Faute de PPE, le Syndicat des énergies renouvelables signe pour une PPI

Le Syndicat des énergies renouvelables a annoncé ce 14 avril qu’il votera le projet d’arrêté de programmation pluriannuelle des investissements (PPI) dans les énergies renouvelables. Plutôt que d’attendre la plus globale PPE – programmation pluriannuelle de l’énergie – attendue pour cet été, la filière se félicite de la visibilité apportée par la PPI.

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Mieux vaut une Programmation pluriannuelle des investissements (PPI) solide qu’une Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) incertaine. C’est en substance la position du Syndicat des énergies renouvelables (SER), qui a tenu une conférence de presse ce jeudi 14 avril. Principale annonce : le SER votera, demain 15 avril, au sein du Conseil supérieur de l’énergie en faveur du projet d’arrêté "relatif à la programmation des capacités de production d’énergie renouvelable" qui prévoit des volumes d’installations d’énergies renouvelables qui satisfont largement – hors éolien en mer (lire l’encadré) – le syndicat.

Présenté par le gouvernement il y a une semaine, ce projet d’arrêté a pourtant suscité un certain émoi. Bien loin d’être cette PPE attendue depuis des mois - elle est censée être l’instrument majeur institué par la loi de transition énergétique pour piloter la transformation de l’ensemble du système énergétique français-, "le projet d’arrêté se borne à modifier les objectifs fixés en 2009 dans le cadre de l'ancienne procédure PPI", écrivait le 10 avril sur son blog Arnaud Gossement, avocat spécialiste de l’environnement et de l’énergie.

Des objectifs en ligne avec la loi de transition énergétique Le projet d’arrêté de "programmation des capacités de production d’énergie renouvelable" (PPI) satisfait largement le Syndicat des énergies renouvelables (SER), qui juge la trajectoire fixée pour 2023 par la PPI en ligne avec les objectifs pour 2030 de la loi de transition énergétique. En particulier, le SER se félicite du doublement prévu du parc éolien et du triplement visé du parc photovoltaïque. Ce qui implique un marché annuel d’environ 1500 mégawatts (MW) pour chacune des deux énergies, contre environ 1 000 MW aujourd’hui. Seul bémol, pour le SER, des objectifs trop timorés pour l’éolien en mer avec entre 500 et 3 000 MW de projets engagés d’ici à 2023. Le SER proposera demain au Conseil supérieur de l’énergie un amendement portant cet objectif à entre 3 000 et 12 000 MW.

"Pas de contrainte de cohabitation entre les renouvelables et le nucléaire à l’horizon 2023"

Passer de la PPE à une PPI pour les renouvelables est donc un recul, dénoncé notamment par le collectif Les Acteurs en transition énergétique, qui regroupe 200 organisations : cela laisse de côté l’approche globale de la PPE, qui implique d’élaborer des scénarios de consommation – donc d’économies d’énergie – et de programmer la réduction de la production nucléaire.

Le rapport annuel de la Cour des comptes présenté en février estime que 17 à 20 réacteurs devraient être fermés en dix ans pour passer la part du nucléaire dans le mix énergétique de 75% à 50% à l’horizon 2025 comme le prévoit la loi de transition énergétique. Comment la PPI peut-elle prévoir d’augmenter la production d’énergie renouvelable sans baisser la production nucléaire ?

Jean-Louis Bal se veut rassurant : "A l’horizon 2023, il n’y a pas de contrainte de cohabitation entre les énergies renouvelables et le nucléaire", avance le président du SER. Et d’ajouter, après s’être éloigné pour répondre au téléphone : "La PPE n’est pas enterrée, la ministre [de l’Environnement, Ségolène Royal, ndlr] m’a dit qu’un projet complet incluant toutes les filières énergétiques et la consommation sera présenté en comité de suivi avant l’été." Ouf !

"Gros caillou posé en premier"

Les reports successifs de cette PPE, prévue au départ pour décembre 2015, incitent cependant à la prudence. Le SER ne s’y trompe pas. "Nous sommes très satisfait que le gouvernement sorte cette PPI pour les renouvelables sans attendre la PPE car, sinon, les projets risquaient d’être bloqués. Les appels d’offre prévus n’auraient pas eu de fondement juridique", pointe Jean-Louis Bal.

Vice-président du SER en charge de la filière solaire, Arnaud Mine apprécie même que "la place en volume d’installations des filières renouvelables soit fixée en amont de le PPE". Pour lui, "c’est une bonne chose que ce soit le gros caillou qui soit posé en premier et que le reste du système s’y adapte". Il faut dire que celui qui est aussi PDG du développeur de parcs solaires Urbasolar est résolument optimiste : "Nous percevons cette période comme le vrai démarrage du photovoltaïque". De quoi voir le verre à moitié plein.

Manuel Moragues

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