France: La croissance devrait à nouveau ralentir en 2019
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La consommation des ménages, qui a marqué le pas au quatrième trimestre, devrait être dopée cette année par les mesures de soutien au pouvoir d'achat annoncées par Emmanuel Macron en décembre (hausse de la prime d'activité, défiscalisation des heures supplémentaires, etc.), mais l'investissement des entreprises pourrait rester morose, estiment les économistes.
La croissance économique a été de 0,3% au quatrième trimestre 2018 en première estimation, comme au troisième trimestre, alors que les économistes interrogés par Reuters anticipaient une hausse de 0,1% du produit intérieur brut (PIB). Sur l'ensemble de l'année 2018, la croissance ressort à 1,5% après une hausse du PIB de 2,3% en 2017.
"Malgré la dégradation de l'environnement international et le mouvement des Gilets jaunes, la croissance française est solide. Notre politique donne des résultats", a commenté le ministre de l'Economie Bruno Le Maire sur Twitter.
La prévision de croissance du gouvernement, de 1,7% pour 2019, sera actualisée en avril, a-t-il indiqué lors de ses voeux aux chefs d'entreprises.
Les économistes se montrent plus prudents.
"Il va falloir cravacher pour arriver à 1,7%", déclare à Reuters Denis Ferrand, directeur général du centre de recherche économique Rexecode.
Il souligne "un très net ralentissement" de l'investissement des entreprises. Celui-ci n'a en effet augmenté que de 0,3% au quatrième trimestre après une hausse de 1,7% au trimestre précédent, en raison, indique l'Insee, d'une baisse des achats de voitures.
Pour Denis Ferrand, qui table sur une croissance de 1,3% en 2019, la situation des entreprises "sera la variable clé à surveiller en 2019, bien plus que la consommation dont on sait qu'elle sera au rendez-vous" en raison des mesures de soutien au pouvoir d'achat.
Or l'indice du climat des affaires publié mercredi dernier par l'Insee est plutôt atone.
Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Ostrum AM, est également sur cette tendance.
"Quand on regarde les enquêtes menées auprès des chefs d'entreprises, on sent bien que ceux-ci sont plutôt prudents", dit-il à Reuters. "Nous faisons l'hypothèse que l'investissement restera très modéré au cours du premier trimestre et qu'il n'aura pas une contribution forte à la croissance".
Il table sur une croissance économique moyenne comprise entre 1 et 1,1% en 2019, compte tenu d'un environnement international incertain.
Le chiffre de la croissance économique estimée pour l'ensemble de la zone euro pour les trois derniers mois de 2018 sera publié jeudi.
Les économistes de Morgan Stanley soulignent que la croissance supérieure aux attentes du quatrième trimestre est surtout due à une forte hausse des exportations - elles ont crû de 2,4% -, liée à des éléments exceptionnels.
La France a notamment bien vendu ses avions et livré un paquebot, souligne Julien Pouget, directeur du département de la conjoncture à l'Insee.
Il souligne que la consommation des ménages a "calé un peu plus que prévu-" - elle est stable après une hausse de 0,4% au troisième trimestre et "beaucoup d'incertitudes internationales" existent, dont "un ralentissement général en Europe".
De fait, le climat des affaires en Allemagne continue de se dégrader et le gouvernement allemand aurait ramené sa prévision de croissance pour 2019 à 1,0%.
Julien Pouget table sur une croissance de 0,4% au premier trimestre 2019 et de 0,3% au deuxième trimestre et sur un acquis de croissance de 1% à mi-2019.
(Danielle Rouquié, édité par Yves Clarisse)