Eurosatory : Une arme anti-drone
Présente sur le salon Eurosatory, une start-up lilloise a mis au point un fusil capable de brouiller les communications entre un drone et son pilote.
Mis à jour
22 juin 2018
Il porte un nom de vaisseau spatial. Ce « fusil » anti-drone de 6 kilos, le Nerod F5 conçu par la société MC2-Technologies, peut saturer à distance les communications entre un drone et son pilote. A l’arrière du fusil se trouve le cerveau du système, avec le logiciel de pilotage, l’électronique et la batterie, tandis qu’à l’avant on trouve une antenne émettant un signal qui empêche instantanément le drone de communiquer avec le sol. Soit l’engin se pose quand son protocole de pilotage automatique le prévoit, soit il vole jusqu’à l’épuisement des batteries et tombe.
Le Nerod F5, qui a été présenté pour la première fois au dernier salon de l’armement Eurosatory, est conçu pour couvrir toutes les fréquences dans lesquelles évoluent habituellement ces drones. Mais sur ce sujet, secret défense : Nerod F5 a été développé en partie avec des financements de la Délégation générale à l’armement (DGA), qui impose un black-out sur les fréquences utilisées. De même, on en saura pas tellement plus sur la distance à laquelle Nerod F5 est capable de neutraliser un drone : sans doute quelques centaines de mètres puisque ce fusil est avant tout dédié aux petits drones tactiques.
Un enjeu important pour la sécurité
MC2-Technologies n’a d’ailleurs pas encore le droit de proposer son produit à l’exportation. La menace est réelle puisque les terroristes de Daech ont utilisé à maintes reprises en Syrie et en Irak des petits drones pouvant transporter quelques dizaines de kilos d’explosifs et ainsi perpétrer des attaques surprises. Une version moins aboutie et plus lourde (10 kg) avait été testée lors de la visite de Donald Trump en juillet 2017. « La nouvelles version offre plus de bandes de fréquence et est beaucoup plus simple d’utilisation », note Antoine Gryczka, responsable des ventes de MC2-Technologies. La société a été créée en 2004 par un tandem composé de Christophe Gaquière, un enseignant-chercheur spécialisé dans les hyper-fréquences de l'Institut d'Electronique de Microélectronique et de Nanotechnologie (IEMN-Lille-1) et de Nicolas Vellas, docteur en électronique. Elle n’en est pas à son coup d’essai puisqu’elle avait mis au point une caméra capable de détecter des armes portées par un humain en utilisant la technologie des hyper-fréquences. Son chiffre d’affaires devrait atteindre 8 millions d’euros cette année, contre 2 millions en 2016.