[Exclusif] Bébés nés sans bras : les 4 pistes les plus probables du professeur Michel Vekemans
Santé Publique France a démarré son enquête sur les 18 cas de bébés nés sans bras. L’organisme doit rendre ses premières conclusions le 31 janvier prochain. Toutefois, certains facteurs sont à examiner en priorité selon un expert en génétique médicale, le docteur Michel Vekemans.
Ils sont 18 bébés, dans un rayon de 25 kilomètres, à être nés sans bras entre 2000 et 2014. Pour essayer de comprendre la cause de ces agénésies, le nom scientifique de cette malformation, Santé Publique France mène actuellement ses investigations auprès des familles touchées dans l’Ain. Qualité de l’eau, qualité de l’air, pesticides, traitements médicamenteux, produits ménagers, aucune piste n’est écartée par l’agence nationale pour essayer de trouver réponse à la survenue de ces handicaps. Toutefois, selon les généticiens, il existe des facteurs à examiner en priorité.
"Il existe plusieurs types d’anomalies de développement du bras. Elles sont parfois longitudinales et ne concernent que le pouce ou le petit doigt. Ici, il s’agit d’anomalies transversales. Le bras s’arrête au niveau du coude ou du poignet", explique à L'Usine Nouvelle le Dr. Michel Vekemans, professeur de génétique médicale et chef du Pôle de biologie et produits de santé à l’hôpital Necker à Paris. D’après le spécialiste, les agénésies comme celles dans l’Ain ont souvent des causes vasculaires, c’est-à-dire en lien avec les vaisseaux sanguins.
VOS INDICES
source
212 -3.2
Décembre 2022
PVC
Base 100 en décembre 2014
96.8 -0.1
Novembre 2022
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 21.20 − Préparations pharmaceutiques
Base 100 en 2015
181.6 +1.91
Novembre 2022
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 20.1 − Produits chimiques de base, engrais, Produits azotés, plastiques, caoutchouc synthétique
Base 100 en 2015
Plusieurs facteurs médicaux
Le problème peut, selon lui, être issu de trois causes. "Dans le cas du Cytotec, un médicament à base de misoprostol, longtemps utilisé pour réaliser des interruptions de grossesse, des contractions violentes sont provoquées au niveau du fœtus. Cela cause la constriction de vaisseaux sanguins." Quand l’IVG n’aboutit pas, de telles malformations sont décrites chez le nouveau-né.
Deuxième piste évoquée par le Dr Vekemans, la consommation de drogue. "Des problèmes de vasoconstriction [ndlr : un phénomène qui conduit à la contraction des vaisseaux sanguins] apparaissent aussi dans le cas de consommation de cocaïne."
Enfin, le dernier facteur concerne la choriocentèse, un examen pratiqué lors de la grossesse. Il consiste à prélever des tissus afin de vérifier les chromosomes des enfants. "C’est un geste très délicat à réaliser. Quand cet examen est mal effectué ou trop précocement, cela peut conduire à des malformations."
Une piste environnementale
Si ces trois hypothèses de nature médicale sont à envisager, reste la question des pesticides. "La malformation peut aussi survenir à cause d’un agent tératogène, c’est-à-dire un agent chimique, physique ou biologique, qui n’entraîne pas de mutation dans l’ADN mais qui déclenche des malformations pendant la grossesse." Dans ce cas, le même genre de malformations pourrait survenir à la naissance d’animaux dans les fermes aux alentours.
En revanche, la piste de la consommation d’alcool, parfois évoquée, pourrait être totalement écartée. Le taux d’enfants souffrant du syndrome d’alcoolisation fœtale était au nombre de 452 enfants entre 2006 et 2013 selon Santé Publique France. Un chiffre bien trop élevé pour correspondre aux 18 anomalies repérées.
Dans tous les cas, l'enquête sera complexe à réaliser. "Les facteurs peuvent être génétiques, environnementaux, parfois les deux. Dans tous les cas, il va falloir bien observer les mécanismes de développement embryologiques. C'est un véritable casse-tête", résume le spécialiste. Santé Publique France doit, elle, rendre ses première conclusions fin janvier.
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