FagorBrandt dans une zone de turbulences
Le fabricant français d’électroménager confronté à des difficultés financières depuis cinq ans, connaîtrait une aggravation préoccupante de son activité depuis le début de l’année. Une situation qui aurait entraîné le départ surprise de son président, Frédéric Loquin, fin mai.
Le numéro un français du gros-électroménager connaîtrait actuellement de sérieuses difficultés financières. Selon nos informations, FagorBrandt pourrait se retrouver à cours de liquidités d’ici la rentrée, si les banques refusent de suivre. Issu de la reprise en 2005 du français Brandt (marques Brandt, De Dietrich, Vedette, Sauter, Thomson) par l’espagnol Fagor, le groupe ne cesse depuis d’enregistrer des pertes de plusieurs millions d’euros chaque année. De son côté, le chiffre d’affaires est également en chute : de 845 millions d’euros en 2008, il est tombé à 776 millions en 2009 et 775 millions en 2010.
Eviction de Frédéric Loquin
Depuis le début de l’année la situation se serait aggravée. "Les stocks ont atteint des niveaux jamais vus depuis 5 ans", témoigne un salarié de l’usine d’Orléans. Au siège, à Rueil-Malmaison, on reconnaît que "les ventes décrochent de plus de 10 % depuis janvier". "On a l’impression de se retrouver à la veille du dépôt de bilan de 2001, avec Moulinex", s’alarme un salarié de l’usine de La-Roche-sur-Yon (Vendée). Cette situation préoccupante aurait entraîné l’éviction surprise, fin mai, du président du directoire, Frédéric Loquin, en poste depuis 2008. Officiellement, "pour des raisons de divergences stratégiques", son départ serait une décision de la direction espagnole. Depuis, Fabian Bilbao, déjà directeur de Fagor Electrodomesticos, a pris la tête de la filiale française.
Démantèlement de lignes à Lyon et La-Roche-Sur-Yon
Depuis le début de l’année, FagorBrandt connaît également un contexte industriel agité. Disposant de cinq usines en France employant près de 2 200 salariés (sur un total de 3 000 personnes), le fabricant s’est séparé au printemps de son usine de lave-linge de Lyon. A La Roche-sur-Yon (Vendée), une ligne de production de lave-vaisselle devrait être bientôt arrêtée au profit des usines espagnoles en sous-capacités. Des débrayages de salariés ont eu lieu début juin pour protester contre cette décision. Devant le blocage de plusieurs camions venus d’Espagne, la direction a assigné 13 salariés au tribunal. Un médiateur a depuis été nommé le 29 juin par le juge pour trouver une solution, d'ici trois mois, entre les syndicats du site de La-Roche-sur-Yon et la direction.
Problèmes financiers de la maison mère
Les difficultés de FagorBrandt seraient par ailleurs la conséquence des problèmes de sa maison mère, Fagor, cinquième groupe européen d’électroménager et filiale du groupe coopératif Mondragon. Dans un marché espagnol de l’électroménager qui a plongé de plus de 45 % depuis la crise de 2008, le groupe a gelé tous ses investissements et retardé le lancement de nouveaux appareils innovants, qui auraient pu redresser les ventes. Le groupe Fagor a cependant réduit ses pertes nettes en 2010, à 9,8 millions d’euros (contre 19,9 millions d’euros un an plus tôt), pour un chiffre d'affaires de 1,396 milliard d'euros.
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