial Régional de Numalliance, présent sur le salon. Ce système intégré qui s’adapte à toutes les machines s’avère bien adapté aux tubes de faible épaisseur dont le cintrage nécessite l’utilisation d’un efface-pli, soit ceux de 12 à 150 mm de diamètre, dont le rapport diamètre sur rayon est inférieur à 2,5. La société a déjà conquis les premiers utilisateurs de son ingénieux galet en France et elle devrait d’ici à quelques semaines investir le marché américain.
Transition numérique : Keyprod assure le suivi de production par vibrations
Jeune filiale numérique de la société JPB Système qui fabrique des pièces pour l’aéronautique, Keyprod a développé une solution IoT simple et originale de suivi de production basée sur la détection des vibrations des machines. Elle se compose d’un capteur qui écoute et comprend les vibrations grâce à un algorithme d’intelligence artificielle. « Il fonctionne à la manière d’un Shazam industriel », illustre César Allievi, responsable marketing de Keyprod. Installé facilement en « plug and play », ce boitier aimanté Keynetic correspond par wifi avec une application qui traduit les signaux vibratoires en indicateurs de performance.
« Cette solution permet aux industriels de faire un comptage automatique de leurs pièces et d’obtenir des données de fonctionnement comme le taux de rendement synthétique (TRS) ou les micro-arrêts à une application web qui les traite », précise César Allievi, qui souligne son potentiel en maintenance préventive. « Nous travaillons déjà sur une nouvelle brique pour doter l’application d’une fonctionnalité de planification et d’ordonnancement et, d’ici à trois mois, notre capteur sera également capable de détecter des cycles de production très courts, d’une durée inférieure à 15 secondes, au lieu de 15 secondes à 15 minutes aujourd’hui », annonce-t-il.
Technologie périphérique : Totem propose des systèmes de détection et d’alerte intuitifs pour l’ industrie
C’est une borne jaune qui émet un signal lumineux rouge clignotant au sol lorsqu’elle détecte le passage d’un piéton dans un environnement industriel. Light Us, c'est son nom, utilise une impulsion laser infrarouge par technologie Lidar. Très facile à installer puisqu’il ne nécessite qu’un branchement électrique, le système que fabrique le groupe Totem à Gleizé dans le Rhône est polyvalent. Il peut être intégré comme un élément des barrières de protection flexibles à mémoire de forme que fabriquent déjà Protect Choc, sa division dédiée aux protections industrielles.
La technologie peut également être installée en borne unitaires sur des passages d’intersections dans les ateliers. « Il nous a fallu deux ans de développement en interne. Nous avons lancé la commercialisation du produit début 2023 et nous avons déjà de nombreux clients chez des grands groupes comme Renault Trucks, Tefal ou Nestl », souligne Claude Jourdan, président du groupe Totem qu’il a créé en 2022 en restructurant sa société.
Ecoresponsabilité : Néolithe lance un procédé carbone négatif de fossilisation des déchets
« J’ai créé Néolithe en 2019 avec deux associés, un ingénieur d’AgroParistech et mon père qui est tailleur de pierre », présente Nicolas Cruaud, président de Néolithe et polytechnicien. Quatre ans et trois levées de fonds plus tard, la start-up angevine possède 160 salariés et son nouveau procédé de fossilisation sort des laboratoires pour entamer sa phase de commercialisation. Il permet de transformer les déchets industriels banals des industriels, et à terme les refus de tri des ordures ménagères, en granulats minéraux capables de stocker le carbone.
« C’est vraiment l’atout principal de notre procédé. Il représente une alternative aux voies d’élimination actuelles des déchets non recyclables, l’incinération et l’enfouissement, très émettrices de carbone. Les granulats produits stockent le carbone de manière pérenne. Nous les avons surnommés anthropocites, pour minéraux de l’anthropocène », souligne le jeune président. Le procédé breveté se décline en trois étapes. Un broyage très fin des déchets en mélange permet l’obtention d’une poudre. Il est suivi d’une réaction avec un liant minéral dont Néolithe a le secret industriel. Enfin, un pressage par extrusion permet de transformer la pâte en granulats. Ils seront réutilisés en techniques routières et dans la construction. Les premiers contrats industriels sont signés et visent les grands opérateurs des déchets et les carriers.
jeune pousse : Pure Nat tire le fil de la dépollution photocatalytique
Start-up deeptech créée en 2020 au pays basque, Pure Nat a exploité les résultats des travaux de thèse de l’une de ses deux associées, chercheuse en physicochimie des matériaux. En est sorti un fil de synthèse à base de polyproplyène et d’un agent actif dépolluant qui dégrade les virus, les bactéries et les polluants organiques en eau et dioxyde de carbone lorsqu’il est exposé aux ultraviolets (UV A). Le filtre en textile non-tissé fabriqué à partir de ce fil peut notamment être installé sur les systèmes de ventilation des entreprises pour leur fournir une solution de traitement de l’air intérieur.
« Ce procédé de photocatalyse existe déjà mais l’agent photocatalytique est appliqué à la surface de matériau, ce qui limite sa performance de la réaction Nous sommes les seuls à proposer un média qui intègre cet agent. En outre, nous pourrons faire varier sa concentration en adaptant le grammage du textile selon les besoins de dépollution du client », souligne Manon Vaillant, directrice générale de Pure Nat. Le procédé de fabrication en trois étapes s’appuiera partiellement sur des sous-traitants. La start-up réalisera elle-même la dernière phase de fabrication liée à l’activation de l’agent à la surface du textile. Acutellement au stade du pilote, cette dernière étape passera à l’échelle industrielle en 2023.
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