[Exclusif] Les fusions-acquisitions dans les semiconducteurs atteignent un record de 188 milliards de dollars en 2017
Selon le décompte de L’Usine Nouvelle, les fusions-acquisitions annoncées dans les semiconducteurs en 2017 atteignent un record de 188 milliards de dollars. L’heure est aux méga-transactions bouleversant le paysage du secteur.
La vague de consolidation sans précédent, qui secoue l’industrie des semiconducteurs depuis 2015, continue à s'accélérer. Selon le décompte de L’Usine Nouvelle, les entreprises du secteur ont annoncé 53 fusions-acquisitions en 2017 pour un montant record estimé à 188 milliards de dollars, contre 80 transactions et un montant de 148,2 milliards de dollars en 2016.
Un nouveau cap franchi
La transaction moyenne monte à 3,5 milliards de dollars, contre 2 milliards de dollars en 2016. Un résultat dû à la baisse du nombre de transactions et à l’escalade des montants des opérations à des niveaux sans précédent. L’OPA hostile de l’américain Broadcom, leader mondial des circuits de connectivité et réseau, sur son compatriote Qualcomm, numéro un mondial des puces mobiles, constitue l’évènement le plus marquant. A 130 milliards de dollars, elle constitue l’opération la plus coûteuse dans l’histoire de la high-tech. Rien ne dit qu’elle ira jusqu’au bout tant les obstacles à surmonter sont nombreux. Mais elle fait franchir le mouvement un nouveau cap jamais atteint jusqu'ici.
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Sans cette opération exceptionnelle, le montant des fusions-acquisitions en 2017 aurait été seulement de 58 milliards de dollars. C’est trois fois plus qu’en 2014 mais plus de deux fois moins qu’en 2015, année de la montée de la fièvre des rapprochements dans le secteur. Mais l’OPA de Broadcom sur Qualcomm, par son audace et son ampleur, crée une énorme onde de choc. Elle ouvre une ère de méga transactions où plus aucun acteur n’est à l’abri d’être avalé par un prétendant à l’appétit d’ogre.
Le Japon quitte le Top 10 mondial
L’année 2017 est marquée aussi par la vente - oh combien chaotique ! - des mémoires flash NAND de Toshiba au consortium Pangea menée par le fonds américain Bain Capital pour un montant de 18 milliards de dollars. Certes, le Japon, qui a dominé l’industrie des semiconducteurs jusqu’au milieu des années 1990, va conserver cette activité sur son territoire et éviter que la technologie des mémoires flash NAND, inventée par Toshiba en 1989, parte à l’étranger. Mais il va perdre son dernier représentant dans le Top 10 mondial des fournisseurs de puces électroniques. Dernier épilogue de la terrible débâcle du pays du Soleil Levant dans les puces.
Les entreprises américaines restent de loin les plus actives, avec 25 acquisitions en 2017 pour un montant cumulé de 173,1 milliards de dollars, soit 92% du total mondial. Elles sont suivies par les entreprises japonaises avec quatre rachats pour 4,1 milliards de dollars. Les acteurs européens ont conclu 9 transactions mais pour un montant maigre de moins de 500 millions de dollars.
Repli des opérations chinoises
Les investissements chinois, dont l’effervescence a marqué les années 2015 et 2016, sont en net repli. Ils sont tombés à seulement quatre transactions en 2017 pour un montant de 1,4 milliard de dollars, près du dixième de celui enregistré en 2016. Les investisseurs de l’Empire du milieu sont découragés par l’opposition à répétition de Washington, Taipei ou Berlin à leurs projets d’acquisition dans un secteur jugé stratégique par les Etats-Unis, Taiwan ou l'Allemagne. En témoigne le véto du président Donald Trump au rachat du fournisseur yankee de circuits logiques programmable Lattice par le fonds Canyon Bridge Capital pour 1,3 milliard de dollars. Une opération jugée à risque pour la sécurité nationale des Etats-Unis. Les acteurs chinois semblent changer de tactique. Finies les opérations spectaculaires. L’heure est plutôt à des opérations discrètes d’investissement, de joint-venture, de partenariat et surtout de consolidation des acteurs locaux.
La fièvre des fusions-acquisitions est-elle près de retomber ? Le nombre de transactions semble marquer un reflux. Mais la consolidation a toute les chances de continuer poussée par l’inflation des investissements de R&D et de production, la montée des obstacles à la poursuite de la loi de Moore et la révolution de l’Internet des objets.
Un an de consolidation
- 53 opérations de fusion-acquisition ou d’investissement (80 en 2016 et 65 en 2015)
- Montant total de 188 milliards de dollars (148,2 milliards de dollars en 2016 et 123,5 milliards de dollars en 2015)
- Moyenne par transaction : 3,55 milliards de dollars (1990 millions de dollars en 2016 et 1900 millions de dollars en 2015)
- 3 transactions de plus de 10 milliards de dollars (3 en 2016 et 5 en 2015)
- 6 transactions de plus de 1 milliards de dollars (19 en 2016 et 11 en 2015)
- L’opération la plus chère : 130 milliards de dollars (47 milliards de dollars en 2016 et 37 milliards en 2015)
- 25 transactions initiées par des Américains pour un montant total de 173,1 milliards de dollars (28 transactions et 81,3 milliards de dollars en 2016)
- 4 transactions initiées par des Japonais pour un montant total de 4,1 milliards de dollars (8 transactions et 35,8 milliard de dollars en 2016)
- 4 transactions initiées par des Chinois pour un montant total de 1,4 milliard de dollars (15 transactions et 12,3 milliards de dollars en 2016)
- 9 transactions initiées par des Européens pour un montant total de 490 millions de dollars (14 transactions et 9,6 milliards de dollars en 2016)
- 3 transactions initiées par des Taiwanais pour un montant total de 270 millions de dollars (8 transactions et 8,4 milliards de dollars en 2016)
Source: L'Usine Nouvelle
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