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Lundi 24 novembre, à Florange (Moselle), le président de la République François Hollande compte mettre en avant le dynamisme retrouvé de l’usine sidérurgique d’ArcelorMittal. Mais la compétitivité du site n’est pas encore garantie à long terme .
Revenir sur les lieux d’un trauma politico-médiatique pour l’exorciser. C’est en quelque sorte l’objectif du président de la République. François Hollande se rend lundi 24 novembre à Florange (Moselle) sur le site d’ArcelorMittal avec une bonne nouvelle sous le bras : l’usine embauche de nouveau, trente CDI précisément. L’information ayant été diffusée suite à un comité d’entreprise mardi 18 novembre, François Hollande qui se rend à Florange pour la troisième fois ne pourra que répéter ce chiffre. Mais le symbole politique est là : malgré la fermeture des hauts-fourneaux en avril 2013, le site sidérurgique retrouve des couleurs. L’occasion était trop belle dans un paysage industriel français pris dans la tourmente.
Promesses tenues ? Oui !
Deux ans après, les promesses de l’Etat, qui a signé un accord avec ArcelorMittal, ont-elles été tenues ? Oui, en grande partie. Au niveau des investissements, 146 millions d’euros ont été engagés sur un plan de 180 millions d’euros sur cinq ans. Cette somme est-elle vraiment si importante à l’échelle d’une installation industrielle aussi imposante ? "Un tiers des investissements correspond à de la maintenance courante, précise Patrick Auzereau, responsable syndical national CFDT. Les deux tiers restants sont des investissements stratégiques, en particulier les moteurs du train à chaud et la soudeuse du train à froid." Autrement dit, le groupe mise toujours sur l’avenir pour son site mosellan.
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Autre promesse : le groupe ne devait procéder à aucun licenciement. Là encore, l’accord est respecté. Pour les 629 personnes concernées par l’arrêt des hauts-fourneaux, des solutions ont été trouvées. Selon la porte-parole d’ArcelorMittal, 256 salariés ont fait valoir leur droit à la retraite, 369 ont été reclassés dans le groupe et 4 sont en cours de formation. "La promesse est tenue, confirme Xavier Le Coq, le représentant national de la CFE-CGC à Florange. Mais le solde des effectifs du site reste malgré tout légèrement négatif. En quelques années, le nombre de salariés du site est passé de 2900 à 2150."
Mais l’Etat peut remercier l’automobile
Incontestablement, l’Etat a réussi à imposer un accord avec un groupe industriel puissant qui n’a pas l’habitude de se laisser dicter sa stratégie. Mais ArcelorMittal a d’autant plus facilement respecté ses engagements… qu’il avait tout intérêt à le faire : les constructeurs automobiles s’arrachent l’acier haut de gamme Usibor. Mis au point dans les années 2000 au temps d’Arcelor, cet alliage hi-tech offre des gains de poids de 30 à 50% par rapport aux aciers standards. Un argument de taille pour des constructeurs qui chercher à alléger leurs véhicules pour réduire leur consommation en carburant.
Résultat : produit sur le site depuis début 2013, le très rentable Usibor fait tourner les installations de Florange presque à plein régime. Volkswagen, Renault, PSA, Mercedes, BMW… Tous ces constructeurs passent commandes pour cet acier léger et résistant idéal pour les pièces de structure. A tel point que le calendrier de la production est en avance par rapport aux prévisions. "Nous en produirons 600 000 tonnes en 2014, explique Patrick Auzereau. La production devrait atteindre 750 000 tonnes en 2016, mais ce seuil pourrait être franchi avant." L’Usibor ne représente qu’un faible pourcentage des volumes produits par le groupe, mais compte pour 60% de la production de la ligne de galvanisation de Florange. Le nouvel acier prouve que le haut de gamme sera l’une des voies de salut de la métallurgie française.
Le site doit déjà se tourner vers l’avenir
Avec ces bonnes nouvelles, les salariés respirent un peu. Le site est-il pour autant définitivement sorti d’affaires ? Pour assurer sa pérennité, le groupe doit engager dès maintenant plusieurs actions. D’abord en ce qui concerne le transfert de compétences : travailler dans la métallurgie, c’est acquérir un savoir-faire en grande partie empirique, engranger des compétences techniques grâce à l’expérience… Or le secteur fait face à de très nombreux départs à la retraite. "Nos métiers sont très complexes et le risque est de perdre des compétences si le transfert n’est pas bien assuré, prévient Patrick Auzereau. Et j’estime que ce transfert n’est aujourd’hui pas suffisant." Or qui dit perte de compétences dit dégradation de la qualité de la production. En outre, le groupe tente de redorer son image médiatique, afin d’attirer des jeunes recrues que le mot de Florange pourrait rebuter.
Même nécessité de se projeter vers l’avenir en ce qui concerne la R&D. L’Usibor est un succès, mais pour combien de temps encore ? Dans les matériaux automobiles, la concurrence fait rage avec l’aluminium et les matériaux composites. Le tout nouvel acier haut de gamme d’ArcelorMittal Fortiform, lancé en septembre 2014, ne sera pas produit à Florange mais en Belgique, à Liège et à Gand. L’avenir du site mosellan est en partie dans les mains du centre de R&D de Mézières-les-Metz, à l’origine de l’Usibor avec le centre de Montataire (Oise). "Après plusieurs années de baisse du budget, nous assistons à un léger mieux, de nouveaux investissements ont été lancés", affirme Xavier Le Coq. L’enjeu est d’autant plus fort que si l’automobile tire la croissance du site, l’emballage (boîtes de conserve, boîtes boisson) est quant à lui à la traîne. L’accord passé entre le gouvernement et ArcelorMittal court sur cinq ans. Le successeur du président de la République, ou François Hollande lui-même s’il est réélu, devra à n’en pas douter suivre de près le site lorrain.
Olivier James
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