Filières agricoles au Maroc: le SIAM 2016 s'ouvre sur fond de sécheresse
Le Salon International de l'Agriculture au Maroc 2016 se déroule du 26 avril au 1er mai à Meknès, alors que l’agriculture marocaine peine à faire face à la pénurie de pluie chronique.
Le Salon International de l’Agriculture du Maroc a ouvert ses portes au grand public, mercredi 27 avril 2016, après l’inauguration, la veille, par le jeune prince héritier.
Ce mercredi le ministre français de l’Agriculture, Stéphane le Foll a visité le salon guidé par son homologue marocain Aziz Akhanouch, titulaire du portefeuille agricole depuis 2007 et maître d’orchestre du Plan Maroc Vert.
Véritable petite ville dans la cité de Meknès, le salon couvre quelque 80 000m2 et accueille 1090 exposants. Il rencontre un tel succès que tous les hôtels, sans exception, affichent complet.
Le SIAM devrait ainsi accueillir 800 000 visiteurs en 6 jours. La foule s’empresse déjà autour des petites coopératives du pôle produit du terroir où se vendent dattes, miel, amlou …
Les stands des grandes entreprises de l’agro-industrie rivalisant d’originalité et de fastes ont beaucoup moins de succès, à l’exception de ceux comme la Cosumar ou Lesieur Cristal, du groupe français Avril (ex-Sofiproteol), organisent des animations.
Le SIAM est pour eux l’occasion d’afficher leur succès. Centrale Danone, Akwa, la Copag, les Domaines, l’OCP, Maroc Fruits Board … Personne ne manque.
Certains grands groupes ont même installé plusieurs stands en fonction de leurs marques et de leurs activités, comme le groupe Zine et Holmarcom. Le groupe de la présidente du patronat, Meriem Bensalah Cheqroun, dispose ainsi d’un stand pour ses eaux en bouteilles (Oulmès, Sidi Ali…). Un peu plus loin c'est la marque très populaire Couscous Dari du groupe Dari Couspate qui s'affiche.
Cette onzième édition intervient à quelques mois de la Cop22 qui se tiendra en novembre à Marrakech, alors que tout le pays se prépare à l’évènement. Elle a donc été logiquement placée sous le thème « Agriculture résiliente et durable ».
Une thématique d’autant plus d’actualité que le pays a enregistré cet hiver un fort déficit de pluie qui a impacté directement ou indirectement tous les secteurs agricoles et agro-alimentaires.
La production de lait est affectée, par exemple. Faute de pâturages suffisants pour les bovins, les cheptels ont tendance à décroître, les abatages plus nombreux font baisser le prix de la viande rouge.
Dans ce contexte et alors que Aziz Akhnanouch avec le Plan Maroc Vert veut augmenter les surface agricole irriguées, le marché de l’irrigation décolle. Sur le SIAM, la tente dédiée aux fournitures agro-industrielles a été prise d’assaut par les vendeurs de matériels et d’installation pour l’irrigation. Tuyaux, canalisation, pompes … les exposants, essentiellement des importateurs, ou des représentants de marques étrangères, sont très sollicités.
Une ombre plane pourtant sur le salon : l’affaire de l’accord agricole avec l'Union européenne. Le 10 décembre la Cours européenne de justice a donné raison à une plainte des indépendantistes du Polisario et considère que l’Union européenne doit s’assurer par elle-même que les bénéficies de l’accord de libre échange agricole profitent bien aux populations du Sahara Occidental, territoire au statut indéterminé, mais administré de facto par le Maroc.
La décision du tribunal a jeté un froid dans les relations entre le Maroc et son partenaire européen. Le Conseil européen a fait appel, avec un fort soutien de la France notamment et chacun attend son verdict après cet action en justice déposée en février 2016.
Par ailleurs, à l'occasion du salon, l'AFD (Agence française de développement) a annoncé avoir accordé un prêt de 60 millions d'euros au Crédit agricole du Maroc destiné à soutenir les actions du Plan Maroc vert.
La signature devait intervenir ce jeudi en présence d'Anne Paugam, directrice générale de l’AFD, du président Crédit Agricole du Maroc, Tariq Sijilmassi ainsi que que d'Aziz Akhannouch et de Stéphane Le Foll.
Ce dernier a par ailleurs profitté de son passage au Maroc pour faire le point sur son initiative dite "4 pour 1 000" qui vise à promouvoir le stockage du CO2 atmosphérique par les sols pour limiter le réchauffement climatique. Un projet très "COP22" qui intéresse le Maroc, un secrétariat franco-marocain du projet pourrait même être localisé à Marrakech.
Julie Chaudier, à Meknes
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