Gaz de schiste : les secousses dues à la fracturation hydraulique menacent 7 millions d’Américains
La fracturation hydraulique peut causer des secousses pouvant endommager sérieusement les habitations. Cela concerne même 7 millions de personnes aux Etats-Unis, selon un rapport de l’USGS (United States Geological Survey) publié le lundi 28 mars 2016. Toutefois, ce n’est pas la fracturation hydraulique qui est elle-même responsable des secousses, mais la réinjection de l’eau dans les sols.
La fracturation hydraulique est une technique de stimulation de la roche qui permet d’extraire efficacement le pétrole et gaz de schiste. Elle consiste à injecter de l’eau à haute pression dans les puits pour créer des "micro-fissures" qui permettent aux gaz et huiles "piégés" d’être libérés et de remonter à la surface avec l’eau. Du sable et des produits chimiques sont ajoutés pour maintenir les fissures ouvertes et faciliter l’écoulement des gaz et huiles. Or cette technique implique des fractures locales. Les secousses sont ainsi devenues extrêmement régulières dans plusieurs Etats du centre des États-Unis. En fait, environ 7 millions de personnes vivent dans des régions du centre et de l'est des Etats-Unis où la fracturation hydraulique peut causer des secousses sismiques risquant d'endommager les constructions, selon un rapport de l'Institut américain de géophysique (USGS) publié lundi 28 mars 2016.
Ce n’est pas la fracturation hydraulique elle-même qui est responsable des secousses
Des risques qui s’additionnent à ceux déjà encourus par les risques naturels de tremblement de terre. Ainsi, le fait d'inclure les secousses sismiques résultant d'activités humaines a fortement accru dans l'évaluation le risque dans plusieurs parties des Etats-Unis. Dans les six Etats les plus à risques, l’Oklahoma, le Kansas, le Texas, le Colorado, le Nouveau-Mexique et l’Arkansas, l’USGS a relaté des secousses puissantes et des dégâts dus à l’activité de fracturation. Les scientifiques ont identifié 21 endroits ayant connu ces dernières années un accroissement des séismes provoqués par la fracturation.
En 2015, une enquête de la commission de réglementation de l’industrie pétrolière et gazière de la Colombie-Britannique (Canada) avait déjà conclu que la technique implique des fractures locales allant du niveau 2 (ressenti) à 4 (léger, pas de dégâts structurels) voire 5 (modéré, pas de dommage aux édifices bien construits). L’enquête avait été réalisée après une secousse de magnitude 4,4 sur l’échelle de Richter dans l’ouest canadien.
Toutefois, comme nous l’expliquons en détail dans cet article, ce n’est pas la fracturation elle-même qui est responsable des fortes secousses , c’est ce qui vient après le forage. L’exploitation du puits fait émerger d’énormes quantités d’eau contenant de nombreux produits chimiques, et il impossible de retraiter ces milliers de mètres cubes de saumure sans perdre l’intérêt économique de la fracturation. L’eau est alors réinjectée là d’où elle vient : à plusieurs kilomètres de profondeur. Le non-respect de la "dose prescrite" d’eau dans les sols d’une région peut modifier le comportement sismique d’une zone et même déclencher des séismes dans des zones fragiles. C’est ce qui s’est passé au Canada, mais également à Oklahoma (magnitude 5,7) en 2011.
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