Face aux piètres performances d’Opel concernant le CO2, PSA demanderait un remboursement à General Motors
Opel aurait plus de difficultés à atteindre les futurs objectifs CO2 que ce que ne l’aurait laissé entendre General Motors lors de la vente du constructeur allemand à PSA. A tel point que, selon Reuters, le groupe français envisagerait d’engager une procédure pour obtenir une compensation auprès de GM.
La découverte de dernière minute ne passe manifestement pas chez PSA. Selon une information publiée par Reuters mercredi 29 novembre, le groupe français envisagerait de réclamer à General Motors le remboursement d'environ la moitié de la somme acquittée pour le rachat Opel (valorisée 1,3 milliard d'euros pour la partie auto), après avoir découvert l'ampleur réelle des dépassements d'émission de CO2 au sein du constructeur allemand, et son exposition aux amendes de l'Union européenne.
Selon deux sources proches du dossier interrogées par Reuters, le constructeur français aurait informé GM qu'il estimait que celui-ci lui devait plus de 500 millions d'euros, et qu'il avait l'intention d'engager une procédure au motif qu'il estime avoir été induit en erreur sur la trajectoire réelle des émissions de CO2 d'Opel. Pour PSA, le préjudice pourrait atteindre 600 à 800 millions d’euros, selon une des deux sources. Car les constructeurs qui dépassent les objectifs d’émissions de dioxyde de carbone fixés par la Commission européenne s’exposent à des pénalités dont les montants peuvent rapidement devenir prohibitifs. A chaque gramme excédentaire, les fabricants automobiles doivent s’acquitter d’une amende de 95 euros par véhicule. Un barème qui peut se chiffrer rapidement en centaines de millions d'euros, voire milliards par an à l'échelle d'un groupe automobile.
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"Aucun plan pour respecter les exigences européennes"
Or, selon PSA, General Motors aurait donné une image fausse du traitement des émissions de CO2 chez Opel au cours des négociations qui ont précédé l'accord. Carlos Tavares n’avait d’ailleurs pas caché un certain désarroi à l’issue de l’annonce du plan stratégique destiné à redresser la santé du groupe allemand malade. "Nous avons pris conscience que l'entreprise allait dans le mur sur le plan des émissions de CO2 pratiquement quelques semaines après que l'on ait finalisé le closing", avait expliqué le président du directoire le 9 novembre. "Quand nous avons acheté Opel à General Motors, on ne nous a pas montré la face cachée de la lune", avait-t-il ajouté auprès de la presse allemande, enfonçant le clou sur le fait qu’il n’y avait chez Opel "aucun plan pour respecter les exigences européennes en matière d'émissions de CO2".
Plus précisément, l’atteinte des objectifs reposait en particulier sur les ventes de l’Ampera-e, le véhicule électrique d’Opel, détaillent les deux sources contactées par Reuters. Le problème, c’est que cette voiture se vend à perte, à hauteur de 10 000 euros l’unité. Une "solution technique pas viable économiquement", a estimé une des sources. Depuis son arrivée chez PSA, Opel a de fait suspendu les ventes d'Ampera-e en Norvège, un marché qui représente la majorité de ses 1 500 livraisons enregistrées depuis le début de l'année, et a relevé jusqu'à 5 700 euros les tarifs européens de cette voiture.
Mais, ce faisant, Opel est parti pour exploser de plus de dix grammes l'objectif de CO2, soit bien davantage que le "léger dépassement" qui avait pu être évoqué lors des négociations avec GM, selon les sources chez PSA. Le groupe cherche donc désormais à déployer rapidement une gamme plus électrifiée, en proposant une version électrique de l'Opel Corsa et une version hybride rechargeable du Grandland X.
Julie Thoin-Bousquié avec Reuters
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