Fagor : dix jours pour trouver 170 millions d'euros
Le directeur général de Fagor Electrodomesticos a pris la parole en Espagne pour évoquer la situation critique que traverse le groupe depuis le 16 octobre. Selon lui, "il y a urgence à trouver 170 millions d’euros d’ici à 10 jours pour financer un plan de restructuration important et éviter une possible faillite". Un des risques serait que FagorBrandt dépose le bilan avant sa maison mère.
La direction du groupe Fagor sort enfin de son mutisme. Sergio Treviño, son directeur général, s’est exprimé les 28 et 29 octobre à la télévision espagnole ETB2 et dans le quotidien basque El Diario Vasco, pour parler de la crise historique que traverse le fabricant d’électroménager depuis le 16 octobre, où il s’est déclaré en "pré-dépôt de bilan".
"Nous n’allons pas pouvoir tenir longtemps avec nos usines à l’arrêt. Plus nous attendons et plus notre fonds de commerce se détériore", a lancé Sergio Treviño au quotidien El Diario Vasco. Le directeur général, en poste depuis le mois d’avril, a confirmé que le groupe, qui fait face à une dette de 859 millions d’euros (dont plus d'un tiers envers des banques), devait trouver d’urgence "170 millions d’euros pour poursuivre son activité" et éviter une possible faillite. "Fagor n’a pas un problème de viabilité. Il lui manque des ressources pour financer un plan de restructuration pour aller de l’avant", a-t-il insisté.
Risque d’un dépôt de bilan de FagorBrandt avant sa maison mère
Mais les négociations bloquent toujours au sein du conglomérat coopératif Mondragon, à qui appartient Fagor Electrodomesticos. Plusieurs coopératives sœurs refusent d’aider davantage le groupe qu’elles considèrent être "un puits sans fond". Les jours sont cependant comptés pour trouver une solution. "Nous sommes confrontés aux législations de la France et de la Pologne, où nous avons nos principales filiales industrielles. En France, FagorBrandt risque de devoir déposer le bilan d’ici à 10 jours si aucune solution n’est trouvée", a-t-il assuré, ce qui pourrait créer un effet boule de neige sur tout le groupe. Sergio Treviño s’est voulu cependant rassurant : "L’objectif de Fagor est bien de continuer à exister. Je n’ai aucun doute sur le fait que Mondragon souhaite aussi poursuivre. Ils ne veulent pas se désengager de Fagor. Ils cherchent à trouver la meilleure solution pour ne pas pénaliser les autres coopératives du groupe", a-t-il confié.
Délocalisation des lave-vaisselles, lave-linges et réfrigérateurs
Concernant le plan de restructuration, Sergio Treviño assure qu’il permettra au groupe de redevenir rentable d’ici à 2016. Elaboré cet été, il prévoit la fermeture de plusieurs usines et la délocalisation de certaines activités. "Nous avons un problème de rentabilité sur les lave-linge, les lave-vaisselles et les réfrigérateurs. Seules les activités qui sont rentables seront maintenues, comme les appareils de cuisson encastrables et des produits de niche, les autres seront délocalisées", a-t-il affirmé sur la chaîne ETB2.
Le directeur général n’a pas voulu évoquer les usines qui pourraient fermer en France, expliquant que la législation française l’obligeait à présenter d’abord les mesures aux représentants du personnel. Une chose est sûre, le plan était déjà en marche avant la procédure de "pré-dépôt de bilan" du 16 octobre. Le groupe avait annoncé en septembre la fermeture de l’usine marocaine de Mohammedia, qui fabrique des réfrigérateurs et des caves à vins. Mais il est aujourd’hui suspendu à la sortie de Fagor de sa procédure de "pré-dépôt de bilan" en Espagne.
L’achat de Brandt a été "une bonne opération"
Expliquant pourquoi le groupe se retrouvait dans cette situation, Sergio Treviño a reconnu que des "décisions importantes n’avaient pas été prises à temps". Il a voulu mettre un terme à la polémique née en Espagne sur l’intérêt de l’acquisition du français Brandt en 2005. "Le rachat du Brandt a été une bonne opération. Cela a permis au groupe d’être moins dépendant de l’Espagne. Sans Brandt, nous n’aurions pas pu traverser la grave crise que traverse notre pays depuis 2009, avec un marché de l’électroménager en chute libre", a-t-il insisté.
Le groupe Fagor est le cinquième fabricant européen de gros électroménager. Avec un chiffre d’affaires d’1,2 milliard d’euros en 2012 (contre 1,8 milliard d’euros en 2007), il possède 12 sites industriels, dont 5 en Espagne et 4 en France (Orléans, Saint-Ouen/Vendôme, La Roche-sur-Yon, Aizenay, plus un ancien, à Lyon, aujourd’hui en sous-traitance). FagorBrandt emploie près de 2 000 salariés en France.
Adrien Cahuzac
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