Free voudrait une place dans le réseau partagé de SFR-Bouygues
PARIS (Reuters) - L'opérateur Free mobile (Iliad) a écrit une lettre à ses concurrents SFR (Vivendi) et Bouygues Telecom afin de demander à pouvoir prendre part à leur projet d'accord de mutualisation des réseaux, rapporte jeudi le quotidien Les Echos.
SFR et Bouygues Telecom, respectivement numéro deux et trois du mobile en France, ont annoncé à l'été leur projet de partager une partie de leurs réseaux mobiles en vue notamment d'améliorer leur couverture du territoire mais aussi de réduire leurs coûts. Ils se sont donnés jusqu'à la fin de l'année pour faire aboutir leurs discussions.
Dans une lettre adressée aux deux opérateurs ainsi qu'au régulateur des télécoms l'Arcep et à l'Autorité de la concurrence, le dernier né des opérateurs mobiles exprime le souhait de pouvoir prendre part au projet.
"Un accord entre deux des trois opérateurs de réseaux mobiles historiques qui ne prévoirait pas l'accueil du quatrième opérateur nous semblerait être un facteur de déstabilisation majeur. De plus, un tel accord pourrait être juridiquement critiquable", écrit Maxime Lombardini, le directeur général d'Iliad, maison mère de Free mobile, dans le courrier cité par Les Echos.
Le dirigeant ajoute que Free souhaiterait recevoir "une proposition raisonnable d'accueil des fréquences de Free mobile en "Ran sharing"".
SFR n'a pas souhaité faire de commentaires. Bouygues et Iliad n'étaient pas disponibles dans l'immédiat.
"Nous sommes ouverts", a répondu l'un des deux opérateurs visés par le courrier de Free, tout en soulignant que la "question ne se pose pas pour l'instant car l'accord est encore en cours de discussions".
Selon des acteurs du secteur, Free, qui s'est adjugé 11% du marché du mobile moins de deux ans après son lancement, craint de se retrouver isolé alors que deux de ses concurrents pourraient partager leurs efforts en matière de réseau tandis que le numéro un Orange, met les bouchés doubles pour déployer le très haut débit mobile "4G".
Son dirigeant Stéphane Richard n'a pas exclu la possibilité d'un accord de partage de réseau tout en affirmant à plusieurs reprises qu'Orange souhaitait dans un premier temps conserver son avance sur la 4G.
Selon les analystes d'Espirito Santo, l'initiative surprise d'Iliad pourrait être le signe que le groupe "est préoccupé par l'état d'avancement de son propre réseau mobile dans le contexte où ses concurrents unissent leurs forces pour partager leurs investissements, ce qui affaiblit la position d'Iliad en termes de concurrence".
Gwénaëlle Barzic, avec Leila Abboud