Galileo, un pari à 10,5 milliards d’euros pour l'Europe spatiale

Le lanceur Soyouz doit lancer dans la nuit de jeudi à vendredi deux satellites Galileo. Dix satellites du futur système européen de navigation, concurrent du GPS américain, seront alors en orbite. Il faudra attendre 2020 pour que la constellation soit complète, mais dès 2016 les premiers services de géolocalisation seront ouverts aux professionnels.

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Assemblage du Soyouz - Crédits : Arianespace

Les satellites Galileo ont été remplis d'ergols, le lanceur russe Soyouz a été érigé sur son pas de tir... A Kourou, en Guyane française, les préparatifs du lancement des deux prochains satellites du futur système européen de navigation vont bon train. Le tir doit avoir lieu dans la nuit du jeudi au vendredi aux environs de 23H00 (heure locale), vers 4H vendredi matin à Paris. Les équipes d'Arianespace, du fabricant de satellites allemand OHB, du CNES et de l'Agence spatiale européenne (ESA) ont procédé hier à une répétition générale du lancement. La veille déjà, la réunion de préparation a permis de faire un point d'avancée majeur. "Les satellites, les installations au sol, les équipes sont prêtes pour le lancement", expliquait déjà Didier Faivre, directeur du programme Galileo et des activités de navigation pour l'agence spatiale européenne (ESA) sur place à Kourou.

Plus efficace que le GPS


L'Europe spatiale croisera les doigts au moment du lancement. Avec le programme de suivi climatique et d’observation de la Terre par les satellites Copernicus, le programme Galileo symbolise les nouvelles ambitions spatiales de l'Union Européenne, seul financeur du projet. Le programme, qui prévoit la mise sur orbite de 24 satellites (et 6 de rechange), coûtera de l'ordre de 10,5 milliards d'euros, dont 7 milliards versés entre 2014 et 2020. Il faudra compte ensuite sur un milliard d'euros par an pour assurer son exploitation, le renouvellement des satellites et les développements R&D pour préparer la génération suivante...

Pourquoi développer une constellation de satellites pour offrir le même service que le GPS (Global Positioning System), alors que ce système, initialement développé par l'armée américaine avant de connaître de multiples applications dans le civil, fonctionne depuis 1995 ? Galileo, dont les premiers services étaient censés être ouverts l'an dernier, ambitionne d’être plus efficace que le GPS américain avec une précision dans la géolocalisation de l’ordre du mètre. Il offrira également des services de recherche et de sauvetage. Ce que l’on sait moins, c’est que les deux signaux combinés - ceux de Galileo et ceux du GPS - permettront d’apporter de nouveaux services aux professionnels comme par exemple une assistance aux pilotes d’avion pour atterrir même en cas de visibilité très réduite.

Indépendance

Pour la Commission, Galileo garantit l’indépendance de l’Europe dans le domaine de la navigation par satellites, un outil clé pour le développement de son économie. Selon elle, ce système devrait rapporter 90 milliards d'euros à l'économie européenne sur les vingt prochaines années sous formes de revenus supplémentaires pour l’industrie et de bénéfices publics et sociaux. Des chiffres impressionnants, mais difficilement vérifiables ! La Commission table également sur la création d’emplois hautement qualifiés notamment auprès des 300 sociétés européennes déjà impliquées dans le développement d’applications basées à partir des signaux de navigation par satellites.

Mais l'essentiel n'est peut-être pas quantifiable. "Il n'y a qu'en Europe qu'on m'interroge souvent sur l'intérêt de Galileo, s'étonne Didier Faivre. Les Américains, les Russes, les Chinois, eux, ne se posent la question. La Chine accélère même son programme de localisation par satellite et pourrait être prête avant nous. Il s'agit d'un investissement de haute technologie dans un domaine essentiel comme pour l'aéronautique ou la défense, où l'Europe a choisi d'être présente. Sans investissements dans les lanceurs, il n'y aura pas eu de politique spatiale européenne. Avec Galileo, l'Europe pourra s'asseoir et discuter à la table des grandes puissances spatiales mondiales".

Prochain lancement en décembre

A Kourou, l'heure n'est plus aux interrogations. Si la météo est au rendez-vous, Arianespace devrait procéder au lancement dans la nuit du jeudi au vendredi avec le décollage de la fusée russe à 23H08 heure locale. Le Soyouz emportera deux satellites qui seront mis sur une orbite circulaire à une altitude de 23522 km. Mais il faudra attendre près de quatre heures après le décollage pour avoir la confirmation finale que les satellites sont positionnés sur la bonne orbite.

C'est l'ESA, l'Agence spatiale européenne, qui est responsable de la définition et du déploiement de la constellation Galileo. La suite est déjà bien engagée. Les deux prochains satellites à lancer (le onzième et le douzième), assemblés par le constructeur allemand OHB, sont déjà en cours de test et de validation dans les installations de l'ESA aux Pays-Bas, pour un lancement prévu en décembre prochain.

La fusée européenne Ariane, spécialement modifiée pour ce type de mission, sera sollicitée trois fois, avec un premier tir en 2016. Plus puissante, elle lancera quatre satellites à la fois. "Avec deux lanceurs, on est à l'abri d'une défaillance de l'un ou de l'autre. C'est plus sûr", précise Didier Faivre. La remarque n'est pas anodine. En août 2014, suite à la défaillance de son quatrième étage, le Fregat, Soyouz avait placé sur une mauvaise orbite les deux satellites embarqués. Depuis la faute de conception a été identifiée et réparée comme l'atteste le tir réussi en mars dernier.

Une précision de l'ordre du mètre

De quoi retarder tout de même de plusieurs mois le calendrier. Après des manoeuvres complexes, les satellites sont en partie opérationnels. Avec seize satellites en orbite en 2016, l'Europe pourra ouvrir les premiers services Galileo. La précision et la disponibilité du signal ne sera pas alors optimale mais suffisante pour tester les premières applications. Entre 2017 et 2018, dix à douze satellites devraient compléter la constellation. A terme, avec 24 satellites opérationnels, il est prévu une précision de l'ordre du mètre. D'ici la fin de l'année, un nouvel appel d'offres pour l'achat de huit satellites devrait être passé. La réussite du tir du jeudi ne pourrait qu'accélérer le processus.

A Kourou, Hassan Meddah


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