Flashback 2021 : Vers un décollage de la biotech industrielle ?
La question peut légitimement se poser au regard des avancées de trois sociétés françaises qui ont marqué l’année. Le 23 septembre, Metabolic Explorer, via sa filiale Metex Nøøvista, a inauguré la première unité de production de propanediol et d’acide butyrique d’Europe, à Carling-Saint-Avold, en Moselle. L’entreprise utilise une matière première biosourcée – de la glycérine – et réalise une fermentation, ce qui a permis de plonger la plateforme pétrochimique dans l’ère de la biotechnologie. Non seulement, le groupe a mené à bien l’industrialisation de son procédé, plus de vingt ans après sa création, mais il revendique une place parmi les leaders des biotechs industrielles en Europe. En mai, Metabolic Explorer s’était déjà porté acquéreur d’Ajinomoto Animal Nutrition Europe, une filiale du groupe japonais éponyme, spécialisée dans la production d’acides aminés. « Nous avons fait un grand pas en vue de devenir une ETI leader de la production par fermentation en Europe, avec l’ambition de mettre sur le marché un nouvel ingrédient biosourcé, chaque année », avait déclaré, à l’époque, Benjamin Gonzalez, président fondateur de Metabolic Explorer. En 2021, sa société devait afficher plus de 170 millions d’euros de chiffre d’affaires pour un effectif de 450 collaborateurs.
Chez Global Bioenergies, l’horizon s’est éclairci. Au mois de mai, la biotech a annoncé une relocalisation de l’essentiel de sa production d’isobutène biosourcé chez ARD à Pomacle, près de Reims. Sur ce site qui abrite depuis plusieurs années son pilote d’une capacité de 500 litres seront rapatriés des équipements clés de son unité de démonstration de Leuna, en Allemagne, en particulier, son fermenteur de 5 m3. Pour l’heure, cet isobutène a surtout vocation à être transformé en isododécane, un solvant biosourcé qui est un élément clé du marché cosmétique. Il est notamment utilisé dans tous les produits de maquillage longue tenue, par exemple dans des rouges à lèvres, des fards à paupières ou des mascaras. D’ailleurs, Global Bioenergies n’avait pas hésité à lancer sa propre marque de maquillage, appelée Last, en février. L’année s’est ensuite soldée par une levée de fonds de 14,5 millions d’euros, grâce notamment à la participation du fonds d’investissements Bold Business Opportunities for L’Oréal Development, à hauteur de 13,3 %, ce qui porte à 9 M€ la participation totale de L’Oréal dans la biotech. Cette dernière promet d’utiliser ces fonds pour booster sa production d’isododécane, ainsi que dans la R&D, sans négliger les applications futures de l’isobutène dans des carburants d’aviation durables (SAF).
VOS INDICES
source
126 -2.33
Avril 2023
PP Copolymère
Base 100 en décembre 2014
77.2 +5.32
Avril 2023
Cours des matières premières importées - Pétrole brut Brent (Londres) en euros
€/baril
161.5 +0.75
Avril 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 20.30 − Peintures Industries
Base 100 en 2015
Enfin, Afyren a réussi son entrée en Bourse en octobre, sur le marché Euronext Growth, levant 66,5 millions d’euros pour financer deux usines en Amérique du Nord et en Asie du Sud-Est. D’une capacité de production d’environ 28 000 tonnes par an d’acides organiques, elles devraient respectivement entrer en service, fin 2024 et début 2026. Ces usines viendront s’ajouter à une première unité en fin de construction sur le site de Carling-Saint-Avold. Elle produira par voie biotech 16 000 t/an d’acides organiques biosourcés et 23 000 t/an d’engrais. Une unité d’ores et déjà financée par les nombreuses levées de fonds réalisées par la société. En 2018 notamment, 21 M€ avaient été levés auprès de Sofinnova, Supernova, Crédit agricole et Valquest et abondés par le fonds SPI de Bpifrance. Ils ont permis de mobiliser 46,5 M€ et de créer Afyren Neoxy, société qui industrialise la technologie d’Afyren.