La tête dans les cartons, François Gauché déménage une nouvelle fois. C'est sans regret qu'il quitte Nantes pour rejoindre Cadarache et le projet Iter. «D'une manière ou d'une autre, je voulais vraiment participer à ce projet», s'enthousiasme le nouveau directeur de l'agence Iter France. Au-delà de l'aspect scientifique - la fusion thermonucléaire est présentée comme une solution de rechange à la fission -, c'est la dimension internationale du projet qui lui tient à coeur. «Il est rare qu'autant de pays s'unissent pour réali réaliser ensemble un projet pacifique. C'est porteur d'un immense espoir», souligne-t-il.
La
Chine, la Corée du Sud, les
Etats-Unis, le
Japon, l'Union européenne, la Russie et l'
Inde participent à ce gigantesque programme dont le coût est estimé à 10,3 milliards d'euros sur trente ans. François Gauché a toujours eu la tête -et le coeur- à l'étranger. Marié à une Allemande, il débute sa carrière d'ingénieur dans un environnement européen à l'institut Max Plank à Hambourg, puis il entre chez
BMW à Munich et finalement chez
Alstom à Preston, au Royaume-Uni. Même lorsqu'il regagne la France, en 2000, l'Europe ne le quitte pas. A la Drire, il s'occupe d'inspections croisées franco-allemandes touchant à la sureté et à l'environnement des installations nucléaires. «Il tire de nombreux enseignements en observant comment d'autres pays procèdent», raconte Xavier Mantin, l'ex-adjoint de François Gauché à la Drire d'
Alsace.
A la tête de l'agence Iter France, il sera chargé de l'élaboration des dossiers de sécurité et de la sûreté, devra réunir la contribution française à l'aménagement et à la construction du site de Cadarache, puis assurera le démantèlement de l'installation au terme de son fonctionnement, au plus tôt en 2035.
Certes, en passant du cyclotron de Nantes à Iter, il va changer d'échelle, mais ses fonctions ne seront pas forcément très différentes. «A Nantes, il s'est occupé du choix de la machine, du dialogue compétitif, de la maîtrise d'ouvrage et a participé aux discussions scientifiques. Il a donc déjà vu certains aspects de la construction d'une installation nucléaire», explique Jacques Martino, le directeur du laboratoire Subatech de Nantes.
Décrit comme un X-Mines «très au-dessus de la moyenne», François Gauché a un objectif clair : «Faire en sorte que la France tienne ses engagements et que le projet ne prenne pas de retard.» Aura-t-il, à 32 ans la maturité nécessaire pour un projet de la taille d'Iter ? «Il compense sa jeunesse par son intelligence et son enthousiasme. Je serais étonné qu'il déçoive», affirme Jacques Martino.
Bertrand Beauté
Ses dates clés
1994 Ecole polytechnique et École nationale des mines de Paris.
1997-1999 Il débute sa carrière d'ingénieur en
Allemagne. D'abord, à l'institut Max Plank de météorologie à Hambourg puis chez le constructeur automobile BMW à
Munich, département «développement gros moteurs». Puis, il part au Royaume-Uni à Preston chez Alstom Train Services.
2000 Il rejoint la Direction régionale de l'industrie de la recherche et de l'environnement d'Alsace où il dirige la division «installations nucléaires, énergies et mines».
2004 Il assure le développement du projet d'accélérateur nucléaire au sein du laboratoire Subatech de Nantes.
2006 Par arrêté du ministre délégué à l'Enseignement supérieur et à la Recherche, François Goulard, et du ministre délégué à l'Industrie, François Loos, il est nommé directeur de l'agence Iter France.