Force majeure : les transformateurs dans la tourmente
Face à la multiplication des déclarations de Force majeure par les producteurs de matières plastiques, les transformateurs portent seuls la responsabilité de pénuries face à leurs clients. Les organisations professionnelles tirent la sonnette d’alarme.
Polyvia a vu se multiplier les alertes parmi ses adhérents ces dernières semaines. Les transformateurs sont pris en étaux entre, d’un côté, des reports de livraisons et des annulations de commandes imposés par les fournisseurs et de l’autre des clients en attentes de commandes qui ne peuvent plus être honorées. “L’équilibre des relations clients-fournisseurs pour les entreprises de notre filière, composée essentiellement de PME, créatrices d’emploi et d’opportunités professionnelles dans les territoires, doit être préservée. Il en va de leur survie”, met en garde l’Union des transformateurs de polymères.
Invoquant la Force Majeure, les fournisseurs de matières premières n’en supportent aucune conséquence selon Polyvia .
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Les transformateurs à l’inverse, dans l’impossibilité de livrer leurs clients, se voient mis en cause financièrement (annulation de contrats, pénalités, …) sans être à l’origine de la situation.
Polyvia, qui s’émeut de cette situation dans un communiqué en date du 28 janvier, “considère qu’il y a urgence à consolider le dialogue aussi bien en amont qu’en aval de la filière, avec les fournisseurs de matières plastiques et les clients des plasturgistes”.
L’organisation professionnelle s’attelle à trouver des solutions pour sortir de cette situation de crise et rappelle "qu’une filière est d’autant plus forte qu’elle défend les intérêts de sa partie la plus faible !” .
“En aval de la filière, les donneurs d’ordres clients des plasturgistes doivent tenir compte de ces situations que traversent leurs fournisseurs. Pour ceux-ci, pas de visibilité sur leurs approvisionnements, des tensions sur les délais, des annulations ou reports inexplicables, autant de difficultés qui doivent être prises en compte dans la relation établie, et faire l’objet, si nécessaire d’une forme de médiation”, remarque Polyvia.
La pénurie de matières premières constatée depuis quelques semaines en France touche désormais également d’autres pays d’Europe.
L’organisation européenne des transformateurs, EuPC (European Plastics Converters), a pris la parole le 21 janvier dernier pour exprimer ses craintes. “L’augmentation des déclarations de Force majeure et l’amélioration rapide de la marge des producteurs ressemblent à la situation qui prévalait au début de la crise de 2015" déclare Ron Marsh, président de l’Alliance Polymères pour l’Europe (Polymers for Europe Alliance). Nous continuerons à suivre de très près l’évolution de la situation pour nous assurer que les intérêts de l’industrie de la transformation des plastiques sont entendus et pour éviter une seconde crise”, a-t-il prévenu.
Du côté des producteurs d’emballage plastique, on craint également de revivre la crise de 2015. “ Certaines entreprises font face à des pénuries de matière plastique et toutes sont confrontées à des hausses de prix de matières premières conséquentes. Nos entreprises ne disposent d’aucune visibilité sur la disponibilité de la matière et la fluctuation des cours, s’inquiète Emmanuel Guichard, délégué général d’Elipso. La dernière enquête d’Elipso démontre que le prix de l’emballage est le premier critère d’achat pour nos clients. Cette très forte fluctuation se déroule en pleines négociations commerciales annuelles de nos clients avec la grande distribution, dans un climat de crainte sur le pouvoir d’achat”.